La rhinopneumonie chez le cheval : tout savoir

Article rédigé par le 1 décembre 2023
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La rhinopneumonie chez le cheval est une maladie virale très contagieuse (qui se transmet facilement) causée par le virus du genre herpès. En étant très contagieuse, elle crée facilement un foyer épidémique (regroupement dans le temps et dans l’espace de cas de rhinopneumonie chez le cheval). 

L’infection par l’herpès virus engendre souvent une forme latente (le cheval n’est pas malade mais excrète le virus). Et lors de stress ou des conditions abaissant le système immunitaire, les symptômes surgissent. 

La rhinopneumonie chez le cheval se manifeste sous trois formes : forme respiratoire qui ressemble beaucoup à de la grippe, forme abortive (avortement), forme nerveuse qui se traduit par des troubles de locomotion ou même de la paralysie.

La forme nerveuse de la rhinopneumonie chez le cheval est rare mais peut être mortelle. Tandis que la forme respiratoire est guérie le plus souvent après renforcement du système immunitaire du cheval. Et la vie et la santé de la jument ne s’avère pas risquée après un avortement.

La rhinopneumonie chez le cheval est donc une maladie qui ne met pas trop la vie du cheval en danger. Cependant, elle est très contagieuse et met donc l’avenir de tous les troupeaux en danger. Il est alors important de bien connaître la rhinopneumonie chez le cheval et ses préventions.

Dans cet article vont se concentrer toutes les informations nécessaires pour bien connaître, prévenir et contrôler la rhinopneumonie chez le cheval afin de prévenir les pertes causées par cette maladie.  

Un peu de rappel pour bien entamer

Une maladie infectieuse est une maladie causée par les microbes (virus, bactéries, champignons, …). Et une maladie contagieuse est une maladie infectieuse transmissible d’un cheval à un autre. Et la rhinopneumonie chez le cheval en fait partie, elle est d’origine virale.

Et toutes maladies d’origine virale n’ont actuellement aucun médicament spécifique pour les remédier. Leur guérison dépend de l’état immunitaire du cheval infecté et des soutiens apportés pour renforcer le système immunitaire du cheval. Cependant, des moyens de prévention peuvent être pratiqués, et la vaccination est l’un des plus cruciaux.

Plus de détails sur la rhinopneumonie chez le cheval ?

Comme ce qu’on a déjà abordé, la rhinopneumonie chez le cheval est une maladie d’origine virale. Elle est due à l’infection par l’Herpès Virus Equin de type 4 (HVE 4) et l’Herpès Virus Équin de type 1 (HVE 1).

 La forme respiratoire provient surtout du HVE 4 mais peut provenir de HVE 1 également. Alors que la forme abortive et la forme nerveuse sont liées à des infections à HVE 1.

Vu ses origines, la rhinopneumonie chez le cheval ou rhinopneumonie équine est aussi renommée herpès virose équine type 1 et 4.

La dénomination “rhinopneumonie” provient du fait que c’est la forme respiratoire qui est la plus fréquente.

Où le cheval peut rencontrer le virus de la rhinopneumonie ?

  • Puisqu’il y a la forme latente, ces chevaux porteurs sains constituent alors la principale source de virus. Lors de l’infection d’un cheptel (ensemble de troupeaux), environ 70% des chevaux de ce cheptel deviendront porteurs sains.
  • Cependant, ce sont ceux présentant des symptômes qui excrètent la plus grande quantité de virus

              Les virus se trouvent alors dans les sécrétions et excrétions respiratoires de ces chevaux infectés (gouttelette lors d’ébrouement (éternuement du cheval) ou de toux, jetage).

Cycle de vie de l’herpès virus équin de type 1 et de type 4
  • Le sang du cheval infecté et le liquide céphalo-rachidien (liquide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière) contiennent également le virus.
  • Dans des cas d’avortement, les produits d’avortement (placenta, avorton, liquide amniotique, …) constituent aussi une source de virus.

Comment le cheval attrape le virus ?

  • Par contact direct nez à nez avec le porteur sain ou le malade

           

  • Par contact direct avec des produits d’avortement ou des sécrétions et excrétions respiratoires des chevaux infectés. Aussi par contact avec le sang ou le liquide céphalo-rachidien du cheval infecté.

Il est à noter que le virus peut survivre longtemps dans le milieu extérieur, au niveau de la litière. Et l’aérosol des gouttelettes lors d’éternuement ou de toux peut être transporté par voie aérienne à plus de 5 mètres.

