L’ostéochondrose chez le cheval est une maladie qui affecte le cartilage et l’os dans les articulations. Elle affecte les chevaux en croissance (jusqu’à l’âge de 20 mois). Elle peut causer des troubles comme la boiterie, la douleur ou l’arthrose.
Elle peut avoir plusieurs causes, comme la génétique, l’alimentation, l’activité physique ou une maladie métabolique. Il existe deux méthodes de traitement : le traitement chirurgical, qui consiste à retirer les anomalies articulaires, et le traitement conservateur, qui repose sur des médicaments et des mesures de prévention.
La prévention de l’ostéochondrose passe par une alimentation adaptée, un contrôle du poids, une activité physique modérée et un suivi vétérinaire régulier. Dans cet article, nous allons vous présenter les aspects essentiels de l’ostéochondrose chez le cheval.
L’ostéochondrose chez le cheval : 8 points à retenir
Qu’est-ce que l’ostéochondrose chez le cheval ?
L’ostéochondrose est une maladie qui se développe lors de la croissance du cheval, et qui affecte le cartilage et l’os dans les articulations. Elle se caractérise par un défaut d’ossification des cartilages articulaires, donnant lieu à des malformations :
- L’ostéochondrose disséquante se caractérise par la présence de fragments de cartilages dans l’articulation concernée.
- L’ostéochondrose kystique se caractérise par la formation d’une kyste osseuse au niveau de l’os sous-chondral (os en contact direct du cartilage articulaire).
L’ostéochondrose fait partie des Anomalies Ostéo-Articulaires Juvéniles (AOAJ), qui regroupent tous les troubles orthopédiques du cheval pendant sa croissance et son développement. Elle touche principalement l’articulation du jarret, du boulet et du grasset.
Physiologie de la croissance osseuse
Le cartilage est un tissu souple et élastique qui recouvre les extrémités des os et permet le mouvement des articulations. L’os est un tissu dur et résistant qui constitue le squelette du cheval.
Lors de la croissance du cheval, le cartilage se transforme en os grâce à un processus appelé ossification. Ce processus implique des cellules spécialisées appelées chondrocytes, qui produisent du cartilage, et des ostéoblastes, qui produisent de l’os. Le processus d’ossification se déroule en plusieurs étapes :
- La formation du cartilage : Le cartilage est vascularisé par des capillaires sanguins qui apportent des nutriments et de l’oxygène aux chondrocytes.
- La maturation du cartilage : Les chondrocytes sécrètent des facteurs de croissance qui stimulent la prolifération des ostéoblastes.
- La calcification du cartilage : Les chondrocytes produisent des enzymes qui libèrent du phosphate de calcium, qui se dépose dans la matrice cartilagineuse.
- La formation de l’os : les ostéoblastes migrent vers les zones de cartilage calcifié et produisent de l’os, qui remplace progressivement le cartilage.
L’ossification du cartilage se produit principalement au niveau des zones de croissance, appelées épiphyses, situées aux extrémités des os longs.
L’ossification se termine lorsque les épiphyses se soudent aux diaphyses, qui sont les parties centrales des os longs. Ce phénomène, appelé soudure épiphysaire, marque la fin de la croissance du cheval.
Quelles sont les causes possibles de l’ostéochondrose chez le cheval ?
L’ostéochondrose peut avoir plusieurs causes, qui peuvent agir de façon concomitante.
La génétique
Certains chevaux sont plus prédisposés que d’autres à développer de l’ostéochondrose, en raison de leur race, de leur sexe ou de leur héritage génétique. Par exemple, les chevaux de sport et de course, les mâles et les descendants de chevaux atteints sont plus à risque.
Notamment, selon la race, il y a prédisposition du Selle Français, du Pur-sang et du Trotteur français. Ces races n’ont pas les mêmes articulations atteintes par l’ostéochondrose. Par exemple, les Trotteurs auraient plus de risque d’avoir de l’ostéochondrose au niveau du jarret.
L’alimentation
Une alimentation déséquilibrée ou trop riche peut perturber le processus d’ossification du cartilage chez le jeune cheval. En particulier, un excès ou un déficit en certains minéraux, comme le calcium, le phosphore ou le cuivre, peut avoir des conséquences néfastes sur le développement du squelette.
L’activité physique
Un exercice trop intense ou trop précoce peut solliciter excessivement les articulations du cheval en croissance, et favoriser l’apparition de lésions ou de fractures du cartilage. A l’inverse, un manque d’exercice peut entraîner une faible vascularisation du cartilage, et limiter son apport en nutriments
Une maladie métabolique
Certaines maladies qui affectent le métabolisme du cheval, comme le syndrome métabolique équin, l’hypothyroïdie ou le diabète, peuvent altérer la qualité du cartilage et de l’os, et augmenter le risque d’ostéochondrose.
