Le parasitisme équin : tout savoir

Article rédigé par le 1 décembre 2023
Partagez avec vos proches concernés
0
(0)

Quand on parle de parasitisme équin, on a toujours tendance à ne penser qu’aux vers intestinaux. Cependant, en réalité, les parasites du cheval se divisent en deux : les parasites externes qui englobent les insectes et les tiques, et les parasites internes qui sont présentés par les vers

Lors du parasitisme équin, les vers engendrent surtout des troubles dont ils sont directement la cause, comme un ralentissement de croissance, voire un amaigrissement pouvant mener jusqu’à la mort. Tandis que les parasites externes jouent surtout rôle dans la transmission de certaines maladies.

Le parasitisme équin doit donc être un sujet bien maîtrisé lorsqu’on est propriétaire de chevaux. Cet article explique tout sur le parasitisme équin.

Le parasitisme équin, c’est quoi en réalité ?

D’abord, le parasitisme équin est le fait que des êtres vivants (les parasites : vers, tiques, insectes) vivent aux dépens du cheval. Ils tirent profit du cheval pour se nourrir, se développer et se reproduire. 

Comme ce qu’on a avancé dans l’introduction, le parasitisme équin se divise en deux.

Le parasitisme externe 

Types de parasite externe
Source

Les parasites externes sont surtout les insectes (mouches et moustiques) et les tiques.

Le parasitisme interne

Les parasites internes sont représentés principalement par les vers.

En parlant du parasitisme interne, il y a la notion de « réussite du parasitisme ». Le parasitisme est réussi quand les parasites peuvent rester dans l’organisme du cheval et en tirer profit, sans causer de nuisance ou maladie au cheval. 

Le problème s’installe en cas d’infestation massive, c’est-à-dire quand le nombre de parasites s’élève fortement. Le cas échéant, les parasitoses (maladies parasitaires) apparaissent.

Pourquoi s’intéresser et veiller sur le parasitisme équin ?

Le parasitisme entraîne des nuisances et des problèmes pouvant être graves dans l’élevage équin.

Le parasitisme interne 

  • Entraîne des troubles pouvant être mortels pour le cheval

En fait, le parasitisme interne chez le cheval, quand il y a surinfestation ; entraîne des troubles gastro-intestinaux dont les plus graves sont la colique et l’ulcère. Ces pathologies peuvent conduire jusqu’à la mort du cheval. A titre de savoir, le parasitisme interne est responsable de 4 à 9% de décès chez les chevaux (Source: respe.net).

  • Diminue la performance du cheval

Puisque les parasites ont des actions spoliatrices, les nutriments qui doivent être utilisés par le cheval seront partagés avec ces parasites. Par conséquent, il y aura diminution voire arrêt de la croissance du cheval dans des cas extrêmes. Le parasitisme est ainsi la cause fréquente de l’amaigrissement d’un cheval. Une diminution de la capacité sportive du cheval peut aussi faire suite au parasitisme interne.

  • Prédispose le cheval aux maladies

De plus, l’effet de la spoliation des nutriments est aussi une défaillance du système immunitaire qui prédispose le cheval à la sensibilité aux infections par des microbes.

Et le parasitisme externe? 

Quant aux parasites externes, ils sont surtout vecteurs de maladies car ils passent rapidement d’un cheval à un autre. En outre, ils peuvent être à l’origine des dermatoses allergiques chez les chevaux héréditairement sensible (exemple : la dermatite estivale du cheval).

Les informations à ne pas manquer pour mieux cerner

Quelques rappels sur le parasitisme équin pour mieux saisir

Le parasitisme ne se réalise qu’en présence de deux entités : le parasite et l’hôte (l’être vivant parasité). Et il y a l’hôte définitif, qui est ici le cheval, hébergeant les formes adultes du parasite ; et l’hôte intermédiaire qui héberge les formes larvaires.

Parlons un peu du cycle de développement de ces parasites

Cycle de développement des parasites intestinaux
Source

En effet, les parasites subissent 3 stades dans leur développement : le stade d’œuf, le stade larvaire, et le stade adulte.

Les larves subissent des développements et ce sont les larves qui vont infester le cheval. Ils vont se développer à l’intérieur du cheval et au stade adulte, ils vont y pondre. Et les œufs seront expulsés avec les crottins.

Certains parasites équins ont besoin de passer obligatoirement chez un hôte intermédiaire (exemple: des acariens pour le ténia). Pour les parasites qui n’ont pas besoin d’hôte intermédiaire, leur développement dépend des conditions du milieu extérieur.