  • Par transmission indirecte via les humains ou des matériels contaminés par le virus

Quel mécanisme se produit après l’entrée du virus dans l’organisme du cheval?

Arrivé à l’intérieur de l’organisme du cheval, l’herpès virus va engendrer la rhinopneumonie maladie si l’état immunitaire du cheval est affaibli ou faible. L’herpès virus va causer des signes respiratoires et/ou des signes nerveux chez les jeunes chevaux, et des avortements chez les juments gestantes

Quand le cheval est en bon état sanitaire et immunitaire, le virus va être en dormance, c’est-à-dire, il ne va pas se multiplier et ne provoquera pas de maladie. Créant ainsi l’état de porteur sain.

Et lors d’un stress causé par des transports, des troubles alimentaires et nutritionnels, une longue série de concours et une fatigue extrême, … ou lors des maladies qui affaiblissent le système immunitaire, le virus resurgit et provoque la rhinopneumonie équine clinique/maladie.

Comment se manifeste la rhinopneumonie chez le cheval ?

Comme étant une maladie infectieuse, le premier signe d’alerte est la fièvre (augmentation de la température corporelle pouvant aller jusqu’à 41°C) qui apparaît dès le 2e jour de l’infection.

Les autres symptômes peuvent ne pas apparaître ou apparaître selon des degrés de sévérité variés en fonction de l’individu. Et la période d’incubation (période entre l’entrée du virus et l’apparition des signes cliniques) est de 2 à 14 jours.

La rhinopneumonie chez le cheval se présente sous 3 formes : forme respiratoire, forme abortive, forme nerveuse.

Forme respiratoire :

Ressemble quasi-totalement à de la grippe.

Marquée chez les jeunes chevaux de moins de 2 ans par de la rhino-pharyngite (inflammation de la cavité nasale et du pharynx) et de trachéo-bronchite (inflammation de la trachée et des bronches) ; mais pouvant être discrète chez les chevaux plus âgés

  • Toux sèche
  • Ébrouement
  • Jetages ou écoulements nasaux séreux (liquide et transparent ou blanc), ou muco-purulent (visqueux et jaune) en cas d’infection bactérienne secondaire.
Jetage
  • Larmoiement
  • Fatigue et non résistance à des exercices
  • Diminution d’appétit
  • Œdème (gonflement dû à une accumulation anormale de liquide) au niveau du pied (à cause des troubles de la respiration qui perturbent le fonctionnement du cœur et la circulation sanguine).

Forme abortive : 

Avortement sans signes énonciateurs, surtout entre 9e et 11e mois de gestation. Mais l’avortement peut être rencontré à partir du 4e mois de gestation.

  • Une série d’avortement dans 30 à 45 jours après le premier avortement mène à méfier de la forme abortive de l’herpès virose type 1. 

              L’herpès virus équin type 1 est la principale cause d’avortement d’origine viral chez le cheval. Et dans un élevage non vacciné, 90% des juments gestantes peuvent subir un avortement.

              La jument n’est pas malade et ne présente le plus souvent aucun signe de souffrance lors de l’avortement. Cependant, des signes nerveuses légères peuvent accompagner l’avortement.

  • Poulain mort-né ou très faible à la naissance et meurt quelques jours après. Il est à noter que jusqu’à sa mort, ce poulain est très contagieux.

Forme nerveuse :

Appelée aussi encéphalo-myélite (inflammation de l’encéphale et de la moelle épinière) herpétique 

Pouvant faire suite à des signes respiratoires ou apparaître brusquement. Apparait souvent deux semaines après l’infection.

Signe de l’ataxie chez le cheval
  • Ataxie (trouble de la coordination des mouvements), un symptôme similaire à ce que l’on peut voir lors de la maladie de cushing chez le cheval.
  • Parésie (perte partielle de la capacité motrice)
  • Paralysie de la vessie se traduisant par l’incontinence urinaire (le cheval n’arrive plus à retenir ses urines)
  • Paralysie du train postérieur : le cheval ne peut plus se lever
  • Paralysie du pénis
Paralysie du train postérieur

Comment le vétérinaire va diagnostiquer la rhinopneumonie chez le cheval ?

Les signes cliniques avec présence d’un foyer épidémique font suspecter la rhinopneumonie chez le cheval. 

Pour confirmer, le vétérinaire va faire un prélèvement pour effectuer des tests, surtout la PCR (Polymerase Chain Reaction) pour détecter un fragment d’ADN de l’herpès virus dans la cellule du cheval.

