Le syndrome naviculaire chez le cheval : tout savoir de cette pathologie qui entraîne des boiteries chez votre animal

Article rédigé par le 1 décembre 2023
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Le syndrome naviculaire chez le cheval est une pathologie des articulations. Il est dû à l’atteinte de l’appareil podotrochléaire. Il se traduit par une boiterie et des douleurs au niveau du pied du cheval.

Le diagnostic du syndrome naviculaire chez le cheval se fait via des tests et des examens médicaux. Le pronostic est réservé lorsque la maladie est diagnostiquée avant 6 ans. Les facteurs favorisants sont, entre autres, des exercices intenses d’obstacles et la nature du sol.

Même si le syndrome naviculaire est une maladie incurable, sa prise en charge reste possible. Les traitements vont en effet arrêter l’évolution des lésions et redonner confort de vie à votre cheval. Pour comprendre tout ce qui concerne cette maladie, suivez-nous.

Les 5 points clés à retenir sur le syndrome naviculaire chez le cheval

  • 1. Le syndrome naviculaire chez le cheval est une maladie qui effraie souvent les propriétaires de chevaux. Elle est la cause la plus fréquente des boiteries chez cette espèce. Elle est due à l’atteinte de l’articulation au niveau de l’appareil podotrochléaire.
  • 2. La dureté du sol ainsi que les intensités des exercices à l’obstacle sont parmi les facteurs favorisants de cette maladie.
  • 3. Le syndrome naviculaire se traduit par quelques symptômes dont les signes cliniques majeurs sont des douleurs au niveau de l’articulation, une boiterie à froid, une allure étriquée du cheval.
  • 4. Le diagnostic est basé sur l’examen clinique moyennant quelques tests  ainsi que des imageries médicales telles que l’IRM, la radiographie et l’échographie.
  • 5. Le syndrome naviculaire est une maladie incurable une fois qu’elle se déclare. Les lésions sont irréversibles et le pronostic est réservé lorsque l’animal est atteint avant 6 ans. Toutefois les médicaments et les moyens de prise en charge comme la pose des fers orthopédiques permettent de stopper l’évolution des lésions et permettent de redonner un confort de vie convenable à votre cheval.

Comprendre le syndrome naviculaire chez le cheval : de quoi s’agit-il ?

Chez le cheval, on appelle « syndrome naviculaire » une atteinte de l’articulation au niveau de l’appareil podotrochléaire. En réalité, la maladie s’appelle « syndrome podotrochléaire ». Les structures touchées peuvent être multiples avec, dans les cas graves, une atteinte de l’ensemble de l’appareil podotrochléaire.

Il s’agit de la cause la plus fréquente de la boiterie chez le cheval.

Quels types ou races de chevaux sont les plus fréquemment atteints par le syndrome naviculaire ?

Même si le syndrome naviculaire survient surtout chez les chevaux de sport et de loisirs, la maladie peut atteindre toutes les autres races à tout âge.

Anatomie pathologique du syndrome naviculaire

L’appareil podotrochléaire, comme sur la photo qui va suivre, est formé : 

  • De l’os sésamoïde distal, appelé également os naviculaire
  • Des petits ligaments sésamoïdiens qui relient l’os sésamoïde aux deux dernières phalanges
  • D’un tendon appelé tendon fléchisseur profond du doigt
  • De la bourse podotrochléaire
  • De la sésamoïde
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La survenue du syndrome naviculaire est ainsi la conséquence d’une lésion au niveau de l’os naviculaire et des structures qui l’entourent. Ces lésions sont notamment : 

  • D’une apparition d’excroissances osseuses à la surface de l’os (exostose)
  • D’une déminéralisation ou perte de matière osseuse

Quels sont les facteurs et les causes du syndrome naviculaire chez le cheval ?

Les causes de cette pathologie chez le cheval

Les causes du syndrome naviculaire sont multiples. Elles font suite pour la plupart à une utilisation sportive intensive de l’animal ou à des causes inconnues.

