La polykystose rénale chez le chat : tout ce que vous devez savoir sur cette maladie silencieuse

Article rédigé par le 4 décembre 2023

La polykystose rénale chez le chat est une maladie génétique la plus fréquente qui affecte les reins de vos félins bien-aimés. Elle se caractérise par le développement de kystes remplis de liquide dans les reins, ce qui entraîne progressivement une détérioration de la fonction rénale.

Cette maladie peut toucher les chats de tout âge, mais les symptômes n’apparaissent généralement qu’à l’âge adulte. Comprendre la polykystose rénale chez le chat est essentiel pour vous, car elle est mortelle. Cet article vous offre toutes les informations nécessaires sur la polykystose rénale chez le chat.

La polykystose rénale chez le chat : une brève description

La polykystose rénale chez le chat, également appelée maladie polykystique rénale ou polycystic kidney disease (PKD) est une maladie génétique caractérisée par la formation de kystes multiples dans les reins. Ces kystes sont des sacs remplis de liquide qui peuvent se développer à l’intérieur des reins

Les chats atteints de cette maladie peuvent commencer à développer des kystes dès leur jeune âge, mais les symptômes cliniques n’apparaissent généralement qu’à l’âge adulte. Le développement des kystes entraîne une augmentation de la taille des reins et une altération progressive de leur fonction.

Une maladie héréditaire et/ou génétique est une maladie qui est transmise par les gènes d’un ou des deux parents. Elle est causée par une anomalie ou une mutation dans les gènes et peut être présente dès la naissance ou se manifester plus tard dans la vie.

La polykystose rénale chez le chat : une prédisposition de races ?

La polykystose rénale est une maladie héréditaire qui affecte principalement les chats de race européenne, notamment le British Shorthair, le Persan, le Maine Coon et le Siamois. Cependant, cela ne signifie pas que les chats de races mixtes ou d’autres races ne peuvent pas développer cette maladie.

Chat de race Maine Coon
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La race de chat la plus touchée par la polykystose rénale est le Persan. La prévalence de la maladie dans cette race est assez élevée, allant de 36% à 49% selon les études. Une étude faite à University Veterinary Small Animal Clinic par Aleksandra Domanjko-Petric et collaborateurs a montré que 13,8% des chats examinés sont atteints de polykystose rénale et parmi eux 36% sont de race Persan.

Chat de race Persan
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Les chats Maine Coon sont également prédisposés à la polykystose rénale, avec une prévalence estimée entre 26% et 38%. Il convient de noter que la prévalence peut varier en fonction des lignées génétiques spécifiques dans chaque race.

Un petit rappel sur la constitution et la fonction des reins du chat

Reins
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Les reins du chat sont des organes vitaux responsables de la filtration et de l’élimination des déchets du sang. Ils sont situés dans la cavité abdominale, de chaque côté de la colonne vertébrale.

Chaque rein est composé de plusieurs parties. Le cortex rénal, la couche externe, est responsable de la filtration initiale du sang. Le cortex est composé de nombreuses unités fonctionnelles appelées néphrons, qui filtrent le sang et produisent l’urine. 

Le médulla rénal, la couche interne, est chargée de concentrer l’urine et de la transporter vers le bassinet. Les uretères relient les bassinets des reins à la vessie.

Comment se développe la polykystose rénale chez le chat ?

La polykystose rénale chez le chat est une maladie génétique caractérisée par le développement de kystes remplis de liquide dans les reins. Les kystes rénaux se forment à partir de structures tubulaires dans les reins, et augmentent progressivement en taille et en nombre au fil du temps. 

Ces kystes compriment les tissus sains environnants et entraînent une détérioration progressive de la fonction rénale. Cela conduit finalement à une insuffisance rénale, où les reins ne parviennent plus à éliminer efficacement les déchets et à maintenir l’équilibre des fluides et des électrolytes dans le corps. 

Une étude faite par Lorie Schirrer et collaborateurs a prouvé que la polykystose rénale chez le chat conduit progressivement à une insuffisance rénale irréversible.

Comment se transmet la polykystose rénale chez le chat ?

Les chats atteints de polykystose rénale ont un gène défectueux appelé PKD1 ou PKD2, qui est transmis par leurs parents. La polykystose rénale chez le chat est considérée comme une maladie autosomique dominante, ce qui signifie qu’un seul parent porteur du gène défectueux peut transmettre la maladie à la descendance. 

Si l’un des parents est porteur du gène défectueux de la polykystose rénale (hétérozygote), alors chaque chaton a un risque de 50% d’hériter du gène défectueux. Cela signifie que la moitié des chatons issus de parents hétérozygotes seront également porteurs du gène et risquent de développer la maladie à l’avenir.

Si les deux parents sont atteints de la polykystose rénale ou porteurs du gène défectueux (homozygotes ou hétérozygotes), chaque chaton a un risque de 75% d’hériter du gène défectueux. Il est à noter que les chatons homozygotes (héritant double du gène défectueux de sa mère et de son père) sont généralement mort-nés.

