La douleur faciale n’est pas un symptôme anodin car elle touche une partie assez sensible et précieuse de notre corps. Elle peut donc provenir de plusieurs organes tels que les dents, les mâchoires, les nerfs, les muscles, les sinus, et même la thyroïde. Il peut aussi s’agir d’infection, de problème neurologique ou de blessure. Il est donc important de connaître quelques causes de douleur faciale afin d’identifier la démarche de prise en charge adéquate selon le cas.
Si vous souffrez de ce type de douleur ou connaissez un proche qui en souffre, cet article vulgarisé essayera d’apporter des informations pour vous aider à adopter la bonne conduite à tenir.
Définition
Une douleur faciale est une douleur de la tête située au-dessous de la ligne orbito-méatale, en avant du pavillon de l’oreille et au-dessus du cou. La ligne orbito-méatale est la ligne horizontale qui passe par le milieu des oreilles et l’angle externe des paupières. Les maux de tête (appelés céphalées dans le langage médical) ne sont donc pas pris en compte dans la définition. Cependant certaines douleurs faciales peuvent être associées à des céphalées.
Il existe des douleurs (algies) faciales primaires. Elles sont provoquées par des maladies neurologiques liées à la mise en jeu spontanée du système nociceptif crânien en l’absence d’autre cause. Ce système se définit comme l’ensemble des phénomènes permettant l’intégration de la douleur au niveau du cerveau à travers l’activation des récepteurs de la douleur (nocicepteurs) cutanés, musculaires et articulaires.
La deuxième catégorie de douleurs faciales est celles secondaires à des causes très diverses, générales, neurologiques ou locales (dents, sinus, yeux…). Leur prise en charge passera donc par le traitement de la cause contrairement aux douleurs primaires qui peuvent persister des années.
La douleur faciale sur le plan clinique, peut se manifester chez le patient de différentes manières. Elle peut être sourde ou intense, brève ou chronique, unilatérale ou non. Quelles sont alors les causes les plus répandues et comment les reconnaitre ?
7 causes possibles de douleur faciale
1- Algie vasculaire de la face (AVF)
Il s’agit d’une pathologie primaire. Elle est retrouvée chez 1 personne sur 1000 et prédomine chez l’homme jeune (âge moyen de début 30 ans). Il existe un lien avec le tabagisme dans 80%.
Les mécanismes de cette douleur faciale primaire ne sont pas encore élucidés. La douleur et les signes végétatifs de l’algie vasculaire de la face sont dus à l’activation du système trigémino-vasculaire cérébral (ensemble formé par le ganglion du nerf trijumeau, certains noyaux cérébraux et des vaisseaux des méninges).
Elle se manifeste par des crises de douleurs faciales exclusivement unilatérales centrées autour de la zone orbito-temporale. La douleur peut être associée à des signes dits végétatifs homolatéraux :
- œil rouge et/ou larmoyant
- œdème et/ou chute de la paupière
- narine bouchée avec écoulement nasal
- sudation du visage ou du front
Malgré que l’algie vasculaire de la face ait des points communs avec la migraine, les deux douleurs sont bien différentes de part l’intensité et l’unilatéralité des crises. Contrairement à la migraine, l’algie vasculaire de la face provoque une douleur souvent comparée à une “fracture” ou “une amputation sans anesthésie” et s’accompagne d’un état d’agitation quasi-systématique.
Les crises douloureuses d’algie vasculaire de la face évoluent par salves instantanées et à des heures régulières. La durée des crises peut varier de 15 minutes à 3 heures, avec une fréquence de 1 à 8 crises par jour.
Il existe 2 formes d’algie vasculaire de la face:
- La forme épisodique est la plus fréquente. Elle se manifeste par des crises périodiques de une à plusieurs semaines, avec des périodes de rémission à durée variable.
