Dépistage de la syphilis : guide essentiel pour la détection précoce

Article rédigé par le 11 décembre 2023

La syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST) courante qui entraîne des problèmes de santé graves si elle n’est pas traitée à temps.

Elle se développe en plusieurs étapes (primaire, secondaire, latente et tertiaire), chacune présentant des signes et symptômes différents. La syphilis se transmet d’une personne à une autre par contact peau à peau ou par contact des muqueuses avec des lésions syphilitiques lors de rapports sexuels vaginaux, anaux ou buccaux.

Le dépistage de la syphilis est particulièrement important pour les personnes à risques. Il est obligatoire pour les femmes enceintes lors du premier examen prénatal.

L’examen le plus courant pour le dépistage de la syphilis est le test sérologique (TPHA et VDRL), mais on peut également procéder par une biopsie ou un examen du frottis au microscope.

Il convient de noter que si un diagnostic de syphilis est suspecté, un traitement doit être rapidement mis en place. Celui-ci repose généralement sur des injections intramusculaires pour combattre la bactérie responsable de l’infection.

Syphilis: court rappel

Qu’est-ce que la syphilis ?

La syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST) causée par la bactérie Treponema pallidum. Elle est très contagieuse et se transmet principalement lors des rapports sexuels non protégés.

Treponema pallidum est une bactérie en forme de spirale qui peut pénétrer dans l’organisme à travers des plaies ou des muqueuses. Elle se propage rapidement dans le corps et peut causer divers symptômes au fil du temps.

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Quels sont les symptômes de la syphilis ?

Les manifestations de la syphilis varient selon les phases de l’infection :

Juste après la transmission, la personne nouvellement infectée ne présente aucun signe ni symptôme de la syphilis. Cette période d’incubation « silencieuse » dure 3 semaines environ.

Syphilis primaire

  • Chancre : Le stade primaire est marqué par l’apparition d’un chancre indolore au niveau du point d’inoculation du tréponème accompagné de son adénopathie satellite. Le chancre est de petite taille, endurée et unique. Il siège particulièrement au niveau :
  • Du sillon du prépuce de la verge, chez l’homme
  • De la partie externe de la vulve ou du col utérin
  • Au niveau du canal anal ou du coin de la bouche pour les deux sexes
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  • Adénopathie : Couramment appelé « ganglion ». En cas de chancre génital, on retrouve souvent une adénopathie au niveau de la racine interne de la cuisse (pli inguinal). Dans certains cas, il n’est pas décelable, car elle est profondément située.

Syphilis secondaire

La phase secondaire est marquée par l’apparition de plusieurs signes cutanéo-muqueux et des signes généraux.

  • Singes cutanés : éruptions cutanées à type d’érythème ou de papules rouges multiples, non prurigineux.
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  • Signes généraux : Fièvre, maux de tête, polyarthralgies et altération de l’état général.

Syphilis latente

Période silencieuse, sans symptômes après la phase secondaire.

Syphilis tertiaire

Cette dernière phase peut entraîner des complications graves comme des troubles neurologiques, cardiovasculaires et oculaires.

Remarque :

La syphilis est surtout contagieuse lors du stade primaire de chancre et le stade secondaire.

Il est important de dépister et de traiter la syphilis pour éviter ses complications et limiter sa propagation.

Qui devrait faire un dépistage de la syphilis ? (et pourquoi ?)

Les personnes qui doivent faire un dépistage de la syphilis sont : les personnes à risques et les terrains particuliers.

Les personnes à risque

Les personnes à risque de contracter la syphilis devraient se faire dépister pour plusieurs raisons. La syphilis est très contagieuse, et le dépistage permet d’éviter la survenue de nouveaux cas chez les partenaires sexuels.

Les facteurs de risques de la syphilis :

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  • Les relations sexuellesnon protégées
  • Les nombreux partenaires sexuels
  • Les personnes ayant été exposées à d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) comme le VIH
  • L’homosexualité masculine
  • La prostitution
  • L’injection de drogue
  • Les migrants, car ils peuvent avoir été exposés à la syphilis dans leur pays d’origine ou lors de leur parcours migratoire

Les terrains particuliers

À part les personnes à risque, la grossesse et le VIH sont également des facteurs importants qui justifient un dépistage régulier de la syphilis.