En effet, le syndrome métabolique équin et le diabète prédispose le cheval à une résistance à l’insuline. Alors que l’insuline fait partie des hormones qui favorisent la croissance osseuse. La résistance à l’insuline peut causer ainsi une anomalie de l’ossification des cartilages.
Les hormones thyroïdiennes sont responsables de la régulation du métabolisme phosphocalcique. Or, l’ossification des cartilages dépend du calcium et du phosphore. L’hypothyroïdie qui se traduit par une diminution de la sécrétion des hormones thyroïdiennes peut causer ainsi un trouble de l’ossification.
Comment apparaît l’ostéochondrose chez le cheval ?
L’ostéochondrose chez le cheval est une maladie qui se caractérise par un défaut d’ossification du cartilage, qui peut entraîner des anomalies articulaires comme des fragments libres ou des kystes. Elle se produit lorsque le processus d’ossification du cartilage est perturbé, et que le cartilage ne se transforme pas correctement en os.
Il existe plusieurs facteurs qui peuvent perturber ce processus, comme la génétique, l’alimentation, l’activité physique ou une maladie métabolique. Ces facteurs peuvent affecter la qualité, la quantité ou la vascularisation du cartilage, et empêcher son ossification normale.
Lorsque le cartilage n’est pas ossifié, il peut rester trop épais, se fissurer, se détacher ou former des kystes. Ces anomalies peuvent alors entraîner des lésions au niveau de l’articulation, comme une inflammation, une usure, une déformation ou une instabilité.
Ces lésions peuvent provoquer des douleurs, des boiteries, des gonflements ou des raideurs chez le cheval. Elles peuvent aussi favoriser le développement de l’arthrose, qui est une dégénérescence du cartilage et de l’os, qui entraîne une perte de fonction de l’articulation.
Comment se manifeste l’ostéochondrose chez le cheval ?
Les principaux signes cliniques qui peuvent révéler un ostéochondrose chez le cheval sont :
Un gonflement de l’articulation concernée
C’est le symptôme le plus fréquent, qui peut être visible à l’œil nu ou palpable. Il peut être dû :
- à une inflammation de la membrane synoviale, qui tapisse l’articulation,
- ou à une accumulation de liquide synovial, qui lubrifie l’articulation.
Le gonflement peut être indolore au début, mais devenir douloureux si le fragment ou le kyste irrite l’articulation.
Une boiterie d’intensité variable
C’est le symptôme le plus évident, qui peut apparaître lors de la mise au travail du jeune cheval ou lors d’un effort intense. La boiterie peut être :
- intermittente ou permanente,
- légère ou sévère, selon le degré de l’atteinte.
Elle peut être aggravée par la flexion ou l’extension de l’articulation, ou par le changement de direction. La boiterie peut être absente chez certains chevaux, ou masquée par une raideur ou une réduction du mouvement
Une douleur au niveau de l’articulation atteinte
C’est le symptôme le plus difficile à détecter, car le cheval ne peut pas l’exprimer verbalement. La douleur peut être évaluée par des tests de flexion ou de palpation de l’articulation, qui peuvent provoquer une réaction du cheval, comme :
- un recul,
- un grincement de dents,
- une oreille couchée
- ou une ruade.
La douleur peut aussi être déduite par des signes indirects, comme une modification du comportement, de l’appétit, du sommeil ou de la performance du cheval.
Une inflammation de l’articulation atteinte
C’est le symptôme le plus tardif, qui peut apparaître lorsque la lésion est ancienne ou sévère. L’inflammation peut se traduire par :
- une rougeur,
- une chaleur
- ou une sensibilité de l’articulation, qui peut être perceptible au toucher ou à la thermographie.
L’inflammation peut aussi entraîner une dégradation du cartilage et de l’os, qui peut conduire à l’arthrose, une maladie chronique et irréversible de l’articulation.
L’ostéochondrose chez le cheval est donc une maladie qui peut se manifester par des symptômes variés, qui peuvent être discrets ou évidents, isolés ou associés, selon les cas.
Une étude réalisée par l‘IFCE montre que l’évolution des lésions d’ostéochondrose chez les chevaux de sport âgés de plus d’un an est variable selon les articulations. Certaines lésions peuvent disparaître ou régresser, tandis que d’autres peuvent persister ou s’aggraver.
L’étude suggère que la surveillance radiographique des articulations les plus touchées (boulets, jarrets et grassets) est nécessaire pour adapter le traitement et le pronostic des chevaux atteints d’ostéochondrose.
Comment le vétérinaire fait le diagnostic de l’ostéochondrose chez le cheval ?
Le diagnostic de l’ostéochondrose chez le cheval repose sur plusieurs méthodes, qui peuvent être combinées selon les cas.
