La vermifugation du cheval est une pratique essentielle pour éliminer les parasites qui peuvent nuire à sa santé et à son bien-être. Ces parasites peuvent causer des troubles digestifs, des coliques, des pertes de poids, des lésions cutanées, voire des maladies graves. Ils peuvent également se transmettre à d’autres chevaux ou à l’homme.
La vermifugation du cheval doit être réalisée régulièrement, mais pas de manière systématique. Il faut adapter la vermifugation à chaque cheval ou à chaque troupeau, en fonction de l’âge, du mode de vie, de l’environnement, et du niveau d’infestation.
Dans cet article, nous allons vous expliquer les principes, les types, les signes, les méthodes, les traitements et les préventions de la vermifugation du cheval.
Vermifugation du cheval : les 9 points essentiels à retenir
D’abord, qu’est-ce que la vermifugation du cheval ?
La vermifugation du cheval est une pratique qui consiste à administrer un vermifuge, qui est un produit antiparasitaire capable d’éliminer les parasites internes du cheval. Elle se fait par voie orale ou est sous forme injectable.
Quel est le but principal de la vermifugation du cheval ?
Les parasites du cheval peuvent causer des troubles digestifs, des coliques, des pertes de poids, des lésions cutanées, voire des maladies graves. Ils peuvent également se transmettre à d’autres chevaux ou à l’homme par contact direct ou indirect.
La vermifugation du cheval a donc pour but de protéger la santé et le bien-être du cheval, ainsi que de prévenir la contamination de l’environnement et le risque d’infestation par les parasites.
Quels sont les différents parasites du cheval ?
On peut les regrouper en 3 groupes : les vers ronds, les vers plats et les insectes.
- Les principaux vers ronds du cheval sont : les petits strongles, les grands strongles, les ascaris, les oxyures, les anguillules, les trichostrongylidés, et les strongles respiratoires.
- Les vers plats sont présentés surtout par les Ténias, et rarement par les douves du foie.
- L’insecte responsable du parasitisme interne chez le cheval est le gastérophile.
Groupe des parasites | Nom du parasite | Prévalence | Classe d’âge de cheval sensible | Source/ lieu de contamination du cheval | Saison de risque d’infestation maximale | Siège du parasite adulte dans l’organisme du cheval |
Vers ronds ou vers cylindriques ou nématodes | Petits strongles (Cyathostome) | Elevée | Jeune et adulte | Prairie | Fin de printemps ;Été ;Début d’automne | Gros intestin surtoutIntestin grêleLes larves peuvent y rester en hypobiose sous forme enkystés |
Grands strongles | Faible | Jeune et adulte | Prairie | Gros intestinMigration larvaire vers des artérioles et artères des intestins | ||
Ascaris | Elevée | Poulains | Ecurie | Intestin grêleMigration larvaire vers la voie respiratoire | ||
Oxyures | Elevée | Tous | Ecurie | Intestin grêle | ||
Strongle respiratoire | Rare | Poulain | Prairie fréquentée avec des ânes | Bronches et trachée | ||
Anguillules | Elevée | Nouveaux nés de 1 à 4 semaines | Glande mammaire de la jument et intestins du poulain | |||
Trichostrongylidés | Rare | Poulain prêt à sevrer | Prairie fréquentée avec des ruminants | Estomac | ||
Ver plat : cestode | Ténia | Elevée | Jeune et adulte | Au pré due à la présence des acariens dans la pâture | Intestin grêle | |
Ver plat : trématode | Douve du foie | Rare | Pâturage fréquentée avec des ruminants | Foie | ||
Insecte | Gastérophile | Elevée | Jeune et adulte | Au préLes mouches pondent des œufs sur les membres du cheval, puis le cheval s’infeste en se léchant | Été | Estomac |
Cycle de vie des parasites
- Les parasites intestinaux du cheval se reproduisent en pondant des œufs qui sortent avec les crottins, et se retrouvent ainsi dans l’herbe ou la litière.
