La dermatite estivale du cheval est une dermatose (maladie de la peau) allergique fréquente chez le cheval et due aux piqûres des insectes hématophages (qui se nourrissent de sang). La dermatite estivale du cheval est une maladie saisonnière et héréditaire, se caractérisant surtout par une démangeaison intense.
Le caractère récidivant (qui se reproduit) de la dermatite estivale du cheval, avec une aggravation à chaque récidive, mène à trouver tous les moyens de prévention possible. Et dans cet article se trouveront les détails sur la dermatite estivale du cheval et toutes mesures de prévention à mettre en place en cas de nécessité.
Pour commencer, qu’est-ce que la dermatite estivale du cheval ?
Définition étymologique
Dermite vient de « derma » qui signifie derme ou peau, et le suffixe « –ite » indique une inflammation. Et “estivale” est un adjectif dérivé de l’été.
Donc, la dermatite ou dermite estivale du cheval est une inflammation de la peau du cheval qui se manifeste surtout en été. Cette apparition saisonnière est causée par le fait que la pullulation maximale des insectes responsables est pendant l’été.
La dermatite estivale du cheval est aussi appelée dermite estivale récidivante des équidés.
Comme ce qu’on a avancé plus haut, récidivante signifie : qui se reproduit toujours une fois apparue. La dermatite estivale du cheval est donc une maladie incurable et on ne peut pas l’éliminer une fois qu’elle apparaît.
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La dermatite estivale du cheval est une dermatose allergique suite aux piqures des insectes hématophages. Puisque c’est une allergie, c’est donc une maladie héréditaire.
La première manifestation de la dermatite estivale est souvent à partir de l’âge de 2 ans du cheval, mais surtout, entre 2 à 4 ans. Il est très rare que ce soit avant l’âge d’un an.
Quelques rappels pour mieux cerner ?
D’abord, l’allergie est une réaction anormale, inadaptée et excessive du système immunitaire ; se traduisant par des réactions inflammatoires exagérées ; suite au nouveau contact d’un allergène, après un contact au préalable.
Un allergène est une substance qui produit des réactions d’hypersensibilités (réaction allergique) chez certains individus mais n’en produit pas chez d’autres.
Il est obligatoire que le cheval a déjà été exposé à l’allergène pour que son système immunitaire reconnaisse l’allergène et soit capable de réagir contre ce dernier après un contact nouveau. C’est lors du contact ultérieur alors que le cheval développe la maladie. C’est pourquoi, la première manifestation de la dermatite estivale soit au-delà de 2 ans ; vu la nécessité de la première exposition lors de la saison d’été de sa première année de vie.
Cette définition d’un allergène nous amène à avancer que la dermatite estivale équine est héréditaire. Le fait qu’un cheval est allergique à un allergène donné est qu’il a un gène responsable de l’hypersensibilité à telle ou telle substance. Dans la dermatite estivale du cheval, l’allergène est contenu dans la salive des insectes piqueurs hématophages.
En fait, les insectes hématophages ont dans leur cycle de vie une saison de multiplication excessive. Et cette forte pullulation correspond à l’été vu que les conditions nécessaires pour l’éclosion des œufs et la croissance des larves d’insectes sont rassemblées en été.
Plus précisément, quelle est alors la cause de la dermatite estivale du cheval ?
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Comme ce qui est déjà déclaré dès l’introduction, la dermatite estivale équine fait suite aux piqures des insectes hématophages. Plus précisément, la dermatite estivale du cheval est causée par des allergènes dans la salive de ces insectes hématophages. Ces allergènes sont des protéines de type anticoagulant.
A titre de connaissance, les anticoagulants sont injectés par l’insecte dans le sang du cheval pendant qu’il le pique, pour que le sang du cheval coule bien afin que l’insecte puisse en consommer au maximum.
Les insectes impliqués dans la dermatite estivale équine sont principalement les moucherons du genre Culicoïdes. Mais les Simulies, les moustiques, les mouches du genre Stomoxes, les taons, les guêpes et les abeilles peuvent aussi être impliqués.