Les causes les plus connues du syndrome naviculaire qui sont identifiées jusqu’alors, grâce notamment à l’utilisation de l’IRM sont :

  • Une inflammation de la bourse naviculaire
  • Une atteinte de l’os naviculaire notamment par des kystes
  • Une tendinite
  • Une atteinte du ligament sésamoïdien distal

Les facteurs favorisants du syndrome naviculaire

On identifie ainsi plusieurs facteurs favorisants à la survenue de cette pathologie chez le cheval :

  • La nature et dureté du sol

Un sol trop dur ou trop profond favorise l’apparition du syndrome naviculaire chez le cheval

  • La ferrure

Une ferrure de mauvaise qualité et non adaptée à la conformation de votre cheval (par exemple avec une pince trop longue) peut favoriser le syndrome naviculaire en entraînant des tendinites à répétition.

  • Le travail intensif à l’obstacle 

Les réceptions dans ce genre d’exercice, surtout avec un cavalier qui pèse lourd, mettent l’appareil podotrochléaire à rude épreuve.

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Chez le cheval, quels sont les symptômes du syndrome naviculaire?

Les symptômes de cette maladie sont :

  • Une douleur intense au niveau de l’articulation du cheval
  • Une boiterie à froid, même après le repos
  • Une modification de la forme du pied par adaptation du cheval à la douleur, à long terme. On parle alors de « pied contracté »
  • Une boiterie chronique à l’effort, qui peut être intermittente avec des phases douloureuses
  • Une allure étriquée du cheval 
  • Un raccourcissement de la phase postérieure de la foulée lorsqu’on met le cheval au trot
  • En phase chronique de la maladie, le cheval se soulage en plaçant son membre antérieur douloureux plus en avant que la normale c’est-à-dire en protraction

Les premiers symptômes apparaissent vers l’âge de 5 à 10 ans. C’est une maladie qui évolue progressivement pendant plusieurs mois voire plusieurs années. Les membres antérieurs sont les plus atteints. 

On observe rarement une syndrome naviculaire des membres postérieurs. Elle peut être bilatérale (les deux membres) ou unilatérale (un seul membre).

Comment est diagnostiquée le syndrome naviculaire chez le cheval ?

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Par anesthésie du pied

Dans le but de localiser la lésion, et après radiographie du pied pour éliminer la présence d’une éventuelle fracture, le vétérinaire procèdera à une anesthésie appelée anesthésie nerveuse digitale distale via une injection au niveau du paturon de l’animal.

Si après cette anesthésie, l’animal ne boite plus, il y a de fortes chances qu’il s’agisse de syndrome naviculaire.

Par examen clinique

Le vétérinaire considérera quelques signes évocateurs notamment : 

  • Les allures raccourcies du cheval : l’amplitude de la foulée du cheval est réduite
  • Une boiterie plus importante à froid sur un sol dur, et qui diminue à chaud et sur un sol meuble
  • Une asymétrie d’allure

L’examen clinique du cheval atteint de syndrome naviculaire contient trois étapes, et peut se résumer par le schéma qui va suivre. 

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Par le test de la planche

Le test de planche consiste à poser le pied du cheval malade à l’extrémité d’une planche. Ensuite, le membre controlatéral (autre antérieur) sera soutenu par un aide. Le vétérinaire procèdera ensuite au soulèvement progressif de la planche à son extrémité opposée. 

Au fur et à mesure qu’on soulève la planche, le cheval montrera des signes de douleur.

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Par des examens utilisant l’imagerie médicale

Le vétérinaire procèdera par la suite à des examens pour diagnostic de confirmation. Les IRM (technique de choix selon une étude menée par Pons en 2012), l’échographie et la radiographie vont alors confirmer l’existence des lésions au niveau de l’appareil podotrochléaire : 

  • Une atteinte de l’os naviculaire

Il s’agit notamment de fracture, de destruction de tissus osseux ou ostéolyse, d’épaississement du contour de l’os ou sclérose, et de présence d’excroissances osseuses à la surface de l’os (ostéophytes)

  • Une atteinte du tendon 
  • Une atteinte de la bourse naviculaire
  • Une atteinte des ligaments

Prise en charge du syndrome naviculaire chez le cheval

Le traitement dépend des types de lésions. Il est utile de préciser que les traitements ne peuvent pas guérir le cheval mais vont soulager la douleur et stopper l’évolution de la maladie. En effet, le syndrome naviculaire est irréversible et incurable.

Les moyens de prise en charge de cette maladie sont : 

Administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Ceci afin de soulager la douleur chez le cheval. Cependant il est à noter que les AINS sont considérés parmi les substances dopantes pour les chevaux de compétition 

Pose de fers orthopédiques

Illustration dans la photo ci-après. Son objectif est de soulager les talons. Le plus communément utilisé est le fer en œuf comme dans la photo ci-après.