La grossesse

Les femmes enceintes devraient également se faire dépister pour la syphilis. En effet, la syphilis congénitale touche les enfants dont la mère est atteinte de syphilis durant la grossesse.

La transmission du tréponème de la mère à l’enfant est possible à partir du 4-5e mois de grossesse, par passage à travers la barrière placentaire de la bactérie.

  • Cela justifie le dépistage systématique et le traitement de la syphilis active chez les femmes enceintes lors du premier examen prénatal (avant 3e mois de grossesse).
  • De plus, le risque de contamination du nouveau-né par l’intermédiaire d’un chancre génital de la mère est tout à fait possible en cas d’accouchement par voie basse.
  • Les femmes à risque de syphilis (relations sexuelles non protégées, partenaires multiples) devraient être dépistées à plusieurs reprises durant leur grossesse.

Le dépistage de la syphilis chez les femmes enceintes permet de prévenir les complications pour elles et leur enfant, comme les fausses couches, les morts nés ou les problèmes de développement.

Le VIH

Les personnes évaluées ou traitées pour une syphilis devraient également faire l’objet d’un dépistage du VIH, car la syphilis augmente le risque d’acquisition et de transmission du VIH.

Les tests de dépistage pour le VIH, la chlamydiose et la gonorrhée sont souvent proposés en parallèle lors des consultations de dépistage des IST.

Comment le dépistage est-il réalisé ?( Les différentes méthodes)

Pour réaliser un dépistage de la syphilis, vous pouvez vous rendre dans un centre de dépistage gratuit (CEGIDD) ou consulter un médecin qui vous prescrira une ordonnance pour effectuer les tests en laboratoire.

Il existe différents tests utilisés pour détecter la présence de l’agent infectieux :

Test sérologique

Le test sérologique par prise de sang reste la technique la plus courante et la plus utilisée pour confirmer le diagnostic de la syphilis.

En plus d’être peu couteux, l’examen sérologique est également très fiable. Pour ce faire, deux techniques sont utilisées :

Le test VDRL et le TPHA

Il s’agit d’un test non tréponémique, c’est-à-dire qu’il ne détecte pas directement le Treponema pallidum, mais les anticorps non spécifiques produits par le système immunitaire en réponse à l’infection.

Ce test se positive entre 10 à 15 jours du stade primaire.

Le test TPHA (Treponema Pallidum Haemagglutination Assay)

Le TPHA est un test tréponémique qui détecte la présence d’anticorps spécifiques dirigés contre le Treponema pallidum.

Il se positive entre 8-10 jours du chancre d’inoculation.

L’examen au microscope

L’examen au microscope s’utilise pour visualiser directement la bactérie treponema pallidum, responsable de la syphilis.

On prélève un échantillon en raclant le fond d’un chancre d’inoculation, c’est ce frottis qui va être observé au microscope.

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Biopsie cutanée

La biopsie peut également être utile pour établir le diagnostic de la syphilis. Même si cette technique n’est pas couramment utilisée actuellement.

Les bénéfices et risques liés au dépistage

Bénéfices du dépistage

  • Détection précoce : Le dépistage de la syphilis permet de détecter précocement l’infection, ce qui facilite le traitement et évite les complications.
  • Traitement : Un traitement précoce permet d’éviter les complications liées à la syphilis, telles que les lésions cutanées, les problèmes neurologiques et les problèmes cardiaques.
  • Prévention : Le dépistage de la syphilis contribue à réduire sa propagation, en identifiant les patients atteints et en les traitant avant qu’ils ne transmettent l’infection à d’autres personnes.

Risques du dépistage

  • Faux positifs : Comme pour tout test de dépistage, il existe un risque de faux positifs. C’est-à-dire que le test indique qu’une personne est infectée alors qu’elle ne l’est pas. Cela peut entraîner un stress et un traitement inutile.
  • Faux négatifs : Inversement, il existe également un risque de faux négatifs, où le test ne détecte pas la syphilis chez une personne infectée. Cela peut retarder le traitement et augmenter les risques de complications.
  • Stigmatisation : Certaines personnes peuvent être réticentes à se faire dépister en raison de la stigmatisation associée aux infections sexuellement transmissibles.