Abordons un peu des brefs détails par rapport à ces insectes
Les moucherons de genre Culicoïdes
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- Ce sont les femelles qui piquent
- Nécessitent une température supérieure à 12°C pour bien vivre et se multiplier ; mais préfèrent surtout la température de 15 à 35°C
- Durée de vie des adultes : 3 semaines
- Cycle de développement d’un œuf à un adulte: 2 mois
- Larves se développant dans des eaux stagnantes, des lacs, dans les fumiers, …
- Ne supporte pas le climat venteux (comme les bords de mer, les régions à altitudes supérieures à 800 m)
- S’abritent dans les haies vives, dans les zones ombragées dans le milieu extérieur (en dehors des maisons, écuries ou bâtiment)
- Il est à noter que les stomoxes peuvent voler jusqu’à 15 km et peuvent être transportés par le vent ou en s’accrochant sur des engins de transport.
- Exophiles : aiment plutôt les milieux extérieurs
- Période d’activité : au crépuscule (17h à 23h) et à l’aube (même jusqu’à 2h après le lever du soleil)
Pour les autres insectes, sauf les guêpes et les abeilles qui ont leurs nids, le développement des larves et le milieu de vie ressemblent presque à ceux des culicoïdes.
Mais il est à noter que les simulies sont diurnes (actifs pendant le jour).
Quelles sont alors les facteurs de risque exposant un cheval à la dermatite estivale ?
Ces facteurs sont surtout liés au génétique et à l’exposition aux insectes.
Prédisposition génétique
Les races les plus à risque sont les poneys, Pur-Sang, Arabe, Frison, Islandais, trait Breton, Shetland, Welsh, Shire, Connemara
Facteurs environnementaux
Environnement permettant le bon développement des insectes hématophages
- Présence de beaucoup de plantes, d’ombrage, de haies
- Présence de lacs, cours d’eau, eaux stagnantes, …
- Milieu à vent calme
Climat
Chaud et semi-humide ou humide mais pas de pluie pendant les heures d’activité des insectes
- Eté : saison proliférative ou la manifestation de la dermatite estivale chez le cheval est maximale
- Printemps : pas mal pour sa manifestation mais moins importante que pendant l’été
- Automne : disparition peu à peu de l’allergie car diminution en nombre des insectes
- Hiver : arrêt de pullulation des insectes, donc arrêt de la manifestation de la dermatite estivale du cheval
Facteur alimentaire
Un régime trop riche en protéines favorise le risque d’être hypersensible aux allergènes dans la salive des insectes
Comment est le mécanisme de la dermatite estivale du cheval ?
Le mécanisme commence évidemment par la piqûre de l’insecte.
- Lors de la piqûre de l’insecte, il introduit sa salive avec les allergènes qui sont les anticoagulants dans le sang du cheval.
- L’arrivée de ces allergènes dans son sang crée une réaction allergique chez le cheval.
- Cette réaction allergique s’accompagne toujours d’une démangeaison intense. Il est à noter que l’intensité de la démangeaison est proportionnelle aux nombres de piqûres d’insectes.
- Puisqu’il y a démangeaison, le cheval se gratte.
- Le grattage va causer des blessures.
- Les blessures vont favoriser des infections bactériennes secondaires qui vont conduire jusqu’à l’ulcération de la peau et la formation des croûtes.
Comment se manifeste alors la dermatite estivale du cheval ?
Les symptômes apparaissent surtout à l’âge de 2 à 4 ans, ou à un âge quelconque suite à un déménagement d’une région dépourvue d’insectes causant de la dermatite estivale équine vers une région qui en est riche.
Les symptômes se manifestent fortement pendant l’été, se manifestent peu au printemps, commencent à disparaître pendant l’automne et disparaissent totalement en hiver. C’est en parallèle avec la variation en nombre des insectes en fonction de la saison.
Cependant, les symptômes s’aggravent au fur et à mesure que l’âge du cheval avance, et finissent à être persistants tout au long de l’année si aucune mesure de prévention n’est mise en œuvre.
- Apparition de papules (petit bouton rouge et dure, pouvant contenir un liquide transparent ou sanguinolent) au niveau de la zone de piqûre
- Crinière et queue ébouriffées
Source
- Prurit intense
- Nervosité
Source
- Crins cassés
- Blessure
- Formation de pustule (contenant des pus) suite à une infection bactérienne secondaire des plaies
- Ulcération de la peau
- Formation de squames
Source
- La queue ou les autres zones de la peau touchées vont présenter des zones alopéciques (avec chute de poils)
- Lors des récidives, la peau lésée épaissie et devient glabre et les poils n’y poussent plus
- Lors des récidives aussi, il y aura formation de plis et kératinisation de la peau
- Dans des cas graves, il y aura amaigrissement du cheval suite au gène dans la prise alimentaire
- L’utilisation du cheval atteint de la dermatite estivale devient difficile à cause de la nervosité du cheval suite au prurit intense.
