Le stress chez le cheval : comment le reconnaître et bien le gérer ?

Article rédigé par le 4 décembre 2023

Le cheval est un animal sensible et réactif à son environnement, qui peut être source de stress pour lui. Le stress chez le cheval est une réaction physiologique et psychologique face à une situation perçue comme menaçante ou désagréable. 

Le stress permet au cheval de s’adapter et de mobiliser ses ressources pour faire face au danger. Cependant, lorsque le stress devient chronique ou excessif, il peut entraîner des troubles du comportement, de la performance, de la reproduction ou de la santé chez le cheval.

Quelles sont les causes du stress chez le cheval ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles sont ses conséquences ? Comment prévenir et réduire le stress chez le cheval ? Ce sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cet article.

Le stress chez le cheval : 6 points à retenir

  • 1. Le stress chez le cheval est une réaction physiologique et psychologique face à une situation perçue comme menaçante ou désagréable
  • 2. Lorsque le stress devient chronique ou excessif, il peut entraîner des troubles du comportement, de la performance, de la reproduction ou de la santé chez le cheval.
  • 3. Le stress chez le cheval peut avoir des causes multiples, on peut citer le changement d’environnement, la séparation de ses congénères, le mode d’alimentation inadapté, le travail excessif ou incohérent, etc.
  • 4. Le stress chez le cheval se manifeste par des signes physiques, comportementaux et émotionnels, qui peuvent varier selon l’intensité, la durée et la fréquence du stress.
  • 5. Pour prévenir et réduire le stress chez le cheval, il faut respecter ses besoins naturels et lui offrir des conditions de vie adaptées à son bien-être.
  • 6. Le stress chez le cheval est un sujet important, qui nécessite une attention particulière 

Quelles sont les causes du stress chez le cheval ?

Les causes du stress chez le cheval sont multiples et dépendent de la personnalité, de l’histoire et du mode de vie de chaque individu.

Un changement d’environnement 

Le cheval est un animal qui a besoin de repères et de stabilité. Lorsqu’il est confronté à un nouvel environnement, que ce soit lors :

  • d’un achat
  • d’un déménagement
  • d’un transport 
  • ou d’une compétition, il peut ressentir de l’anxiété, de la peur ou de la curiosité

Il doit alors s’adapter à de nouvelles conditions, de nouveaux congénères, de nouveaux humains, de nouveaux bruits, de nouvelles odeurs, etc. Cela peut être source de stress, surtout si le changement est brutal ou fréquent.

Une séparation de ses congénères 

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Le cheval est un animal grégaire, qui vit en groupe et établit des relations sociales avec ses pairs. Il se sent rassuré et protégé par la présence des autres chevaux, qui lui apportent du soutien, de l’affection et de l’éducation. 

La séparation de ses congénères, que ce soit lors :

  • du sevrage
  • du débourrage
  • du travail 
  • ou du repos, peut être vécue comme un traumatisme par le cheval, qui se retrouve isolé, vulnérable et stressé.

Un mode d’alimentation inadapté 

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Le cheval est un herbivore, qui passe la majeure partie de son temps à brouter de petites quantités de fourrage. Cela lui permet de satisfaire ses besoins nutritionnels, mais aussi de réguler son stress, de stimuler sa digestion et de prévenir les ulcères gastriques. 

Le cheval domestique, qui vit souvent en box ou en paddock, reçoit généralement des rations concentrées, plus riches en énergie, mais moins volumineuses et moins fréquentes. Cela peut entraîner de la frustration, de l’ennui, de l’agressivité, des troubles digestifs ou des coliques chez le cheval.

Un travail excessif ou incohérent 

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Le cheval est un animal qui a besoin d’exercice physique et mental pour se dépenser, se divertir et apprendre. Le travail, lorsqu’il est adapté au niveau, aux capacités et aux besoins du cheval, peut être une source de plaisir, de motivation et de confiance. 

En revanche, lorsque le travail est :

  • trop intense
  • trop répétitif
  • trop contraignant 
  • ou trop contradictoire, il peut générer du stress, de la douleur, de la fatigue, de la résistance ou de la peur chez le cheval.

Ces causes ne sont pas exhaustives, et il existe d’autres facteurs qui peuvent influencer le niveau de stress du cheval, tels que la génétique, la santé, le climat, la saison, etc. 