- La forme chronique est plus rare et touche 10% des patients. Dans ce cas, elle se définit par une récurrence des crises sans période de rémission (ou avec des périodes de rémission inférieures à 1 mois).
Le diagnostic de l’algie vasculaire de la face est établi sur la description des crises et leurs évolutions dans le temps. Le diagnostic est souvent long à être posé car les symptômes peuvent être confondus à une douleur de dent, une douleur à l’oreille, etc.
2- La névralgie du trijumeau
C’est une neuropathie (affection des nerfs) crânienne douloureuse qui provoque des douleurs strictement localisées au territoire sensitif du nerf trijumeau ou les muqueuses.
La douleur faciale de la névralgie du trijumeau est intense, fulgurante à type d’éclair ou de décharge électrique. La durée est très brève (quelques secondes). Elle se répète souvent en salves (maximum 2 minutes), suivies d’une période réfractaire et entrecoupées de périodes libres. Le patient s’immobilise brièvement dans une attitude douloureuse. Il s’agit d’une douleur de localisation unilatérale et strictement localisée au territoire du trijumeau :
- à une branche (nerf maxillaire supérieur V2 dans 40 % des cas; nerf mandibulaire V3 dans 20 % ; nerf ophtalmique V1 dans 10 %)
- ou à deux branches à la fois
Les douleurs sont déclenchées par l’excitation d’une zone cutanée précise du territoire douloureux appelée « la zone gâchette ». L’examen clinique reste normal dans la névralgie classique et idiopathique. En cas de névralgie secondaire, on peut observer une hypoesthésie avec atteinte motrice de la branche V3.
Pour en savoir plus sur la névralgie du trijumeau, consultez l’article suivant.
3- L’abcès dentaire
L’abcès dentaire est une complication infectieuse survenant lors d’une carie avancée, d’une maladie des gencives ou d’une fissure dans la dent. Il se manifeste par une douleur lancinante et constante de la partie inférieure de la face, un mauvais goût en bouche, un œdème facial, des gencives rouges et de la fièvre.
4- L’alvéolite sèche
Une alvéolite sèche est une affection entraînant une douleur de la face. Elle survient lorsque le caillot sanguin ne se forme pas correctement après le retrait d’une dent. Le patient se plaindra des mêmes symptômes que ceux dans l’abcès dentaire : une douleur vive, un œdème, un mauvais goût en bouche et de la fièvre.
5- Les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM)
Les articulations temporo-mandibulaires contrôlent l’ouverture et la fermeture de la bouche. Un dysfonctionnement au niveau de cette articulation s’accompagne de douleur faciale.
6- Les infections des sinus
Les infections des sinus communément appelées sinusites provoquent des douleurs faciales généralisées. Les douleurs peuvent être ressenties dans la mâchoire supérieure, les dents, les oreilles. Elles peuvent aussi causer un gonflement du visage, une pression autour des yeux et des joues, une mauvaise haleine et de la fièvre. Elles peuvent être d’origine virale ou bactérienne.
7- Le zona ophtalmique
C’est la réactivation du virus de la varicelle resté latent dans le ganglion nerveux du nerf ophtalmique. Le zona ophtalmique se manifeste au début cliniquement par un malaise général, une photophobie (gêne à la lumière), des douleurs cutanées d’intensité variable de la face à type de sensations de brûlures, de picotements, de paresthésies, d’hyperesthésies dans le territoire où va apparaître l’éruption, c’est-à-dire le dermatome du nerf ophtalmique (zone cutanée de la face innervée par ce nerf).
Ces symptômes durent environ 3 jours avant que n’apparaisse l’éruption cutanée typique du zona (cloques). Les lésions sont unilatérales et respectent la ligne médiane. Le zona peut rendre les paupières tombantes, provoquer la raideur des muscles faciaux, une perte d’audition, ainsi que des troubles de la vision et du goût.
Que faire devant une douleur faciale ?
