La myosite du cheval est une affection musculaire inflammatoire qui peut affecter les chevaux de toutes races et de tous âges. Cette affection, souvent douloureuse et invalidante, peut non seulement altérer la performance du cheval, mais également compromettre sa santé globale.
La myosite du cheval est multifactorielle mais le principal élément déclencheur de la crise de myosite est l’exercice. Dans cet article, nous explorerons en détail ce que c’est exactement la myosite du cheval et tout ce qu’on peut faire pour la prévenir.
La myosite du cheval : qu’est-ce que c’est exactement ?
La myosite du cheval est une maladie affectant les tissus musculaires du cheval. C’est une pathologie inflammatoire à plusieurs facteurs menant à la destruction des tissus musculaires. Elle est également appelée rhabdomyolyse à l’exercice ou syndrome du coup de sang ou maladie du lundi. Elle a des caractéristiques comparables à la crampe humaine.
Rhabdomyolyse signifie destruction des muscles squelettiques. La dénomination : syndrome du coup de sang provient du fait que la maladie est déclenchée par un exercice ou un effort. Le plus souvent, le cheval ne travaille pas le dimanche ; et suite à ce repos, un exercice soudain le lundi déclenche la crise ; d’où le nom : maladie du lundi.
Un bref rappel pour bien se situer dans le vif du sujet
Quand on parle de muscle, on pense tout de suite aux muscles squelettiques. Cependant, le cœur est aussi un muscle, les vaisseaux sanguins et le tube digestif sont aussi constitués de muscle ; mais de type différent.
Dans la myosite du cheval, on parle uniquement des muscles squelettiques qui sont formés de fibres musculaires striées. Ces fibres musculaires sont composées de protéines appelées myoglobines qui sont chargées d’apporter et de stocker de l’oxygène pour les muscles.
Physiologiquement, les glucides sont stockés dans le muscle quand ils sont en excès. En revanche, en cas de manque d’énergie, ils y seront puisés.
Quelles sont les causes impliquées dans l’apparition de la myosite du cheval ?
Il est à noter que quelle que soit la cause, le facteur déclencheur reste l’exercice. Et les causes qu’on va citer sont alors les origines de l’inflammation musculaire.
Pour la myosite aiguë
Ration inadéquate par rapport au travail
Le plus impliqué est le non balancement de la ration en fonction du travail. Les propriétaires n’ont pas l’intention de modifier la ration quand le cheval est au repos ou quand il fait un énorme effort. Le propriétaire a donc tendance à donner au cheval le même régime alimentaire quelle que soit la situation.
Par conséquent, le cheval manque d’énergie lors d’un travail intense conduisant à la sollicitation excessive et soudaine des réserves glucidiques musculaires. En outre, s’il est au repos, il va accumuler trop de glucides dans les muscles.
Ces phénomènes sont considérés anormaux par l’organisme, d’où des réactions inflammatoires au niveau des muscles.
Manque d’échauffement
C’est la cause la plus fréquente de la myosite du cheval.
Un exercice intense à froid, c’est-à-dire sans échauffement ou suite à un échauffement insuffisant, va entraîner une sollicitation brutale des fibres musculaires. Ce qui va conduire également à une inflammation locale.
Exercice trop intense
C’est souvent suite à une course d’endurance trop longue qu’est déclenchée la myosite. Les fibres musculaires sont surmenées ou surutilisées, d’où une inflammation musculaire.
Intoxication alimentaire
Source
Plus précisément, on doit parler de l’intoxication aux fructanes (glucides dans des végétaux). Il y a des plantes fourragères, telle le dactyle, qui accumulent beaucoup de fructane.
La consommation en grande quantité de ces plantes va entraîner une augmentation anormale du taux de glucose dans le sang du cheval. Ces glucoses vont ensuite être stockés dans les muscles sous forme de glycogène.
Puisque ce stockage sera soudain, ceci va générer une inflammation au niveau des muscles.