Comme bref rappel anatomo-physiologique…

Le cheval est un herbivore monogastrique. Son tube digestif est composé de la bouche, l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle qui représente 30% du tube, et le 60% est constitué du gros intestin qui débouche à l’anus. 

Quels sont les facteurs de risque du parasitisme équin ?

Ces facteurs de risque sont surtout liés à la pullulation des parasites

Pour les parasites externes

Pour les insectes et les tiques qui se nourrissent du sang ou d’autres liquides biologiques du cheval en perçant sa peau, le milieu chaud et humide favorise leur développement. Comme on sait déjà, les insectes s’abritent surtout dans les haies et les plantes ombragées. (Facteurs de risque partagés avec la dermatite estivale du cheval)

Pour les parasites internes 

  • Présence des hôtes intermédiaires pour ceux qui ont en besoin (Des acariens qui sont présents en été pour les Ténias)
  • Conditions du milieu extérieur favorables au développement des larves des parasites à cycle monoxène (qui n’ont besoin qu’un seul hôte) :
  • Température : 18 à 25°C
  • Hygrométrie : 85 à 90%
  • Bonne oxygénation

Il est à noter qu’une température supérieure à 30°C et inférieure à 0°C est défavorable à leur développement. Parlons un peu du cycle de développement de ces parasites

Quelles sont alors les causes du parasitisme équin ?

 Les causes sont liées à l’exposition du cheval aux formes infestantes des parasites.

  • Pâturage dans des milieux favorables au développement des larves de parasites
  • Surpâturage : instinctivement, les chevaux ne broutent pas autour des crottins, mais lors d’un surpâturage, ils n’ont pas le choix
  • Hygiène et propreté de l’écurie, des mangeoires, des abreuvoirs, des fourrages non respectés

Quels sont les parasites internes du cheval ?

On peut les regrouper en 3 groupes : les vers ronds, les vers plats et les insectes.

Les principaux vers ronds du cheval

  • les petits strongles,
  • les grands strongles,
  • les anguillules,
  • les trichostrongylidés
  • les ascaris,
Ascaris
Source
  • strongles respiratoires.
  • les oxyures,

Les vers plats

Ténia
Source

Représentés surtout par les Ténias, et rarement par les douves du foie.

L’insecte

L’insecte responsable du parasitisme interne chez le cheval est le gastérophile.

Larve de gastérophile
Source

Dans le tableau ci-dessous seront indiqués les caractéristiques de ces parasites

Groupe des parasitesNom du parasitePrévalence Classe d’âge de cheval sensibleSource/ lieu de contamination du chevalSiège du parasite dans l’organisme du chevalPouvoir pathogène/ symptômes associés
Vers ronds ou vers cylindriques ou nématodesPetits strongles (Cyathostome)Elevée Jeune et adultePrairie Gros intestin surtout;
Intestin grêle;
Les larves peuvent y rester en hypobiose sous forme enkystés
En cas de stress : sortie de l’hypobiose entraînant diarrhée profuse pouvant être chronique
Grands stronglesFaible Jeune et adultePrairie Gros intestin;
Migration larvaire vers des artérioles et artères des intestins
Thrombose : entraînant nécrose (mort des cellules) des intestins, causant ainsi colique, anémie, diarrhée
Ascaris ElevéePoulains Ecurie Intestin grêle;
Migration larvaire vers la voie respiratoire
Toux,
Jetage muco-purulent (jaune);
Fragilisation des os;
Ralentissement de croissance;
Poils piqués;
Colique;
Obstruction ou rupture intestinale possible 
Oxyures ElevéeTous Ecurie Intestin grêleDémangeaison au niveau de l’anus ; car les œufs s’agglomèrent autour de l’anus
Strongle respiratoireRare Poulain Prairie fréquentée avec des ânes Bronches et trachéeBronchite vermineuse : signes respiratoires comme la toux, des écoulements nasaux bilatéraux, bruits respiratoires, respiration rapide 
Anguillules Elevée Nouveaux nés de 1 à 4 semainesGlande mammaire de la jument et intestins du poulainDiarrhée aiguë entre 9e et 13e jour de vie (Immunité acquise à l’âge de 3 mois
Trichostrongylidés Rare Poulain prêt à sevrerPrairie  fréquentée avec des ruminantsEstomac Diarrhée profuse verte foncée
Ver plat : cestodeTéniaElevéeJeune et adulteAu pré due à la présence des acariens dans la pâture Intestin grêleColique, amaigrissement, diarrhée
Ver plat : trématodeDouve du foieRarePâturage fréquentée avec des ruminantsFoieLégers, ictère possible dans des cas avancés
Insecte GastérophileElevée Jeune et adulteAu préLes mouches pondent des œufs sur les membres du cheval, puis le cheval s’infeste en se léchantEstomac Salivation;
Mastication prolongée; 
Effort de régurgitation lors du passage buccal;
Ralentissement de croissance; 
Amaigrissement;
Colique;
Siège des parasites dans le tube digestif du cheval
Source

