L’entéroscanner est une procédure d’imagerie médicale visant à examiner l’intestin grêle dans son intégralité afin de localiser d’éventuelles anomalies de structure ou des lésions au niveau de ses segments.
Cet examen constitue un outil crucial dans le diagnostic des affections de l’intestin grêle mais aussi dans la surveillance de l’évolutions des pathologies déjà présentes.
Dans cet article, nous examinerons en détail le principe de l’entéroscanner, les cas dans lesquels il est indiqué, le déroulement de l’examen, ainsi que ses avantages et ses limites.
Entéroscanner : 5 points à retenir
Rappel anatomique de l’intestin grêle
L’intestin grêle est un organe tubulaire creux qui est connecté à l’estomac à une extrémité et au gros intestin à l’autre.
Il représente environ les trois quarts du tube digestif et se compose de trois parties distinctes : le duodénum, le jéjunum et l’iléon.
Il mesure environ 4 à 6 mètres de long avec un diamètre moyen de 2.5 centimètres. L’intestin grêles est replié sur lui-même est présente des anses recouvertes par le mésentère.
Il joue un rôle crucial dans la digestion des aliments, étant le site principal d’absorption des nutriments.
Entéroscanner : définition et principe
Le scanner, également appelé tomodensitométrie (TDM) ou CT-scan, est une technique d’imagerie médicale permettant d’obtenir des images en coupe transversale du corps en utilisant des rayons X qui effectuent une rotation hélicoïdale autour du patient.
L’entéroscanner, ou entéro-TDM, est une méthode d’exploration de l’intestin grêle combinant deux techniques : l’entéroclyse et le scanner proprement dit.
L’entéroclyse est une technique de radiologie digestive permettant d’opacifier de manière élective l’intestin grêle à l’aide d’une sonde naso-jéjunale.
Une quantité spécifique de liquide (1 à 2 litres) sera injectée par la sonde pour distendre l’intestin grêle, ou elle pourra être ingérée par voie orale.
En parallèle, un produit de contraste iodé sera perfusé pour opacifier l’intestin grêle avant de procéder au scanner.
L’entéroscanner apporte une vue générale et détaillée de la totalité des segments de l’intestin grêle.
Il renseigne aussi sur la situation dans la région péri-intestinale ou péri-digestive en s’affranchissant des superpositions intestinales souvent rencontrer dans d’autres examens d’imagerie.
Entéroscanner : quelles sont les indications ?
Il existe plusieurs indications qui imposent un entéroscanner. Citons :
Une suspicion de tumeurs du grêle
Les tumeurs du grêle doit se rechercher à l’entéroscanner devant :
- Une hémorragie digestive sans cause identifiée
- Une anémie chronique non justifiée par les explorations fonctionnelles (endoscopie digestive)
- Des signes digestifs récurrents comme des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, une constipation ou diarrhée, la présence de sang dans les selles ou des selles noires
- Une perte de poids inexpliquée
Selon une étude menée par Ihsane Mellouki et al, l’entéroscanner présente une sensibilité de l’ordre de 95% et une spécificité de 96% pour le diagnostic des tumeurs du grêle.
Une occlusion intestinale
Un entéroscanner est indiqué en cas d’occlusion intestinale dite incomplète ou de bas grade, où une partie des matières fécales ou des gaz peut encore franchir la zone d’obstruction.
La cause de l’obstacles est le plus souvent une bride ou des adhérences mais il peut aussi s’agir d’une cause tumorale, inflammatoire ou infectieuse.
Une suspicion de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou MICI
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin comprennent la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn.
L’entéroscanner permet de dépister de façon précoce les MICI par la détection de fistules entérales ou des sténoses (rétrécissement de la lumière digestif) comme dans la maladie de Crohn.
Cet examen aide également à établir un bilan topographique des lésions inflammatoires sur les tissus intestinaux.
Ce dernier permet aussi de cerner à temps les principales complications de la maladie (fistules ou abcès) afin de mettre en place le traitement adéquat.
La maladie cœliaque
La maladie cœliaque ou intolérance au gluten est une maladie intestinale chronique auto-immune liée à l’ingestion de gluten contenu dans certains produits céréaliers.
Elle se traduit classiquement par une lésion atrophique (diminution du volume) typique de la muqueuse du grêle responsable de l’absorption des nutriments.
L’entéroscanner permet alors de détecter les complications liées à la maladie cœliaque tel que les signes de malabsorption, l’invagination intestinale mais surtout la transformation en cancer de l’intestin.
Contre-indications : ce qu’il faut savoir
L’entéroscanner peut être contre-indiqué s’il existe des risques liés à l’injection de produit de contraste iodé chez des patients prédisposés comme :
- Une réaction allergie, en particulier à certains médicaments
- Un œdème de Quincke
- Une urticaire
- Un eczéma
- Un asthme
- Une altération de la fonction rénale qui se reflète par un dosage de la créatininémie avant l’examen. Cette dernière constitue une contre-indication absolue à l’utilisation de produits de contraste.