Les prélèvements qu’il peut faire sont :

  • Prise de sang
  • Écouvillonnage des sécrétions nasales
  • Prélèvement au niveau du vagin de la jument ayant avorté
  • Avorton ou produits d’avortement
  • Liquide Céphalo-Rachidien en cas de forme nerveuse
Écouvillonnage nasal

Comment peut-on soigner la rhinopneumonie chez le cheval ?

Actuellement, il n’y a pas de traitement curatif (il n’y a pas de médicament qui guérit spécialement la rhinopneumonie). Quand même, on peut utiliser un anti-virus non spécifique de l’herpès virus, mais son efficacité n’est pas vérifiée et le coût est élevé.

Ce qu’on peut faire est de traiter les symptômes. Parmi les traitements symptomatiques, il est systématique d’administrer un anti-inflammatoire ou antipyrétique (contre la fièvre) pour faire diminuer la température du cheval. Un antipyrétique courant est le paracétamol à une dose de 20mg/kg (exemple : 10000 mg ou 10 g pour un cheval de 500 kg) 2 fois par jour.

Pour la forme respiratoire :

  • Traitement de la toux par des huiles essentielles, par du thé d’eucalyptus, par un sirop expectorant, par de la codéine à une dose de 60 mg/kg par jour (soit, 30000 mg ou 30 g pour un cheval de 500 kg)
  • Mettre le cheval au repos total jusqu’à 3 semaines après l’arrêt des signes cliniques pour aider à la cicatrisation des poumons
  • Antibiothérapie (traitement par des antibiotiques) à base de triméthoprime et de sulfamide pour prévenir les infections bactériennes secondaires qui peuvent aggraver la maladie
  • Administration d’un diurétique comme le furosémide en cas d’œdème des membres, mais sous prescription du vétérinaire
  • On peut également administrer les vitamines B et de la cyproheptadine pour stimuler l’appétit si le cheval perd l’appétit, et pour l’aider à surmonter la fatigue. Mais il est important d’avoir un conseil vétérinaire avant d’en employer.

Pour la forme abortive :

En cas d’avortement, aucun traitement n’est nécessaire car la jument ne présente le plus souvent aucun signe clinique. 

Cependant, le vétérinaire peut administrer de la vitamine C et de la vitamine A pour limiter le stress que l’avortement peut causer. Une administration d’antibiotique par voie intra-vaginale est aussi possible pour prévenir les infections bactériennes secondaires.

Il est à noter qu’elle reste contagieuse jusqu’à 4 semaines après l’avortement.

Pour la forme nerveuse :

Cheval en harnais
  • Mettre le cheval dans un harnais pour qu’il ne tombe pas en cas d’ataxie ou de parésie
  • L’administration des vitamines B et de magnésium s’avère utile pour aider le fonctionnement du système nerveux central à se rétablir.

La vitamine C est souvent prescrite pour renforcer l’immunité du cheval.

Ainsi, l’ajout de complément en vitamines et oligoéléments est aussi raisonnable afin de redonner la force au cheval. 

Comment peut-on prévenir et/ou contrôler la rhinopneumonie chez le cheval ?

  • Isoler les chevaux présentant des symptômes et/ou confirmés positifs au HVE 1 et 4, les juments ayant avorté, pendant 2 à 4 semaines
  • Limiter le stress
  • Surveiller toutes autres maladies qui vont évidemment abaisser le système immunitaire du cheval
  • Limiter la mise en foules surtout s’il y a des cas confirmés aux alentours
  • Séparer les chevaux qui sortent souvent (comme les chevaux de concours) des chevaux qui n’y sortent pas ; surtout les jeunes et les juments qui sont sensibles à la rhinopneumonie équine.  
  • Mise en quarantaine des nouveaux chevaux pendant 3 semaines avec une surveillance quotidienne de la température corporelle
  • Bonne gestion des soins dans l’écurie :
  1. Commencer par les chevaux sains, les jeunes et les juments, puis vers les autres, les suspects et les malades.
  2. Utiliser des matériels différents pour chaque box de l’écurie.
  3. Bien gérer le passage d’une écurie à une autre.
  4. Port de gants, de surbottes, de blouse, de calot, lors de soin d’un cheval malade
  • Désinfection régulière des écuries
  • Vaccination de l’ensemble du cheptel 

Le vaccin ne protège pas l’animal à 100% mais diminue la sévérité et la durée des signes cliniques en cas d’infection, et diminue l’excrétion virale par le cheval infecté.