Une petite remarque : l’infestation par tous ces parasites est maximale en été et en automne, sauf pour les ténias dont l’infestation est en hiver (Les larves se développent dans les acariens pendant l’été).

Quels sont alors les signes cliniques associés au parasitisme chez le cheval ?

Un cheval maigre suspecté être hyperparasité
Source

Les signes évocateurs mais non spécifiques du parasitisme du cheval sont :

  • Inappétence
  • Amaigrissement
  • Ralentissement voire arrêt de croissance
  • Diminution des performances sportives
  • Poils piqués
  • Gros ventre
  • Colique
  • Diarrhée
  • Obstruction ou perforation intestinale
  • Toux
  • Jetage nasale
  • Respiration rapide

Il est à noter que 20% des chevaux d’une écurie sont porteurs sains et sont responsables de l’excrétion des 80% d’œufs de parasites qui circulent au sein de l’écurie.

Comment diagnostiquer le parasitisme équin ?

Diagnostic clinique

L’association de l’observation des symptômes cités ci-dessus avec la connaissance de l’âge du cheval et du mode d’élevage peut mener à un diagnostic de suspicion du parasite responsable de la parasitose.

Diagnostic de confirmation

Prélèvement pour la coproscopie
Source
  • Coproscopie : examen des crottins menant à l’identification des parasites qui y sont présents
  • Examen sanguin (sérologie) : peu spécifique

Quels sont les traitements à mettre en place en cas de parasitisme équin ?

Illustration d’administration de vermifuge par voie orale
Source

Il est conseillé de ne pas traiter les parasitoses équines sans l’avis d’un vétérinaire. Cependant, les suivants sont les médicaments qui traitent chaque parasite.

  • Les benzimidazoles (exemple : fenbendazole) ou le pyrantel ou l’ivermectine ou le moxidectine pour les vers ronds, (ivermectine et moxidectine agissent sur les larves, tandis que les autres sont juste des adulticides)
  • Le praziquantel pour les ténias
  • Le moxidectine ou l’ivermectine pour les gastérophiles (moxidectine est contre indiquée chez les poulains de moins de 6,5 mois)

Il est à admettre qu’après une coproscopie, si la densité parasitaire est inférieure à 200 œufs par gramme de crottins, aucun traitement n’est nécessaire.

Quelles sont les mesures de prévention du parasitisme du cheval ?

La prévention repose sur l’action sur le milieu extérieur et la vermifugation. Il faut mettre l’attention sur le milieu extérieur car 90% des parasites se trouvent dans le milieu extérieur et seulement 10% sont hébergés par les chevaux.

Mesures de lutte sanitaires :

Ce sont donc les préventions non médicamenteuses

  • Entretien du milieu de vie
  • Nettoyage régulier de l’écurie, au minimum une à deux fois par semaine
  • Cure complète de l’écurie pendant 3 jours après la vermifuge pour éviter la réinfestation immédiate
  • Enlèvement des œufs de gastérophiles par brossage à pierre ponce ou à l’aide de vinaigre chaud
  • Bonne gestion du pâturage :
  • Eviter le surpâturage (1 cheval par hectare est assez)
  • Rotation de pâture
  • Pâturage mixte (avec d’autres espèces animales comme des ruminants) pour couper le cycle parasitaire (la plupart des parasites des chevaux ne survivent pas chez les ruminants.(Source: Google Scholar)
Illustration du pâturage mixte
Source
  • Bonne gestion des fumiers pour ne pas contaminer les fourrages : compostage avant utilisation dans les parcelles de culture fourragère (la température lors du compostage atteint plus de 50°C, ce qui tue les parasites)
  • Action sur la prairie : 
  • Broyage ou hersage de la végétation en temps chaud et sec pour exposer les parasites aux rayons de soleil et à la chaleur
  • Drainage des parcelles pour éviter la prolifération parasitaire
  • Chaulage : traitement par des fleurs de chaux (détruit 80% des larves de parasite, pas d’action confirmée sur les petits strongles)