Toutes fois, si l’entéroscanner s’avère vraiment nécessaire, des mesures préventives peuvent être prises pour permettre la réalisation de l’examen comme la prescription d’un traitement prévenant une éventuelle réaction allergique (antihistaminiques) 3 jours avant l’intervention.
Si vous êtes enceinte ou pensez l’être, ou si vous allaitez, n’oubliez surtout pas de le mentionner à votre médecin, à la secrétaire lors de votre prise de rendez-vous ainsi qu’au personnel qui vous prendra en charge le jour de l’examen.
En effet, le scanner n’est pas indiqué en cas de grossesse (sauf avis contraire de votre médecin dans des cas exceptionnels) à cause de l’irradiation.
D’une manière générale, n’hésitez pas à fournir tous les renseignements que vous estimez importants et à informer votre interlocuteur de toute maladie sérieuse.
Comment se préparer à un entéroscanner ?
Lors de la prise de rendez-vous, la secrétaire médicale du centre d’imagerie vous donnera tous les conseils nécessaires.
Néanmoins, nous avons établi pour vous ces quelques recommandations afin de mieux vous préparer à l’examen.
Avant l’examen
- L’entéroscanner exige un jeûne strict, sans boire, manger ni fumer, pendant au moins six heures avant l’examen.
- Évitez de mâcher de la gomme ou de consommer des aliments susceptibles de provoquer des flatulences (choux, artichauts, lait et produits laitiers, boissons gazeuses, etc.), car la présence d’air dans l’intestin grêle peut perturber la progression du liquide de contraste.
- L’idée d’entrer dans une imposante machine à scanner peut susciter une certaine appréhension et une certaine anxiété surtout pour les personnes claustrophobes.
Bon à savoir !
Pour favoriser la détente pendant l’examen, vous pouvez mettre en pratique quelques techniques de relaxation.
La régulation de la respiration est une méthode efficace, consistant à effectuer des respirations profondes en inspirant pendant environ 3 secondes, puis en expirant profondément. Cette approche permet de calmer le système nerveux et de réduire le stress.
- Tous les bijoux tels que les colliers, les boucles d’oreilles, les montres, les bagues, les piercings, les lunettes et tous autres objets métalliques qui pourraient interférer avec les rayons, doivent être retirés avant l’examen.
Que dois-je ramener ?
Avant de vous rendre au centre d’imagerie médicale, il est important d’apporter quelques documents afin que l’examen se déroule sans difficulté.
- Votre ordonnance originale ou lettre de recommandation de votre médecin
- La liste écrite des médicaments que vous prenez habituellement
- Les résultats récents de vos analyses sanguines et autres bilans
- Les examens radiologiques antérieurs et les comptes-rendus d’opération ou d’hospitalisation en votre possession
- Votre carte VITALE de sécurité sociale et son attestation afin de bénéficier des remboursements et permettre le suivi
- Votre carte de mutuelle ou autre assurance privée
Comment se déroule un entéroscanner ?
Lors de votre arrivée au service de radiologie, un technicien ou un médecin vous accueillera et procédera à un interrogatoire sur votre état de santé.
Cette étape vise à identifier d’éventuelles prédispositions, allergies, grossesse, allaitement, maladies chroniques ou toute autre information pertinente qui pourrait constituer une contre-indication à l’examen ou à l’utilisation de produits de contraste iodé.
Cette démarche garantit une prise en charge adaptée et sécurisée en fonction de votre situation médicale.
En cabine
- Le technicien vous guidera ensuite vers la cabine où vous serez amené à vous déshabiller pour revêtir la blouse d’hôpital et ôter vos bijoux.
- L’entéroscanner nécessite une distension adéquate des anses grêles :
- Une sonde naso-jéjunale est placée après l’estomac pour administrer l’agent opacifiant, sous anesthésie locale. Cette technique assure une distension optimale et une opacification des anses grêles, malgré le risque de nausées ou de vomissements.
- En ingérant un mélange d’eau et de contraste oral une heure avant l’examen, cette méthode, bien que moins précise pour le contrôle de la distension, est mieux tolérée que l’utilisation d’une sonde jéjunale. En cas de distension intestinale suboptimale, l’examen est qualifié de « débrouillage ».
En salle d’examen
Vous serez allongé sur la table du scanner et une voie veineuse sera établie, généralement au niveau du bras, pour faciliter l’injection du produit de contraste iodé pendant l’examen.
Parfois, un médicament ralentissant les mouvements intestinaux peut être injecté simultanément avec le produit opacifiant.
Lors de l’administration du produit, quelques réactions transitoires peuvent survenir :
- Une bouffée de chaleur soudaine ou la perception d’un goût bizarre dans la bouche, disparaissant rapidement (moins d’une minute)
- Des nausées passagères voire, plus rarement, des vomissements
- Une fuite du produit sous la peau, au niveau de la voie veineuse, sous l’effet de la pression liée à l’injection
Pendant l’examen, vous serez allongé sur la table du scanner, en position dorsale, avec les bras croisés au-dessus de la tête ou le long du corps. L’immobilité est essentielle pour garantir des images nettes et précises.