Le vaccin contre la rhinopneumonie sert à stimuler le système immunitaire du cheval à produire des anticorps contre l’herpès virus équin.

Pour faire simple, le vaccin protège le cheval pour qu’il ne soit pas malade ou gravement malade après une infection à l’herpès virus équin. Le vaccin évite aussi l’excrétion excessive du virus par le cheval, donc, limite l’apparition d’une épidémie de rhinopneumonie chez le cheval.   

Protocole de vaccination :
Pour la poulinière : 
  1. Primo-vaccination en deux injections à un mois d’intervalle avant la première saillie ;
  2. Premier rappel 6 mois après (entre 4e et 6e mois de gestation) ; 
  3. Rappels au 7e et 9e mois de gestation mais ne s’avèrent pas assez utiles ;
  4. Rappel tous les 6 mois ou 1 an mais à éviter autour de la saillie.
Pour les autres chevaux
  1. Primo-vaccination à l’âge de 5 à 6 mois en deux injections à 1 mois d’intervalle ;
  2. Rappel tous les 6 mois ou 1 an.
  3. Déclaration auprès des autorités et vétérinaires en cas de suspicion puisque la rhinopneumonie équine est très contagieuse
  • Mesures légales en cas de rhinopneumonie chez le cheval:
  1. Suspendre ou reporter les rassemblements dans des sites ayant hébergé des chevaux suspectés ou confirmés être infectés
  2. Ne pas faire participer des chevaux ayant été en contact avec des chevaux malades, suspects ou confirmés
  3. Surveiller quotidiennement les chevaux exposés et appeler immédiatement un vétérinaire en cas de doute
  4. En cas de déclenchement des symptômes lors d’un rassemblement, mettre immédiatement au courant l’organisateur du rassemblement et un vétérinaire.
  5. Arrêter tout concours en cas d’épidémie

La rhinopneumonie chez le cheval n’est pas parmi les maladies à déclaration obligatoire, et la vaccination des chevaux contre cette maladie n’est pas obligatoire. Cependant, il est fortement recommandé d’en déclarer le cas échéant et de vacciner tous les cheptels.

Puisque c’est une maladie fortement contagieuse, il faut la prévenir et la contrôler car une épidémie de rhinopneumonie équine va arrêter toutes activités auxquelles les chevaux peuvent participer. De plus, les avortements constituent une grande perte dans l’élevage.

Références 

www.équpédia.fr 

www.classequine.com 

www.lacompagniedesanimaux.com

MSD Veterinary Manual

www.gdscreuse.com

www.audevard.com

www.vetcompendium.be/node

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Auteur / autrice

  • Mandatiana RAHARIVOLOLONA

    Je suis RAHARIVOLOLONA Manda Anjaratiana, je suis en 5e année en médecine vétérinaire à l'Université d' Antananarivo, plus précisément au Département d'Enseignement des Sciences et de Médecine Vétérinaire (DESMV) Akaikiniarivo. Dans le cadre de ma pratique, j'ai fait plusieurs stages cliniques : en animaux de compagnie chez VetClinic ; en animaux de rente (ruminants et porcs surtout) dans la commune rurale d' Ambatondrazaka; en animaux de compagnie chez Clinique Universitaire Vétérinaire Antananarivo. stage en laboratoire de diagnostic biomoléculaire chez Mahaliana; stage laboratoire en alimentation animale chez FOFIFA; stage de bactériologie chez LNDV Madagascar. Comme étudiante en santé animale, j'ai également fait des stages sur l'apiculture, la pisciculture, l'aviculture et l' élevage de bovins laitiers. J'ai passé aussi des stages fermiers dans des fermes de vaches laitières, d'aviculture et dans une écurie. J'ai reçu des formations en élevage de vaches laitières, de lapins et poulets de race locale. Je suis une volontaire de TSA (Turtle Survival Alliance) Madagascar turtlesurvival.org. J'aide certains thésards qui veulent mon aide dans la rédaction de leur livre d'or. Je suis une fermière actuellement, je pratique l' élevage de porcs, de lapins et de poulets. Puisque je suis en 5e année, j'ai presque assez de connaissances sur la santé animale et la médecine vétérinaire, j'aide donc déjà beaucoup d' éleveurs ou propriétaires d'animaux de compagnie ( chien, chat, oiseaux, lapins, cheval,…) dans les soins et le suivi sanitaire de leurs animaux.

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