Quelles sont les manifestations cliniques de la polykystose rénale chez le chat ?

Les signes cliniques de la polykystose rénale peuvent varier d’un chat à l’autre, mais généralement, les premiers signes de la maladie commencent à apparaître entre l’âge de 3 et 10 ans. Cependant, il est possible que certains chats développent des signes cliniques plus tard dans leur vie. 

Il est important de noter que la sévérité de la maladie et le moment où les symptômes apparaissent, peuvent varier en fonction de facteurs génétiques et environnementaux. Mais les symptômes courants sont les suivants.

  • Polyurie et polydipsie (augmentation de la soif et de la miction) : Les chats atteints de polykystose rénale peuvent boire et uriner plus fréquemment que d’habitude
  • Perte d’appétit et de poids : Les chats peuvent perdre leur appétit et commencer à perdre du poids de manière importante
  • Vomissements : Des épisodes de vomissements peuvent se produire, souvent après avoir mangé
  • Douleur abdominale : Certains chats peuvent présenter une sensibilité ou une douleur dans la région abdominale
  • Présence de masses palpables : Les reins peuvent devenir agrandis et présenter des masses palpables lors d’un examen physique
  • Changements dans l’apparence de l’urine : L’urine peut devenir plus diluée, plus foncée ou contenir du sang
  • Léthargie et faiblesse générale
Chat léthargique
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  • Hypertension artérielle
  • Déficience rénale progressive, qui peut entraîner une insuffisance rénale chronique
  • Mauvaise qualité du pelage et desquamations excessives

Il est important de noter que certains chats atteints de polykystose rénale peuvent ne présenter que des symptômes intermittents, tandis que d’autres peuvent développer des symptômes plus graves dès leur jeunesse. Si vous observez certains de ces symptômes chez votre chat, il est recommandé de consulter un vétérinaire pour un examen approfondi.

Comment le vétérinaire peut diagnostiquer la polykystose rénale chez le chat ?

Le diagnostic de la polykystose rénale chez le chat peut être réalisé par un vétérinaire par le biais de différentes méthodes et examens. 

Palpation abdominale
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1. Examen physique : Le vétérinaire peut détecter des anomalies ou des masses palpables lors de l’examen physique du chat, notamment des reins élargis ou des kystes.

Analyse urinaire
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2. Analyses de sang et d’urine : Des tests sanguins et urinaires sont effectués pour évaluer la fonction rénale du chat. Ces tests peuvent inclure une analyse chimique du sang pour évaluer les niveaux de créatinine, d’urée et d’électrolytes, ainsi qu’une analyse d’urine pour détecter tout signe de problèmes rénaux.

Echographie abdominale chat
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3. Échographie : L’échographie abdominale est une méthode couramment utilisée pour diagnostiquer la polykystose rénale chez le chat. Elle permet de visualiser les kystes rénaux et d’évaluer l’état général des reins.

4. Génétique

Des tests génétiques peuvent être réalisés pour confirmer la présence de mutations génétiques associées à la polykystose rénale. Et c’est le test le plus fiable (fiabilité supérieure à 99%) pour confirmer le diagnostic de la polykystose rénale chez le chat.

Le test génétique consiste généralement en un prélèvement sanguin ou buccal du chat, qui est ensuite envoyé à un laboratoire spécialisé. Le laboratoire effectuera des analyses pour détecter des mutations ou des variations génétiques spécifiques des gènes PKD (surtout PKD1 et PKD2) liées à la polykystose rénale du chat.

Quels sont les options de traitements possibles lors de la polykystose rénale chez le chat ?

Illustration: traitement médicamenteux
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Malheureusement, il n’existe pas de traitement curatif pour la polykystose rénale chez le chat. Cette maladie est progressive et conduit généralement à une insuffisance rénale chronique.

Cependant, il existe des mesures de soutien et des traitements symptomatiques pour aider à gérer les symptômes et ralentir la progression de la maladie.

Contrôle de l’hypertension

La polykystose rénale peut conduire à une augmentation de la pression artérielle. Des médicaments antihypertenseurs peuvent être prescrits pour maintenir la pression artérielle à un niveau normal et minimiser les dommages supplémentaires aux reins.

Régime alimentaire approprié :

Une alimentation adaptée, faible en protéines et en phosphore, peut aider à réduire la charge de travail pour les reins et à ralentir la progression de la maladie. Consultez votre vétérinaire pour obtenir des recommandations spécifiques sur le régime alimentaire de votre chat.

  • Une étude faite par Jacob A Torres et Al a montré qu’une légère diminution de l’apport alimentaire ralentit la progression de la polykystose rénale.
Régime alimentaire faible en protéines: les viandes à bien contrôler
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Gestion des symptômes

Des médicaments tels que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) peuvent être prescrits pour aider à contrôler les symptômes tels que la soif excessive, la miction fréquente et les infections urinaires.

Contrôle de l’hydratation :

Il est important de veiller à ce que votre chat atteint de polykystose rénale reste bien hydraté. Votre vétérinaire peut recommander des mesures pour encourager l’hydratation, comme l’utilisation de fontaines à eau ou l’administration de fluides sous-cutanés.