Les causes de douleur faciale sont nombreuses et très variées. Face à ces douleurs, la meilleure attitude est de consulter un spécialiste. Ce dernier saura poser un diagnostic précis et initier le traitement adéquat.
Que faire devant l’algie vasculaire de la face (AVF) ?
En ce qui concerne l’AVF, à ce jour, il n’existe pas de traitement curatif. Néanmoins, elle peut être prise en charge sur le plan symptomatique. Nous avons alors : le traitement de la crise et le traitement de fond.
Le traitement de la crise repose sur 2 traitements principaux pour apporter un soulagement rapide et complet.
- Le traitement par oxygénothérapie qui est le traitement de première intention
- Et le traitement à base de sumatriptan par voie sous cutanée. C’est une molécule qui s’administre avec un stylo auto-injecteur en cas de crises quotidiennes fréquentes.
Le traitement de fond quant à lui est un traitement quotidien qui vise à diminuer la répétition des crises. Différents médicaments peuvent alors être prescrits en fonction de la sévérité de la maladie comme le vérapamil ou le carbonate de lithium. En cas d’échec de ces molécules, des antiépileptiques tels que le valproate de sodium ou le topiramate peuvent être utilisés dans les formes chroniques.
En cas d’AVF réfractaire, résistante aux médicaments, des traitements chirurgicaux peuvent être proposés selon le cas. Le traitement chirurgical consiste en un traitement d’une éventuelle lésion ou en une stimulation cérébrale profonde des nerfs ou de ganglions spécifiques.
En complément des thérapies médicales, des patients peuvent avoir recours à des méthodes alternatives à base de plantes naturelles, la sophrologie, l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, etc.
Que faire devant la névralgie du trijumeau ?
La prise en charge de la névralgie du trijumeau passe par le traitement médicamenteux qui repose sur :
- la carbamazépine (400 à 1600 mg/j). La posologie doit être augmentée progressivement, avec 2 ou 3 prises par jour, 30 minutes avant les repas pour essayer de permettre un repas sans salves douloureuses. En cas d’intolérance, l’oxcarbamazépine peut être utilisée.
- Le baclofène peut être utilisé, seul ou en association à la carbamazépine. D’autres médicaments sont parfois utilisés (lamotrigine, gabapentine).
Les traitements chirurgicaux sont proposés en cas d’échec des traitements médicamenteux.
- Destruction de la voie trigéminée par diverses techniques : radiochirurgie, thermocoagulation ou compression par ballonnet du ganglion.
- On peut aussi faire une chirurgie de décompression d’un conflit vasculo-nerveux s’il en existe.
Que faire devant les infections des sinus ?
En général les sinusites virales guérissent seules en une durée de quelques jours mais certaines mesures peuvent être utilisées pour soulager les symptômes :
- Se déboucher le nez régulièrement, au sérum physiologique ou avec un spray d’eau de mer. Cela diminue la congestion du système respiratoire.
- Prendre du paracétamol pour soulager les douleurs et diminuer la fièvre.
- Utiliser des médicaments vasoconstricteurs en spray pour calmer l’inflammation de la sinusite.
Si la sinusite est d’origine bactérienne, le médecin sera amené à prescrire des antibiotiques.
Que faire devant le zona ophtalmique ?
Le zona est traité par des médicaments antiviraux (aciclovir, valaciclovir ou famciclovir). Pour être efficace, ce traitement doit être commencé dans les 3 jours qui suivent l’éruption du zona ophtalmique. Contre la douleur, des antalgiques adaptés seront prescrits. L’ophtalmologue prescrira un collyre ou une pommade ophtalmique en fonction de l’état de l’œil touché.
Autres
Les autres causes de douleur faciale d’origine stomatologique et maxillo faciale comme l’abcès dentaire, l’alvéolite sèche et les troubles de l’ATM doivent nécessiter une consultation immédiate chez un dentiste ou un chirurgien maxillo-facial.