Les risques d’avoir un faux résultat lors du test de dépistage de la syphilis restent minimes. Et cela ne doit pas être un empêchement pour se faire dépister.

Pour réduire ces risques liés aux dépistages, mieux vaut se faire consulter d’abord et laisser un professionnel de santé vous prendre en charge.

Que faire en cas de dépistage positif ?

Si le test se révèle être positif, il est essentiel de procéder à un diagnostic approfondi pour confirmer ou infirmer la présence de la maladie. Pour cela, des examens complémentaires peuvent être réalisés, tels que d’autres tests sanguins ou des prélèvements de tissus au niveau du chancre.

  • Diagnostic

Le diagnostic de la syphilis se base généralement sur les antécédents médicaux, l’examen physique et les résultats des tests de laboratoire.

  • Signes et symptômes :

Les symptômes varient selon les stades de la syphilis, allant du chancre indolore au stade primaire à des éruptions cutanées et des douleurs articulaires au stade secondaire, puis des complications sévères au stade tertiaire.

  • Traitement :

En cas de résultat positif, un traitement antibiotique est généralement prescrit. Cette prise en charge permet d’éliminer la bactérie et de prévenir la transmission à d’autres personnes.

Antibiotique (source)

Il est important de suivre correctement le traitement prescrit par votre médecin, car un traitement inadéquat peut entraîner des complications à long terme.

Le suivi médical régulier est également essentiel pour s’assurer que le traitement est efficace et pour éviter les récidives ou les complications.

  • Suivi : 

Au cours du traitement et après la fin de celui-ci, des tests sanguins de suivi doivent être effectués pour vérifier l’efficacité du traitement et détecter tout signe de ré-infection.

  • Prévention :

Enfin, il est recommandé d’informer votre partenaire sexuel de la situation, car il ou elle peut également être infectée (e) sans présenter de symptômes. Un dépistage et un traitement appropriés sont essentiels pour prévenir la propagation de la syphilis.

Pour limiter les risques de transmission, il est conseillé de s’abstenir de toutes relations sexuelles (buccaux, anaux ou vaginaux) durant le traitement, même avec l’utilisation de condom.

Ressources complémentaires (en France)

Les CeGIDD (centres de dépistage anonymes et gratuits) et les CIDDIST (centres d’information, de dépistage, de diagnostic des IST) sont des ressources clés pour le dépistage de la syphilis en France. Ils proposent des tests gratuits pour le VIH, les hépatites et d’autres IST, dont la syphilis.

En fonction des risques encourus, le dépistage peut être :

  • Ponctuel, en cas de prise de risque unique
  • Régulier, au minimum une fois par an, en cas de prise de risque récurrente

Parmi les ressources complémentaires, on trouve également :

  • La Haute Autorité de Santé (HAS) : pour des informations sur les recommandations officielles en matière de dépistage
  • Santé publique France : pour des informations sur l’évolution des cas de syphilis en France et les dernières statistiques

Conclusion

Le dépistage de la syphilis est particulièrement important pour les personnes ayant des rapports sexuels non protégés et pour les femmes enceintes. Un dépistage précoce permet de traiter rapidement la maladie et éviter les complications potentiellement graves.

Parmi les examens disponibles pour détecter la syphilis, on trouve :

  • La sérologie syphilitique (VDRL et TPHZ)
  • La biopsie cutanée
  • L’examen au microscope

Il est également recommandé de réaliser des tests sérologiques pour les autres infections sexuellement transmissibles (IST) et de dépister les partenaires.

La syphilis est une infection sexuellement transmissible qui peut très bien être traitée par la prise d’antibiotiques. En cas de positivité du dépistage, il faut bien suivre le traitement, faire un suivi et prévenir les réinfections en se protégeant lors des rapports sexuels.

Références

Dépistage du VIH/SIDA : Le pouvoir de la prévention
Dépistage de la Chlamydia : L’importance des tests réguliers
Dépistage de la gonorrhée : Guide pour prévenir et traiter

https://fr.wikipedia.org/wiki/Treponema_pallidum

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/maladies-infectieuses/infections-sexuellement-transmissibles/syphilis

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