La table va ensuite se déplacer horizontalement pour placer la région abdomino-pelvienne à l’intérieur de la machine, un grand anneau ouvert aux deux extrémités. Il est normal que la table bouge pendant l’examen, alors ne vous inquiétez pas.
Le technicien vous donnera les dernières recommandations et répondra à vos éventuelles questions pour ensuite passer dans la pièce. On procèdera alors à un scanner avec injection de produit de contraste.
Grâce à un interphone placé, l’opérateur pourra alors communiquer avec vous à tout moment. Il est important de ne pas bouger et de suivre attentivement les instructions concernant la respiration.
L’entéroscanner dure environ 15 minutes et c’est un examen non douloureux.
Après la fin de l’examen, le technicien retirera la voie veineuse. Pour éviter la formation d’un hématome, vous pouvez comprimer la veine à l’endroit où l’aiguille a été introduite pendant quelques instants. Ensuite, vous pouvez vous rhabiller.
Après l’examen
- Vous pourrez manger normalement.
- Veillez à boire suffisamment d’eau (au moins 1.5 litres) afin d’éliminer rapidement le produit de contraste et préserver votre fonction rénale.
- Vous pourrez reprendre votre activité quotidienne.
Quelles sont les risques liés à l’entéroscanner ?
Tout examen sur le corps humain, même conduit dans des conditions optimales, comporte un risque.
Néanmoins, dans le cadre d’un entéroscanner, ceux-ci restent exceptionnelles :
- Choc anaphylactique dû au produit de contraste iodé injecté
- Fausses routes (passage de liquide dans les voies aériennes supérieures) ce qui provoquent l’apparition de symptômes respiratoires comme une dyspnée, une toux, etc.
- Diarrhée aigue passagère en fin d’examen
Entéroscanner : résultats et compte-rendu
Un premier commentaire vous sera donné juste après l’examen. Cependant, cela ne constitue qu’une première approche, car les images doivent ensuite être analysées minutieusement par le médecin radiologue pour poser un diagnostic précis
Le compte-rendu écrit sera ensuite transmis ultérieurement à votre médecin traitant par courrier accompagné des clichés imprimés, et souvent avec un CD-ROM d’images.
Ce sera donc votre médecin qui vous communiquera officiellement les résultats de votre examen.
Quels sont les limites de l’entéroscanner ?
Néanmoins, cet examen possède aussi ses limites qui incitent le médecin à avoir recours à d’autres techniques d’imageries médicales tels que l’entéro-IRM surtout dans le suivi des MICI.
Ces derniers offrent plus de précision sur la localisation des tumeurs et plus de netteté quant à la qualité de l’image.
- L’entéroscanner émet une dose relativement élevée de radiations. Il est important de noter qu’au-delà d’un certain seuil, les rayonnements peuvent altérer le fonctionnement des tissus et des organes.
- L’existence des risques liés à l’injection de produit de contraste constitue une limite à la performance de l’entéroscanner.
- La pose de la sonde ou cathéter d’entéroclyse est assez désagréable et crée un certain inconfort pour le patient.
- L’entéroscanner peut donner un faux positif qui est dû à des gros plis intestinaux (pseudo-tumeur) ou des invaginations fonctionnelles.
- Cet examen n’offre pas la possibilité de visualiser la lumière intestinale ce qui peut erroné le diagnostic. Idéalement, l’entéroscanner devrait être complété par une endoscopie digestive pour pourvoir examiner la muqueuse digestive avec plus de précision.
Où réaliser un entéroscanner près de chez moi ?
Pour trouver un centre où réaliser un entéroscanner près de chez vous, la première étape consiste à contacter le centre d’imagerie médicale le plus proche.
Cet examen est généralement proposé dans de nombreux hôpitaux et cliniques de santé.
Voici un site qui pourra vous aider dans votre quête, Cliquez ici.
Foire aux questions
Quel est le coût d’un entéroscanner ?
Le forfait technique pour un scanner varie de 100 à 200€. Les honoraires médicaux varient en fonction de la zone.
Pour l’entéroscanner en particulier, il est de l’ordre d’environ 260€.
Quels sont les examens complémentaires à un entéroscanner ?
Les examens complémentaires à un entéroscanner sont :
- La fibroscopie gastrique
- La coloscopie
- Une biopsie étagée de l’intestin
- Entéroscopie
Pourquoi doit on utiliser un produit de contraste dans l’entéroscanner ?
Le produit de contraste permet de mettre en évidence les organes ou structures explorés en augmentant le contraste de zones adjacentes.
Dans le cas de l’entéroscanner, le produit opacifiant rehausse l’intestin grêle et la zone péri-digestive.
Références bibliographiques
Articles et ressources utilisées dans la rédaction de cet article
- Examens de suivi des MICI | La Revue du Praticien
- Exploration morphologique de l’intestin grêle : quels examens pour quelles indications – FMC-HGE (fmcgastro.org)
- EMC Imagerie 2020, Elsevier Masson, édition SBA médecine, 2020.
Notre processus de création d’articles chez Groupe SANTÉPOURTOUS
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