Il est à noter que les zones lésées dépendent des insectes qui ont piqué :
- Culicoïdes : ligne du dos (surtout au niveau de l’encolure et de la base de la queue)
- Similium : tête, oreille, abdomen
- Stomoxes : membres, abdomen
- Taon, abeille, guêpe : partout
Comment diagnostiquer la dermatite estivale chez le cheval ?
Le diagnostic est surtout clinique.
Et cliniquement, la dermatite estivale du cheval est à différencier
- La pédiculose (poux) qui se manifeste en hiver et est contagieuse
- La gale des crins, la gale sarcoptique ou la gale psoroptique : contagieuses
- La trombidiose (larves d’acariens) : qui se manifeste en fin d’été, au niveau des membres et de la tête
- L’allergie environnementale (pollen, …) : par enquête épidémiologique et les zones lésées
A tenir compte lors de la mise en place du diagnostic
- Les facteurs génétiques
- Le climat
- L’environnement
- La saison
- Le caractéristique non contagieux de la dermatite estivale du cheval
Des diagnostics complémentaires peuvent aussi être pratiqués
- Test sur prélèvement sanguin évaluant la sensibilité du cheval avec d’autres allergènes (pour exclure les autres causes d’allergie)
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- Biopsie cutanée pour exclure la gale ou d’autres infections de la peau
- Test de sensibilité intradermique : en administrant par voie intradermique une faible quantité de l’allergène en question
Cependant, ces tests de sensibilité ne sont pas assez spécifiques et sont encore moins pratiqués.
Quels traitements peuvent être mis en place lors de l’apparition des symptômes de la dermatite estivale équine ?
Ce sont juste des traitements pour apaiser les symptômes, surtout le prurit.
- Application locale de solution ou lotion calmante, répulsive, cicatrisante : à base d’huile essentielle d’eucalyptus, d’amande, de géranium, …
- Application locale de macérât de lavande, de soucis, …
- Application locale de vinaigre de cidre pour apaiser le prurit
- Utilisation de shampoing calmant adapté
- Application d’antiseptique sur les plaies : Chlorhexidine ou polyvidone iodé (Bétadine) par exemple
- Tonte de la crinière pour maximiser l’efficacité des traitements à application locale
- Administration d’anti-inflammatoire stéroïdien comme la dexaméthasone ; sous prescription vétérinaire
- Administration d’antihistaminique et anticholinergique comme la cyproheptadine; sous prescription vétérinaire
- Administration de complément alimentaire riche en oméga 3 et 6 (comme huile de saumon) pour aider la pousse des poils
- Hypo sensibilisation par administration de dose croissante de l’allergène à intervalle régulier. Moins praticable à cause de la difficulté d’obtention de l’allergène pur ; aussi moins efficace.
- Phytothérapie
Quelles sont les mesures de prévention qu’il faut mettre en place ?
Les préventions se concentrent surtout sur la lutte contre les insectes.
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- Couvrir le cheval de couverture moustiquaire
- Mettre une chemise intégrale couvrant le cheval de l’oreille à la queue, couvrant ainsi le haut des membres et le corps entier
- Application sur la peau du cheval de crème insectifuge à base huileuse (à base de vaseline ou d’huile de camphre, …)
- Limiter l’accès aux points d’eau, aux pâturages humides, …
- Drainage des eaux stagnantes
- Mettre les fumiers loin de l’écurie
- Désinsectisation régulière de l’écurie par des insecticides à base de perméthrine et/ou pyréthrine
- Ne pas sortir le cheval du box lors des périodes de prolifération des insectes hématophages, surtout lors de leurs périodes d’activité
- Couper les plantes et les arbres autour de l’écurie ou des pâturages
- Diminution de l’apport en protéine pour le cheval
Mesure préventive à long terme
Ne pas mettre en reproduction la jument qui est gravement atteinte de la dermatite estivale, puisqu’on sait que cette maladie allergique est héréditaire.
La dermatite estivale du cheval est une dermatose allergique qui s’aggrave au fil du temps. Aucun traitement spécifique efficace n’est établi contre cette maladie. Il est donc important de pratiquer le maximum de prévention possible.
Références
MSD Veterinary Manual