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Adaptation des activités physiques

Une adaptation des activités du cheval ainsi que du sol sera nécessaire. Il faut alors éviter les sols durs et les préférer aux sols meubles. Il faut également faire des échauffements longs et progressifs pour les chevaux de sport.

En cas d’échec de traitement, quelle prise en charge pour mon cheval Docteur ?

Si aucun des traitements préconisés et cités précédemment ne résout efficacement le problème de boiterie et de douleur chez votre cheval, une solution extrême existe. Il s’agit de ce qu’on appelle « névrectomie digitale ». 

Cependant, cette opération n’est pas autorisée dans tous les pays. Elle est par exemple interdite en France. Il est alors important de vérifier la législation concernant cet acte dans le pays d’où vous nous lisez.

La névrectomie digitale consiste à sectionner les nerfs digitaux palmaires. Ce type de traitement ne doit être envisagé qu’en dernier recours car il y a des risques comme la perte de sensibilité des pieds qui augmente le taux de chute. Ce traitement n’est pas indiqué pour les chevaux de compétition car il est considéré comme un dopage chirurgical.

La convalescence du cheval atteint de syndrome naviculaire

La durée de la convalescence qui conditionne la reprise des activités de votre cheval sera déterminée par le vétérinaire en fonction de l’état de ses membres. Dans tous les cas, en ce qui concerne les activités, il faut respecter certaines conditions : 

  • La reprise doit être progressive
  • Les séances devront être rallongées au fur et à mesure sur le plat 
  • Choisir un sol ni trop dur ni trop profond : il faut privilégier un sol ferme et souple
  • Le retour au saut d’obstacle sera envisagé selon la récupération du cheval
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Quel est le pronostic en cas de syndrome naviculaire chez mon cheval ?

Le pronostic dépend : 

  • Du type de lésion
  • De l’âge d’apparition de la pathologie : plus le malade est jeune (moins de 6 ans) et plus le pronostic est réservé

Comment prévenir l’apparition du syndrome naviculaire chez le cheval ?

Des mesures permettent de prévenir l’apparition de cette pathologie :

  • Modérer les exercices en intensité et en durée
  • Eviter les sauts répétés et tout effort violent surtout sur un cheval non échauffé
  • Veiller à fournir une ration équilibrée
  • Parer régulièrement les pieds
  • Faire des visites systématiques auprès de votre vétérinaire pour que ce dernier vérifie l’aplomb de votre cheval et ses allures

Notre avis de vétérinaire sur le syndrome naviculaire chez le cheval

Le cheval a parfois un extraordinaire capacité de compensation lorsque son corps présente un dysfonctionnement. Un œil non averti a du mal à voir des problèmes chez un cheval qui a des pathologies comme le syndrome naviculaire, surtout si celui-ci est unilatéral. En effet, il aura tendance à s’appuyer davantage sur un autre membre pour pallier à sa difficulté.

Ceci fait en sorte que le diagnostic est souvent tardif en cas de syndrome naviculaire chez le cheval. Surtout que les propriétaires de chevaux, dès qu’il y a boiterie, ont tendance à faire de l’automédication avec des anti-inflammatoires. Ces pratiques tendent alors à masquer les symptômes.

Notre conseil est de faire vérifier de manière systématique la santé de votre cheval, plus particulièrement ses organes locomoteurs chez votre vétérinaire.

Références

https://www.cliniqueveterinairesaintromain.fr/publication/show.aspx?item=2126#

Syndrome naviculaire

https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/maladies/appareil-locomoteur/syndrome-naviculaire

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Auteur / autrice

  • Hoby Rabesandratra

    Docteure vétérinaire diplômée de l’Université d’Antananarivo, Faculté de Médecine, Département d’Enseignement des Sciences et de Médecine vétérinaires (DESMV). Détentrice d’un Master de recherche en Sciences, et d'un phD en Sciences de l'Université de Liège. Je suis passionnée par la santé, le bien-être animal, l’environnement, mais également par l’écriture d’articles sur les soins des animaux. Je considère comme mission de vie l’éducation du grand public pour un vivre-ensemble harmonieux et dans la santé avec les animaux, aussi bien de compagnie, d'élevage que sauvages.

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