Remarque : le chaulage est proscrit pour des sols acides (avec pH inférieur à 6,5)

  • Maintien au propre des mangeoires, abreuvoirs et litières
  • Séparation des chevaux en plusieurs en fonction de l’âge

Mesures de prévention médicale

Il est mieux de ne pas suivre un plan de vermifugation systématique parce que les parasites sont très susceptibles de phénomènes de résistance. Il est donc important que c’est un vétérinaire qui établit un protocole de vermifugation stratégique en fonction de la région, du climat et du mode d’élevage. (Source: PubMed )

Il est aussi important de pratiquer la coproscopie : 3 fois par an jusqu’à l’âge de 3 ans, puis une fois par an (pendant l’été). Après avoir réalisé la coproscopie, on fait une vermifugation sélective. C’est-à-dire, on n’emploie que des molécules ciblant les parasites identifiés.

Cependant, un plan de vermifugation stratégique standard peut être appliqué.

Pour les poulains 

  • Au 3 semaine d’âge : benzimidazole (exemple : fenbendazole)
  • A 2 mois : pyrantel
  • A 4 mois : Fenbendazole
  • A 6 mois : ivermectine
  • En hiver, si le poulain est déjà plus de 6,5 mois : moxidectine

Puis, on suit le plan comme chez les jeunes et les adultes.

Pour les jeunes et adultes

Vermifugation 4 fois par an, c’est-à-dire tous les 3 mois avec alternance de molécules comme suit :

Ivermectine, puis benzimidazole, ensuite, moxidectine, puis pyrantel/praziquantel

Le parasitisme équin ne doit pas être pris à la légère car il peut engendrer une grande perte dans l’élevage équin. De plus, il est mieux de toujours avoir l’avis d’un vétérinaire pour ne pas faire d’ erreurs dans sa prévention médicale et dans son traitement. Toutefois, il est primordial de bien veiller sur les préventions sanitaires.

Références

www.clinique-vétérinaire-des-arcis.fr

MSD Veterinary Manual

Répertoire des médicaments vétérinaires

www.gdscentre.fr

Cet article vous-a-t-il été utile?

Indiquez votre appréciation de l'article

Note des lecteurs 0 / 5. Nombre de votes 0

Si vous avez bénéficié de cet article

Merci de le partager avec vos proches

Merci de votre retour

Comment pouvons-nous améliorer l'article ?

Auteur / autrice

  • Mandatiana RAHARIVOLOLONA

    Je suis RAHARIVOLOLONA Manda Anjaratiana, je suis en 5e année en médecine vétérinaire à l'Université d' Antananarivo, plus précisément au Département d'Enseignement des Sciences et de Médecine Vétérinaire (DESMV) Akaikiniarivo. Dans le cadre de ma pratique, j'ai fait plusieurs stages cliniques : en animaux de compagnie chez VetClinic ; en animaux de rente (ruminants et porcs surtout) dans la commune rurale d' Ambatondrazaka; en animaux de compagnie chez Clinique Universitaire Vétérinaire Antananarivo. stage en laboratoire de diagnostic biomoléculaire chez Mahaliana; stage laboratoire en alimentation animale chez FOFIFA; stage de bactériologie chez LNDV Madagascar. Comme étudiante en santé animale, j'ai également fait des stages sur l'apiculture, la pisciculture, l'aviculture et l' élevage de bovins laitiers. J'ai passé aussi des stages fermiers dans des fermes de vaches laitières, d'aviculture et dans une écurie. J'ai reçu des formations en élevage de vaches laitières, de lapins et poulets de race locale. Je suis une volontaire de TSA (Turtle Survival Alliance) Madagascar turtlesurvival.org. J'aide certains thésards qui veulent mon aide dans la rédaction de leur livre d'or. Je suis une fermière actuellement, je pratique l' élevage de porcs, de lapins et de poulets. Puisque je suis en 5e année, j'ai presque assez de connaissances sur la santé animale et la médecine vétérinaire, j'aide donc déjà beaucoup d' éleveurs ou propriétaires d'animaux de compagnie ( chien, chat, oiseaux, lapins, cheval,…) dans les soins et le suivi sanitaire de leurs animaux.

Retour en haut