Dialyse :

La dialyse peut être considérée comme une option de traitement pour les chats atteints de polykystose rénale avancée et d’insuffisance rénale sévère. La dialyse est un processus qui vise à éliminer les déchets et l’excès de liquide du corps lorsque les reins ne sont plus capables de le faire efficacement.

Quelles sont les mesures à prendre pour prévenir ou limiter la polykystose rénale chez le chat ?

Lorsqu’il s’agit de la polykystose rénale chez le chat, la prévention principale concerne les programmes d’élevage responsables

Test génétique

Avant de mettre en reproduction des chats, il est recommandé de les soumettre à un test génétique pour la polykystose rénale. Cela permet de détecter les chats porteurs de la mutation génétique responsable de la maladie. Il est préférable d’éviter de reproduire des chats porteurs, car cela risquerait de transmettre la maladie à leur descendance.

Sélection des reproducteurs

En évitant de croiser des chats porteurs de la mutation génétique responsable de la polykystose rénale, il est possible de réduire le risque de transmission de la maladie aux générations futures. Il est préférable de sélectionner des reproducteurs indemnes de la mutation génétique associée à la polykystose rénale.

Suivi vétérinaire régulier

Il est essentiel de faire examiner régulièrement les chats pour détecter tout signe précoce de polykystose rénale. Un dépistage régulier peut inclure des analyses sanguines pour évaluer la fonction rénale, une échographie des reins pour détecter d’éventuels kystes et un suivi des symptômes cliniques.

Gestion de la santé rénale  

Même si la polykystose rénale ne peut être complètement évitée chez les chats porteurs de la mutation génétique, une gestion proactive de la santé rénale peut aider à ralentir la progression de la maladie. Cela peut inclure un régime alimentaire adapté, un contrôle de l’hydratation et des surveillances régulières de la fonction rénale.

La polykystose rénale chez le chat : notre avis en tant que vétérinaire

La polykystose rénale est une maladie incurable qui peut affecter votre chat. Puisque c’est une maladie génétique, la seule solution est la prévention. Cependant, veuillez surveiller régulièrement la santé de votre chat afin de pouvoir prendre en charge précocement la maladie le cas échéant.

Notre conseil concernant la polykystose rénale chez le chat serait de prendre des mesures préventives et de vigilance, en particulier pour les races prédisposées. Voici quelques actions à considérer :

  1. Testez les chats reproducteurs

Si vous êtes impliqué dans l’élevage de chats de races prédisposées, assurez-vous de faire tester les chats reproducteurs pour la polykystose rénale avant de les utiliser dans le programme d’élevage. Cela peut aider à réduire la propagation de la maladie.

  1. Organisez des examens réguliers chez le vétérinaire

Faites examiner votre chat régulièrement par un vétérinaire, en particulier s’il s’agit d’une race prédisposée à la polykystose rénale. Des examens périodiques permettront de surveiller l’état de santé rénale de votre chat et d’identifier tout signe précoce de la maladie.

  1. Adoptez une alimentation adaptée

Optez pour une alimentation de haute qualité et adaptée aux besoins spécifiques des chats atteints de problèmes rénaux. Une alimentation équilibrée peut aider à maintenir une fonction rénale optimale et à ralentir la progression de la maladie.

  1. Investissez à la gestion des symptômes

Si votre chat est diagnostiqué avec la polykystose rénale, travaillez en étroite collaboration avec votre vétérinaire pour gérer les symptômes et les complications associés. Cela peut inclure des médicaments, des suppléments et des ajustements de l’alimentation pour soutenir la santé rénale.

Rappelez-vous, la polykystose rénale chez le chat est une maladie complexe, et il est important de rechercher un suivi vétérinaire et des conseils spécifiques pour votre chat.

Les points à retenir

  • La polykystose rénale chez le chat est une maladie génétique qui est héritée des parents. Elle est transmise principalement de manière autosomique dominante, ce qui signifie qu’un chat doit hériter d’une seule copie du gène défectueux de l’un de ses parents pour développer la maladie.
  • Les chats atteints de polykystose rénale ont un gène défectueux appelé PKD1 ou PKD2, qui est responsable de la formation des kystes rénaux. Lorsque ce gène est transmis à la descendance, il entraîne la formation anormale des kystes dans les reins.
  • Les chats ayant hérité du gène défectueux développent progressivement des kystes rénaux tout au long de leur vie, ce qui entraîne une insuffisance rénale.
  • Il est recommandé aux propriétaires de chats de dépister les parents pour la polykystose rénale avant de les utiliser pour la reproduction. Cela permet de réduire la probabilité de transmission de la maladie à la progéniture. 
  • Les tests génétiques sont disponibles pour détecter la présence du gène défectueux chez les chats, ce qui peut aider à prendre des décisions éclairées en matière de reproduction.

Références

www.pubmed.ncbi.nlm.nih.gov

www.onlinelibrary.wiley.com

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