L’examen clinique
Il consiste à :
- observer le cheval au repos et au travail,
- palper les articulations,
- réaliser des tests de flexion
- évaluer la douleur.
L’examen clinique permet de détecter les signes de l’ostéochondrose, comme un gonflement, une boiterie, une raideur ou une sensibilité de l’articulation. Il permet aussi de localiser l’articulation atteinte et de suspecter le type de lésion.
La radiographie
Elle consiste à prendre des images des os et des articulations du cheval à l’aide de rayons X. La radiographie permet de :
- confirmer le diagnostic de l’ostéochondrose,
- visualiser les anomalies du cartilage et de l’os, comme les fragments, les kystes ou les remodelages,
- mesurer leur taille et leur nombre.
La radiographie est la méthode la plus courante et la plus fiable pour détecter l’ostéochondrose chez le cheval.
L’échographie
Elle consiste à prendre des images des tissus mous du cheval à l’aide d’ondes sonores. L’échographie permet de compléter la radiographie, en visualisant les structures cartilagineuses, synoviales et ligamentaires de l’articulation.
L’échographie permet de détecter les anomalies du cartilage, comme les fissures ou les décollements, et de mesurer leur profondeur et leur étendue.
Elle permet aussi de détecter les signes d’inflammation de l’articulation, comme l’épaississement de la membrane synoviale ou l’augmentation du liquide synovial.
L’arthroscopie
Elle consiste à introduire une petite caméra dans l’articulation du cheval à travers une incision cutanée. L’arthroscopie permet de visualiser directement l’intérieur de l’articulation, et de détecter les anomalies du cartilage et de l’os, comme les fragments, les kystes ou les ulcérations.
L’arthroscopie permet aussi de réaliser un traitement chirurgical de l’ostéochondrose, en retirant les fragments ou les kystes, ou en stimulant la cicatrisation du cartilage. C’est la méthode la plus invasive, mais aussi la plus précise et la plus efficace pour détecter et traiter l’ostéochondrose chez le cheval.
Le choix de la méthode dépend du vétérinaire, du cheval, de l’articulation et de la lésion concernés.
Comment prendre en charge de l’ostéochondrose chez le cheval ?
Le traitement de l’ostéochondrose chez le cheval est une question qui dépend :
- du type,
- de la localisation,
- de la sévérité de la lésion,
- de l’âge,
- de l’état de santé
- et de l’activité du cheval.
Il existe deux méthodes principales de traitement : le traitement chirurgical, qui consiste à retirer les fragments ou les kystes, et le traitement conservateur, qui repose sur des anti-inflammatoires, des chondroprotecteurs et des mesures de prévention.
Le traitement chirurgical
Il s’agit de la méthode la plus invasive, mais aussi la plus efficace et la plus rapide pour traiter l’ostéochondrose. Il consiste à introduire une petite caméra dans l’articulation du cheval à travers une incision cutanée, et à retirer les fragments ou les kystes à l’aide d’une pince ou d’un burin.
Le traitement chirurgical permet de soulager la douleur, de réduire l’inflammation, de restaurer la fonction de l’articulation et de limiter le risque d’arthrose. Il nécessite une anesthésie générale, une hospitalisation et un suivi post-opératoire du cheval avec des traitements médicamenteux adaptés.
Il présente aussi des risques de complications, comme des :
- infections,
- saignements,
- lésions nerveuses
- récidives
Le traitement conservateur
Il s’agit de la méthode la moins invasive, mais aussi la moins efficace et la plus longue pour traiter l’ostéochondrose. Il consiste à administrer :
- Des anti-inflammatoires, comme des corticoïdes ou des AINS, par voie orale, injectable ou intra-articulaire, pour réduire la douleur et l’inflammation.
- Des chondroprotecteurs, comme de la glucosamine, de la chondroïtine ou de l’acide hyaluronique, par voie orale ou intra-articulaire, pour protéger et stimuler la régénération du cartilage.
Il consiste enfin à mettre en place des mesures de prévention, comme :
- une alimentation adaptée,
- un contrôle du poids,
- une activité physique modérée
- un suivi vétérinaire régulier.
Le traitement conservateur permet de ralentir l’évolution de la maladie, de maintenir la mobilité de l’articulation et de retarder l’apparition de l’arthrose.
Il présente aussi des risques d’effets secondaires, comme des :
- ulcères gastriques,
- troubles rénaux ,
- résistances aux médicaments
Comment prévenir l’ostéochondrose chez le cheval ?
La prévention de l’ostéochondrose chez le cheval repose sur plusieurs mesures, qui visent à limiter les facteurs de risque qui peuvent perturber le processus d’ossification du cartilage.