Pour la myosite chronique
Dans la myosite chronique, les causes sont surtout d’origine génétique.
Une ration déséquilibrée
Source
Une ration trop riche en calcium ou en glucide, de manière prolongée, va entraîner des dysfonctionnements dans le métabolisme au niveau des muscles. Ces dysfonctionnements seront signalés par l’apparition des réactions inflammatoires.
La RER ou Recurrent Exertional Rhabdomyolysis
C’est un défaut génétique de la régulation de calcium à l’intérieur des cellules musculaires. Il est à noter que le calcium est le piston de la contraction musculaire.
Le gène responsable de cette régulation n’est pas encore défini. Mais le fait que certaines races ; comme les trotteurs, les pur-sang anglais et arabes ; sont beaucoup plus sujettes de ce type de myosite fait penser que la RER a une prédisposition génétique.
Les crises de myosite suite à la RER sont déclenchées surtout suite à des stress comme le changement d’environnement, le changement de rythme, … Les juments nerveuses sont les plus victimes de la RER.
La PSSM ou PolySaccharide Storage Myopathy
Le gène responsable de cette anomalie génétique est déjà connu. Il est responsable d’une accumulation anormale de glycogène (pour le PSSM de type 1) ou d’autres polysaccharides modifiés (pour le PSSM de type 2) dans les muscles.
Les races prédisposées au PSSM sont le Cob Normand, le Selle Français, le Quarter Horse.
La myopathie myofibrillaire
La myopathie myofibrillaire est une myosite suite à des anomalies dans l’organisation des fibres musculaires, conduisant à des contractions anormales des muscles. Elle touche les chevaux de sport et les pur-sang arabes.
L’hyperthermie maligne
L’hyperthermie maligne est une fièvre déclenchée à l’effort, s’accompagnant d’une augmentation exagérée du besoin énergétique du cheval. Cette augmentation du besoin en énergie va stimuler ainsi la dégradation des glycogènes musculaires. D’où une inflammation musculaire soudaine. C’est une maladie héréditaire touchant principalement le Quarter Horse et les races apparentées.
Comment se manifeste la myosite du cheval ?
La crise de myosite du cheval peut être discrète, modérée ou sévère.
Cas modéré
Les crises modérées apparaissent surtout dans les myosites chroniques.
Source
- Sous-performance
- Raideur du train postérieur
- Station campée
- Difficultés locomotrices (boiterie) lors de l’effort
- Douleurs dorso-lombaires et au niveau des pattes arrières
- Mouvements tremblants intermittents
Cas sévère
Les crises sévères sont surtout pour la forme aiguë
Source
- Cheval gelé ou immobile ou tétanisé
- Douleurs musculaires aiguës
- Sudation excessive
- Myoclonies : spasmes musculaires soudains
- Hyperthermie (température rectale supérieure à 38°C)
- Tachycardie (palpitation)
- Polypnée (respiration frénétique)
- Myoglobinurie : présence de myoglobine dans l’urine se caractérisant par l’émission d’urine foncé
Complication
Insuffisance rénale
L’inflammation des fibres musculaires conduit à leur destruction. Cette destruction entraîne la libération des myoglobines dans le sang. Ces myoglobines seront éliminées par les reins via les urines. Cela sollicite alors les reins de manière excessive. D’où une insuffisance rénale.
Décubitus prolongé et atrophie musculaire
La raideur et la douleur vont mettre le cheval au sol. Quand ceci perdure, le cheval reste toujours couché. Avec la destruction et l’immobilisation musculaire, les muscles s’atrophient (diminuent de volume) progressivement.
Comment le vétérinaire peut diagnostiquer la myosite du cheval ?
Diagnostic clinique
Dans les crises sévères, les symptômes cités ci-dessus sont très évocateurs de la myosite du cheval. La myosite du cheval partage quelques signes cliniques avec le tétanos et la myopathie dégénérative. Cependant, la douleur intense et les raideurs musculaires localisées lui sont caractéristiques.