Il est donc important d’observer son cheval, de connaître sa personnalité, son histoire et ses besoins, et de lui offrir un environnement, une alimentation, un travail et des soins adaptés à son bien-être.

Physiologie du stress chez le cheval

Le stress chez le cheval peut être positif ou négatif, selon son intensité, sa durée et sa fréquence. Le stress peut affecter l’axe hormonal, le système nerveux et le système immunitaire du cheval,  qui peuvent perturber son équilibre et son bien-être.

L’axe hormonal


Lorsqu’un cheval est en état de stress, son cerveau envoie des signaux qui activent l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), qui est responsable de la réponse au stress. Cet axe entraîne la libération d’hormones du stress, comme l’adrénaline et le cortisol

L’adrénaline augmente : 

  • la fréquence cardiaque, 
  • la pression artérielle, 
  • la respiration, 
  • la glycémie, 
  • la sudation, 
  • la dilatation des pupilles 
  • et la tension musculaire. 

Le cortisol augmente :

  • la mobilisation des réserves énergétiques, 
  • la réduction de l’inflammation, 
  • la modulation du système immunitaire 
  • et la régulation de l’humeur. 

Ces hormones préparent le cheval à la réaction de fuite ou de combat, qui est le comportement instinctif face au danger.

Le système nerveux

Le stress chez le cheval peut aussi avoir des effets sur le système nerveux autonome (SNA), qui assure la régulation automatique des fonctions vitales, comme :

  • la digestion, 
  • la circulation sanguine, 
  • la température corporelle, etc. 

Le système immunitaire

Le stress peut rendre le cheval plus vulnérable aux infections, aux inflammations, aux allergies, aux tumeurs, etc.

Comment se manifeste le stress chez le cheval ?

Le stress chez le cheval se manifeste par des signes physiques, comportementaux et émotionnels, qui peuvent varier selon l’intensité, la durée et la fréquence du stress.

Des signes physiques

Le cheval stressé peut présenter :

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  • une augmentation de la fréquence cardiaque
  • une augmentation de la fréquence respiratoire
  • une augmentation de la température corporelle, 
  • une sudation excessive, une dilatation des pupilles
  • une tension musculaire
  • une perte d’appétit
  • des troubles digestifs (coliques, ulcères, diarrhées), 
  • une baisse de l’immunité
  • une perte de poids
  • une chute de poils, etc. 

Des signes comportementaux 

Le cheval stressé peut adopter des comportements anormaux, répétitifs ou stéréotypés, tels que :

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  • gratter le sol
  • lever la queue
  • bâiller
  • donner des coups de pied
  • balancer la tête
  • mordre les barreaux, 
  • cribler,
  • tiquer à l’appui,  etc. 

Tiquer signifie adopter un tic, c’est-à-dire réaliser un mouvement non productif, apparemment sans but, de façon répétitive. 

Il existe différents types de tics, qui peuvent être oraux ou locomoteurs. Les tics oraux impliquent l’action de la bouche, comme le tic à l’appui, le tic à l’air, le tic de l’automutilation ou la lignophagie. 

Les tics locomoteurs impliquent le mouvement du corps, comme le tic de l’ours, le tic à l’encensé ou le tic déambulatoire.

Des signes émotionnels 

Le cheval stressé peut exprimer des émotions négatives, telles que :

  • l’anxiété, 
  • la frustration, 
  • la colère, la tristesse, 
  • la dépression, etc. 

Il peut aussi perdre sa motivation, sa confiance, son envie d’apprendre, son plaisir, etc. 

Il peut être difficile de reconnaître les émotions du cheval, mais certains indices peuvent nous aider, tels que :

  • l’expression du visage, 
  • le langage corporel, 
  • le regard, 
  • le son, etc.

Quels sont les effets du stress chez le cheval ?

Le stress chez le cheval peut avoir des conséquences négatives sur sa santé et son bien-être, qui peuvent affecter son comportement, sa performance, sa reproduction ou sa santé.

Des troubles du comportement 

Le cheval stressé peut adopter des comportements anormaux, répétitifs ou stéréotypés, tels que cités ci-dessus. Ces comportements peuvent entraîner des blessures ou des lésions chez le cheval ou son entourage.

Des troubles de la performance 

Le cheval stressé peut montrer de la nervosité, de l’agressivité, de la peur, de la résistance, de la fuite, de l’apathie, etc. lors du travail ou de la compétition. Ces réactions peuvent diminuer :

  • son écoute, 
  • sa concentration,
  • sa coordination, 
  • sa souplesse, 
  • sa vitesse, 
  • son endurance, etc. 