Assurez une alimentation adaptée pour la poulinière et le poulain
L’alimentation est un facteur de risque très important pour le développement de l’ostéochondrose. Il s’agit non seulement de l’alimentation du jeune cheval mais également de celle de sa mère lors de la gestation et de la lactation.
Pour la poulinière, il faut veiller à respecter les besoins nutritionnels de la jument, et à éviter les carences ou les excès de certains minéraux, comme le calcium, le phosphore ou le cuivre.
Pour le poulain, il faut éviter une alimentation trop riche en énergie et surtout en amidon, qui peut favoriser une croissance trop rapide et une perturbation du métabolisme du cartilage. Il faut également respecter les besoins en minéraux du poulain, et lui fournir des compléments adaptés si nécessaire.
Contrôler le poids du cheval
Le poids du cheval est un autre facteur de risque pour l’ostéochondrose, car il influe sur la pression exercée sur les articulations. Il faut donc éviter le surpoids ou l’obésité chez le cheval, qui peuvent augmenter le risque d’ostéochondrose et d’arthrose.
Il faut également éviter la sous-nutrition chez le cheval, qui peut entraîner une carence en minéraux et une fragilité du squelette. Il faut donc surveiller régulièrement le poids du cheval, et adapter son alimentation en fonction de son état corporel.
Limiter l’activité physique lors de la croissance du cheval
L’activité physique est un facteur de risque ambivalent pour l’ostéochondrose, car il peut avoir des effets bénéfiques ou néfastes selon son intensité et sa fréquence. Il faut donc trouver un juste équilibre entre :
- une activité physique modérée, qui permet de stimuler la vascularisation et la nutrition du cartilage,
- et une activité physique excessive, qui peut provoquer des traumatismes ou des fractures du cartilage.
Il faut donc éviter les exercices trop intenses ou trop précoces chez le jeune cheval, qui peuvent solliciter excessivement les articulations en croissance. Il faut également éviter le manque d’exercice chez le cheval, qui peut entraîner une faible vascularisation du cartilage et une diminution de son apport en nutriments.
Effectuer un suivi vétérinaire régulier
Le suivi vétérinaire est essentiel pour prévenir et dépister l’ostéochondrose chez le cheval. Il permet de :
- réaliser des examens cliniques et des examens complémentaires, comme la radiographie ou l’échographie, qui peuvent détecter les anomalies du cartilage et de l’os, et évaluer leur sévérité.
- mettre en place un traitement adapté, qui peut être chirurgical ou conservateur, selon le type et la localisation de la lésion.
- donner des conseils personnalisés au propriétaire du cheval, en fonction de son alimentation, de son activité physique, de sa génétique et de son état de santé général.
L’ostéochondrose chez le cheval : nos avis vétérinaires
Pour prévenir l’ostéochondrose chez le cheval, il faut veiller sur l’héritabilité de la maladie, ainsi que la nutrition de la poulinière et du poulain.
Dépistage génétique
Nous vous conseillons ainsi de faire un dépistage génétique de l’ostéochondrose avant de mettre à la reproduction les chevaux.
Une étude réalisée par Bruneau se penche sur la possibilité de diminuer l’incidence de l’ostéochondrose chez le cheval par la sélection génétique. Elle fait le point sur les connaissances actuelles sur les mécanismes, les facteurs de risque et les marqueurs de la maladie, ainsi que sur les méthodes de prévention et de traitement.
Elle souligne l’importance de l’héritabilité, des SNP (polymorphismes nucléotidiques simples), des GWAS (études d’association pangénomiques), du séquençage d’ADN, de la modélisation biostatistique et de l’analyse protéomique pour la recherche sur l’ostéochondrose.
Elle propose des pistes pour la gestion d’élevage, notamment la nutrition, le choix des reproducteurs, le protocole de mise au travail et le suivi pré et post natal.
Nous vous conseillons aussi de ne pas faire reproduire les chevaux atteints d’ostéochondrose, vu que la maladie présente un facteur génétique.
Alimentation
Nous recommandons une ration pour le poulain contenant :
- 6 UF (unité fourragère) par jour, avec 600 g de MAD (matière azotée digestible) en tenant compte de la teneur en lysine (un acide aminé limitant) du fourrage. Il est donc important d’analyser les valeurs nutritionnelles des fourrages.
- 50 g de calcium par jour, avec un rapport phosphocalcique (Ca/P) situant entre 1,5 à 2
- Un complément en cuivre et en zinc car le cuivre joue un grand rôle dans la modélisation osseuse, alors que le lait maternel ne contient pas de cuivre.
Nous vous recommandons aussi de bien veiller sur l’apport en cuivre pour la mère durant la gestation, car c’est le cuivre stocké dans le foie durant la vie fœtale qui assure le besoin en cuivre du poulain nouveau-né.
Références
MSD Veterinary Manual