- Les œufs se transforment en larves qui sont avalées par le cheval, puis deviennent des adultes, en passant parfois par une phase de migration dans le corps du cheval.
- A la fin de ce parcours plus ou moins long et complexe, les larves reviennent dans l’intestin où elles se métamorphosent en parasites adultes capables de pondre des œufs, et le cycle recommence.
- Pour les gastérophiles qui sont des parasites gastriques, les mouches adultes pondent des œufs sur la peau du cheval. Puis, par léchage, le cheval ingère ces œufs qui vont se transformer en larve dans son estomac.
Quel vermifuge utiliser pour un cheval ?
Il est fort conseillé de ne pas administrer un vermifuge sans l’avis d’un vétérinaire. Cependant, les suivants sont les médicaments qui ciblent chaque parasite.
- Les benzimidazoles (exemple : fenbendazole) ou le pyrantel ou l’ivermectine ou le moxidectine pour les vers ronds, (ivermectine et moxidectine agissent sur les larves, tandis que les autres sont juste des adulticides)
- Le praziquantel pour les ténias
- Le moxidectine ou l’ivermectine pour les gastérophiles (moxidectine est contre indiquée chez les poulains de moins de 6,5 mois)
Quand vermifuger le cheval ?
Il est mieux de ne pas suivre un plan de vermifugation systématique parce que les parasites sont très susceptibles de phénomènes de résistance. Il est donc important que ce soit un vétérinaire qui établit un protocole de vermifugation stratégique en fonction de la région, du climat et du mode d’élevage.
Il est aussi important de pratiquer la coproscopie : 3 fois par an jusqu’à l’âge de 3 ans, puis une fois par an (pendant l’été). Après avoir réalisé la coproscopie, on fait une vermifugation sélective ou vermifugation raisonnée. C’est-à-dire, on n’emploie que des molécules ciblant les parasites identifiés.
Une étude réalisée en France en 2019 a évalué les pratiques de vermifugation des équidés et les connaissances sur la résistance aux anthelminthiques chez les vétérinaires. Elle a montré que la majorité des vétérinaires (82%) pratiquaient la vermifugation raisonnée, basée sur des analyses de crottins, et que la résistance des petits strongles aux benzimidazoles était très fréquente (94%).
Cependant, un plan de vermifugation stratégique standard peut être appliqué.
Pour les poulains
- Au 3 semaine d’âge : benzimidazole (exemple : fenbendazole) qui cible les Ascaris et tous les autres vers ronds.
L’infestation aux Ascaris est fréquente chez les poulains dans les semaines suivant la naissance. Et le cycle de l’Ascaris, de l’œuf à l’adulte, dure un mois. C’est la raison pour laquelle la première vermifugation est recommandée à l’âge de 3 semaines.
- A 2 mois : pyrantel
- A 4 mois : Fenbendazole
- A 6 mois : ivermectine
- En hiver, si le poulain a déjà plus de 6,5 mois : moxidectine
Puis, on suit le plan comme chez les jeunes et les adultes.
Pour les jeunes et adultes
Vermifugation 4 fois par an, c’est-à-dire tous les 3 mois avec alternance de molécules. L’élaboration de ce calendrier de vermifugation systématique est basée sur le cycle de vie des parasites. En effet,
- L’infestation par les gastérophiles s’accentue en été, ce qui pousse à utiliser de l’ivermectine ou de la moxidectine.
- L’excrétion des oeufs de vers ronds et de vers plats est maximale pendant la belle saison, d’où le choix d’utilisation de praziquantel associé à un benzimidazole ou au pyrantel ou à une lactone macrocyclique (moxidectine ou ivermectine) pour éliminer les adultes et limiter ainsi cette excrétion d’œufs.
- Une administration systématique de praziquantel 3 mois après un traitement à l’ivermectine ou au moxidectine est recommandée pour éliminer les ténias qui ne sont pas sensibles à ces lactones macrocycliques.