Elles peuvent aussi augmenter son risque de blessure ou de fatigue. Le cheval stressé peut donc être moins performant, moins motivé et moins plaisant à monter.

Des troubles de la reproduction 

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Le cheval stressé peut présenter des perturbations du cycle sexuel, de la libido, de la fertilité, de la gestation ou de la lactation. Le stress peut affecter la production ou la qualité des hormones, des gamètes, du placenta ou du lait chez le cheval. 

Il peut aussi influencer le comportement sexuel, maternel ou social du cheval. Le cheval stressé peut donc avoir des difficultés à se reproduire, à porter ou à élever ses poulains.

Des troubles de la santé 

Le cheval stressé peut présenter :

  • une baisse de l’immunité
  • une perte d’appétit
  • des troubles digestifs (coliques, ulcères, diarrhées), 
  • une perte de poids
  • une chute de poils, etc. 

Des troubles cognitifs

Une étude réalisée par l’Université de Bristol examine l’effet du stress sur la cognition et la mémoire chez le cheval. 

Elle montre que le stress aigu, induit par une séparation sociale ou un bruit intense, altère la capacité du cheval à résoudre des problèmes et à se souvenir d’informations. Elle suggère que le stress chronique, lié à des conditions de vie inadaptées, peut avoir des effets similaires ou pires. 

Comment aider un cheval stressé ?

Pour aider un cheval stressé, il faut d’abord identifier la cause de son stress et essayer de la supprimer ou de la réduire. Il faut aussi respecter les besoins naturels du cheval, en lui offrant une alimentation adaptée, un environnement sécurisé et confortable, et des interactions sociales avec d’autres chevaux.

Adaptez l’alimentation du cheval à son âge, sa race et son activité. 

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Pour ce faire :

  • Privilégiez les fourrages de qualité, qui apportent des fibres et des nutriments essentiels,
  • Évitez les concentrés riches en glucides, qui peuvent provoquer des troubles digestifs ou des pics de glycémie. 
  • Fractionnez les repas en plusieurs fois par jour
  • Veillez à ce que le cheval ait toujours accès à de l’eau propre et fraîche 

Offrez au cheval un environnement sécurisé et confortable

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Offrez au cheval un environnement sécurisé et confortable, qui respecte ses besoins physiologiques et comportementaux en :

  • Lui permettant de vivre en extérieur, avec un abri, de l’ombre, et un sol adapté. 

Une étude réalisée par l’Université de Guelph compare le niveau de stress et le comportement de chevaux de course « standard bred » entraînés sur un tapis roulant ou sur une piste. Elle révèle que les chevaux entraînés sur un tapis roulant ont un niveau de stress plus élevé, mesuré par le taux de cortisol et la fréquence cardiaque, que les chevaux entraînés sur une piste. 

Elle observe aussi que les chevaux entraînés sur un tapis roulant ont plus de comportements indésirables, comme le refus de s’engager, le mordillement ou le piétinement. Elle conclut que le tapis roulant n’est pas une méthode d’entraînement optimale pour le bien-être du cheval.

  • Lui fournissant des stimuli environnementaux, tels que des jouets, des branches, des pierres à sel, etc. 
  • Évitant les sources de bruit, de lumière ou de température excessifs, qui peuvent perturber son rythme biologique.

Favorisez la socialisation du cheval avec d’autres chevaux

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Favorisez la socialisation du cheval avec d’autres chevaux, qui lui apportent du soutien, de l’affection et de l’éducation en :

  • Lui permettant de vivre en groupe, avec des congénères compatibles, et de communiquer avec eux par le langage corporel, le son, l’odorat, etc. 
  • Évitant de le séparer brutalement de ses compagnons, ou de le changer fréquemment de groupe 

Adaptez le travail du cheval à son niveau, ses capacités et ses besoins. 

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Pour ce faire :

  • Proposez-lui des exercices variés, ludiques et progressifs, qui stimulent son physique et son mental, et renforcent sa confiance et sa motivation. 
  • Respectez son rythme d’apprentissage
  • Récompensez-lui pour ses efforts. 
  • Évitez de le soumettre à des contraintes excessives, répétitives, contraignantes ou contradictoires, qui peuvent générer du stress, de la douleur, de la fatigue ou de la peur 

Utilisez des compléments alimentaires calmants pour le cheval

Utilisez des compléments alimentaires calmants pour le cheval, qui facilitent la manipulation et l’exploitation du cheval. Il existe des produits naturels, non dopants, qui favorisent la décontraction sans diminuer le brillant et les réflexes du cheval. 