Diagnostic de confirmation
Source
Une analyse de sang sera effectuée afin de doser les enzymes musculaires : le CK dans les premières heures de la crise ; puis l’ASAT ou la LDH pour le suivi de l’évolution de la destruction musculaire. L’interprétation est faite par les personnels du laboratoire, mais une augmentation soudaine et anormale de ces enzymes dans le sang confirme la myosite.
Une biopsie musculaire pour rechercher d’éventuelles anomalies dans les tissus musculaires peut aussi être faite.
Des tests génétiques peuvent aussi être effectués. Mais actuellement, seuls les tests génétiques pour la PSSM de type 1 et l’hyperthermie maligne sont disponibles.
Quelles sont les traitements à mettre en place en cas de myosite du cheval ?
En cas de suspicion de myosite chez votre cheval, veuillez contacter immédiatement votre vétérinaire, car la myosite met en danger non seulement la carrière sportive du cheval, mais aussi son pronostic de vie.
Ce qu’on peut faire en attendant le vétérinaire
Source
- Ne plus faire bouger le cheval : pour ne plus aggraver les symptômes
- Diète hydrique : ne plus donner d’aliment solide au cheval, mais laisser de l’eau à volonté à sa disposition
- Massage avec un gel relaxant et rafraîchissant à base d’huiles essentielles des muscles contractés : pour soulager la douleur et les contractures
Traitement vétérinaire
- Perfusion pour aider les reins dans la purification et pour rétablir l’équilibre électrolytique
- Anti-inflammatoire non stéroïdien pour soulager la fièvre et la douleur
Il est fortement déconseillé d’utiliser un anti-inflammatoire sans l’avis d’un vétérinaire car ces médicaments sont toxiques pour les reins. Son utilisation est ainsi risquée chez les chevaux atteints de myosite, donc, elle doit être bien raisonnée.
- Repos total jusqu’à la disparition complète des symptômes et la diminution du taux sanguin d’ASAT et de CK. Cette période de convalescence peut durer environ 15 à 30 jours.
- Dans les formes chroniques de la myosite, un repos total n’est pas bénéfique. Il est mieux d’organiser des exercices réguliers pour le cheval.
- Cure drainante à l’aide d’un complément alimentaire à effet diurétique à base d’artichaut
Comment peut-on prévenir la myosite du cheval ?
Les mesures de prévention sont basées sur les soins.
- Diminution de l’exposition des chevaux au stress
- Planification d’une bonne période d’exercice régulière puis d’un repos suffisant pour en compenser
- Diminution de l’apport énergétique dans la ration au repos
- Equilibre de la ration par rapport au travail
- Mise en place d’un échauffement suffisant avant une course ou une compétition
- Mise à la disposition du cheval de l’eau propre à volonté
- Mise à la disposition du cheval d’un bloc de sel ou d’une pierre à lécher
Pour fabriquer une pierre à lécher, voici une formule :
- 1 kg de sel
- 2 kg de lithothamne
- 500 g d’argile (verte ou blanche, en poudre ou concassée)
On mélange les tout, puis les lier par de l’eau jusqu’à obtenir une pâte homogène. Et on n’a plus qu’à sécher la pierre à lécher après.
Le sel aide à retenir l’eau dans l’organisme, diminuant ainsi le risque de la myosite. De plus, les pierres à lécher contiennent d’autres sels minéraux pouvant garder l’équilibre électrolytique dans l’organisme du cheval.
Pour la forme chronique
- Apport d’antioxydant dans l’alimentation : complément en vitamine E et sélénium (la spiruline par exemple) ou apport de plante qui en est riche comme le chou vert.
- Diminution de l’apport en luzerne : cette plante est riche en potassium et en calcium, pouvant ainsi être un facteur de risque de la RER.
Source
En conclusion, la myosite du cheval est une maladie inflammatoire douloureuse pouvant détruire la performance du cheval. Elle nécessite une bonne prise en charge pour éviter les complications. Une bonne gestion des exercices et de la ration est la clé de sa prévention.