- Et une reprise d’ivermectine ou de moxidectine (celui qui n’a pas été utilisé précédemment) trois mois plus tard est conseillée.
La vermifugation systématique présente des inconvénients
La vermifugation systématique du cheval présente plusieurs inconvénients, tels que :
- Le risque de surdosage ou de sous-dosage du vermifuge, si le poids du cheval n’est pas bien estimé ou si le produit n’est pas bien administré.
- Le risque de résistance des parasites aux vermifuges, si le même produit ou la même molécule est utilisé trop souvent ou à des doses insuffisantes.
- Le risque de pollution de l’environnement, si le vermifuge est éliminé dans les crottins ou dans les eaux de ruissellement, et qu’il affecte la faune et la flore.
- Le risque de perturbation de l’équilibre parasitaire, si le vermifuge élimine aussi les parasites bénéfiques ou si le cheval n’a pas le temps de développer une immunité naturelle contre les parasites.
- Le coût élevé de la vermifugation, si le cheval n’est pas réellement infecté ou si le vermifuge n’est pas adapté au type de parasite.
Une étude réalisée en Suède en 2016 a évalué l’impact de la vermifugation sur la diversité génétique des petits strongles chez les chevaux :
- Elle a constaté que la vermifugation réduisait la diversité génétique des populations de parasites, ce qui pourrait favoriser l’émergence de résistances.
- Elle a également observé que la diversité génétique était plus élevée chez les chevaux vermifugés avec des lactones macrocycliques que chez ceux vermifugés avec des benzimidazoles.
Comment savoir si mon cheval est parasité?
Si vous n’avez pas encore suivi un calendrier de vermifugation, les signes évocateurs mais non spécifiques qui peuvent signaler que votre cheval a besoin d’une vermifugation sont :
- Inappétence
- Amaigrissement
- Ralentissement voire arrêt de croissance
- Diminution des performances sportives
- Poils piqués
- Gros ventre
- Colique
- Diarrhée
- Obstruction ou perforation intestinale
- Toux
- Jetage nasale
- Respiration rapide
Des mesures d’hygiène qui doivent accompagner la vermifugation du cheval ?
En complément de la vermifugation, vous pouvez adopter des mesures de prévention pour limiter l’infestation de votre cheval, comme :
- Ramasser régulièrement les crottins dans les pâtures et les boxes
- Vermifuger tous les chevaux d’un même groupe en même temps
- Eviter le surpâturage et pratiquer la rotation des parcelles
- Eviter les zones humides et marécageuses
- Brosser votre cheval et retirer les œufs de gastérophiles sur son pelage
Des avis et conseils vétérinaires sur la vermifugation du cheval
- Nous vous conseillons fortement de faire de la coproscopie au moins une fois par an et en été, afin que votre vétérinaire puisse établir un protocole de vermifugation adéquat pour votre cheval en fonction des parasites identifiés.
Une étude réalisée au Royaume-Uni en 2017 a comparé l’efficacité de deux protocoles de vermifugation chez les poulains : la vermifugation systématique tous les deux mois ou la vermifugation ciblée après coproscopie. Elle a révélé que la vermifugation ciblée permettait de réduire le nombre de traitements, le coût et la pression de sélection des parasites résistants, sans compromettre la santé des poulains.
- Au moins, vous devez prendre l’avis d’un vétérinaire de votre région pour l’établissement du calendrier de vermifugation stratégique.
- Pour administrer un vermifuge à votre cheval, vous pouvez utiliser différentes formes de produits, comme des pâtes orales, des granulés, des liquides ou des injections.
- Le choix du produit dépend du type de parasite à traiter, de la facilité d’administration et du coût.
- Il est important de respecter la posologie indiquée sur l’emballage, en fonction du poids de votre cheval, et de changer régulièrement de molécule pour éviter la résistance des parasites.
Références
Le parasitisme équin : tout savoir