Ces produits peuvent être utiles dans des situations particulières, telles que le transport, la tonte, la compétition, etc. Il faut cependant les utiliser avec précaution, et toujours demander l’avis d’un vétérinaire.  

Utilisez des méthodes de désensibilisation

Une étude réalisée par l’Université de Milan évalue l’effet de la musique sur le stress et le comportement du cheval. 

Elle montre que la diffusion de musique classique dans les écuries diminue le niveau de stress, mesuré par le taux de cortisol et la fréquence respiratoire, et améliore le comportement du cheval, mesuré par le nombre de contacts sociaux, de comportements exploratoires et de repos. 

Elle indique que la musique classique a un effet apaisant et relaxant sur le cheval, et qu’elle peut être utilisée comme un outil de bien-être animal.

Donnez au cheval des médicaments anti-stress

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Le vétérinaire peut prescrire des médicaments ou des compléments alimentaires qui peuvent réduire le stress chez le cheval, tels :

  • Le chlorure de magnésium, qui est un minéral à effet relaxant et antispasmodique, peut réduire le stress, l’anxiété, la nervosité et l’irritabilité chez le cheval.
  • Le tryptophane, qui est un acide aminé à effet calmant et apaisant, peut améliorer la concentration, la motivation et la performance chez le cheval.
  • L’hydrolysat trypsique de protéine de lait, qui est un extrait de protéine de lait ayant un effet anxiolytique et sédatif, peut réduire le stress, la peur, l’agressivité et les comportements indésirables chez le cheval.
  • Les phéromones équines, qui sont des substances chimiques produites par la jument pour calmer son poulain. Elles ont un effet rassurant et sécurisant, et elles peuvent réduire le stress, la nervosité, la peur et la résistance chez le cheval.
  • Les plantes médicinales, qui sont des végétaux aux propriétés thérapeutiques. Il existe de nombreuses plantes qui peuvent avoir un effet bénéfique sur le stress chez le cheval, comme :
  1. l’anémone, 
  2. l’aubépine, 
  3. le tilleul, 
  4. la verveine, 
  5. la camomille, 
  6. le jasmin, 
  7. le gattilier, 
  8. la passiflore, 
  9. la sauge, 
  10. la schisandra, etc. 

Elles peuvent agir sur le système nerveux, le système hormonal, le système digestif, le système immunitaire, etc. Elles peuvent être utilisées sous forme de teintures, d’infusions, de gélules, de granulés, etc

Comment prévenir le stress chez le cheval ? Nos conseils vétérinaires

Pour prévenir le stress chez le cheval, il faut :

  • Respecter ses besoins naturels et lui offrir des conditions de vie adaptées à son bien-être
  • L’éduquer de manière positive, en utilisant le renforcement positif, la désensibilisation et la socialisation. 
  • Lui apprendre à faire face à des situations nouvelles ou inhabituelles, en le rassurant par le calme et la préparation préalable. 
  • Lui donner des repères et une routine stable, en évitant les changements brusques ou fréquents 
  • Lui offrir un cadre de vie qui répond à ses besoins naturels et qui lui procure du confort et de la sécurité
  • Lui permettre de profiter de l’extérieur, avec un endroit confortable. 
  • Éviter les sources de nuisance sonore, lumineuse ou thermique, qui peuvent dérégler son horloge biologique. 
  • Lui permettre de nouer des liens sociaux avec d’autres chevaux, qui lui offrent de la compagnie, de l’amour et de l’apprentissage. 
  • Éviter de le séparer brutalement de ses amis, ou de le changer souvent de groupe. 
  • Lui donner des fourrages de qualité, qui lui apportent des fibres et des nutriments essentiels, et éviter les concentrés riches en glucide
  • Demander l’avis de votre vétérinaire avant l’utilisation d’un complément alimentaire. 
  • Lui organiser un travail qui lui convient, qui lui plaît et qui le fait progresser

Références

www.classequine.com

https://audevard.com/espace-sante-cheval/stress-chez-le-cheval

https://www.equideos.fr/trot/blog/le-stress-chez-le-cheval-:-comment-ca-marche

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