Myosite des muscles masticateurs chez le chien: causes, symptômes et traitements efficaces

Article rédigé par le 1 décembre 2023
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La myosite des muscles masticateurs, également connue sous le nom de myosite atrophique, est une affection inflammatoire affectant les muscles masticateurs du chien.

On pense que la myosite des muscles masticateurs est liée à une réaction auto-immune, où le système immunitaire du chien attaque ses propres muscles.

Cette condition peut entraîner une douleur et une atrophie musculaire, principalement au niveau des muscles temporaux et masséters.

Il est important de consulter un vétérinaire dès l’apparition de symptômes pour obtenir un diagnostic précis et commencer le traitement approprié. Lisez l’article et découvrez les causes, les symptômes et les traitements possibles en cas de détection de la maladie.

07 Points clés de cet article

  1. La myosite des muscles masticateurs, également connue sous le nom de myosite atrophique, est une affection inflammatoire affectant les muscles masticateurs du chien.
  2. Histologiquement, on peut voir des cellules inflammatoires et des éosinophiles, c’est pourquoi on l’appelle aussi myosite éosinophile. 
  3. Ce trouble de santé est donc la conséquence d’une maladie auto-immune chez le chien.
  4. La myosite des muscles masticateurs ne se déclare généralement que chez le chien adulte.
  5.  Le Cavalier King Charles Spaniel, peut être victime d’une forme juvénile (à partir de 10 semaines).
  6. Des douleurs au niveau de la mâchoire, une difficulté à ouvrir la gueule entièrement ou des gémissements durant la mastication peuvent être des signes de la maladie.
  7. Pour traiter une myosite des muscles masticateurson utilise à la fois des corticoïdes et des immunosuppresseurs.

Zoom: muscles masticateurs chez le chien

La mastication chez le chien est principalement assurée par deux groupes de muscles : les muscles masticateurs et les muscles ptérygoïdiens. Ces muscles travaillent en coordination pour permettre au chien de mâcher efficacement les aliments.

  1. Muscles Masticateurs :
    • Les muscles masticateurs comprennent le muscle temporal, le muscle masséter et le muscle ptérygoïdien médial. Ces muscles sont responsables de la fermeture de la mâchoire et de la mastication des aliments.
  2. Muscles Ptérygoïdiens :
    • Les muscles ptérygoïdiens comprennent le muscle ptérygoïdien latéral et le muscle ptérygoïdien médial. Ces muscles, situés à l’intérieur de la bouche, contribuent également aux mouvements de la mâchoire et à la mastication.

Qu’est-ce que la myosite des muscles masticateurs chez le chien  ?

Myosite des muscles masticateurs : il s’agit d’une pathologie auto-immune qui entraîne une dégénérescence et une atrophie des muscles masticateurs; plus simplement une diminution du volume d’un muscle, une fonte musculaire.

Histologiquement, on peut voir des cellules inflammatoires et des éosinophiles, c’est pourquoi on l’appelle aussi myosite éosinophile.

Elle peut se présenter de manière aiguë (principalement des symptômes de douleur et, dans certains cas, de la fièvre) et de manière chronique (principalement des signes d’atrophie musculaire). Elle se caractérise par une perte de la masse musculaire au niveau du visage.

Le saviez-vous?


La myosite des muscles masticateurs est limitée aux muscles masticateurs parce qu’ils ont une structure moléculaire, appelée fibres musculaires 2M, que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le corps du chien.

Cette affection survient lorsque les anticorps du système immunitaire ciblent spécifiquement ces fibres musculaires 2M.

Sans aucune prise en charge vétérinaire, un chien atteint de cette maladie ne peut, tout simplement, plus ouvrir la gueule.

Causes de la myosite des muscles masticateurs

Les causes de cette affection ne sont pas toujours claires, mais plusieurs facteurs peuvent contribuer à son développement.

Voici quelques causes possibles de la myosite des muscles masticateurs chez le chien:

  • Cause Auto-immune : On pense que la myosite des muscles masticateurs pourrait résulter d’une réaction auto-immune, où le système immunitaire du chien attaque ses propres cellules musculaires. Cela peut conduire à une inflammation et à une destruction des tissus musculaires.
  • Facteurs Génétiques : Certains chiens, en particulier certaines races, peuvent être génétiquement prédisposés à développer des maladies auto-immunes, y compris la myosite des muscles masticateurs.
  • Facteurs Environnementaux : Certains facteurs environnementaux, tels que des infections virales ou bactériennes, peuvent déclencher une réponse immunitaire anormale chez certains chiens prédisposés.
  • Alimentation : Certains chercheurs ont suggéré que des facteurs alimentaires pourraient jouer un rôle dans le développement de la myosite des muscles masticateurs. Cependant, ces hypothèses nécessitent encore des recherches approfondies.
  • Réactions Médicamenteuses : Dans certains cas, des réactions indésirables à certains médicaments peuvent provoquer une inflammation musculaire, y compris dans les muscles masticateurs.

Prédisposition à la myosite des muscles masticateurs chez le chien

Il est important de se rappeler que la myosite du muscle masticateur peut survenir dans n’importe quelle race et n’importe quel sexe.

Cependant, certaines races de chiens sont génétiquement plus prédisposées à développer des réactions auto-immunes, y compris la myosite du muscle masticateur.

Ces races sont les suivantes:

  • Golden Retrievers 
  • Cavalier King Charles Spaniel 
  • Dobermans
  • German Shepherds
  • Weimaraner 
  • Berger allemand
  • Les déclencheurs présumés de la myosite des muscles masticateurs chez le chien sont les suivants : infection bactérienne ou virale, vaccinations, stress, exposition à des allergènes, réactions à des médicaments et exposition à des toxines environnementales.

Malheureusement, la plupart du temps, le véritable déclencheur de la maladie ne sera jamais connu.

Dans une étude de 2005, le Dr Diane Shelton, certifiée en médecine interne vétérinaire, a conclu :

« Lors d’une recherche dans la base de données du Comparative Neuromuscular Laboratory entre 2001 et 2005, une myosite du muscle masticateur a été confirmée chez 11 jeunes Cavalier King Charles Spaniels, avec une apparition à l’âge de moins de 6 mois. Dans plusieurs cas, elle s’est déclarée dans les 10 jours suivant les vaccinations.

Signes révélateurs de la myosite des muscles masticateurs chez le chien

La myosite des muscles masticateurs chez le chien peut présenter divers symptômes, souvent associés à une inflammation et à une douleur au niveau des muscles impliqués.

Voici quelques-uns des symptômes courants de cette condition :

  • Douleur faciale : Les chiens atteints de myosite des muscles masticateurs peuvent présenter une douleur au niveau du visage, en particulier autour de la mâchoire et des muscles temporaux.
  • Difficulté à ouvrir la bouche : En raison de la douleur, le chien peut montrer une réticence à ouvrir la bouche complètement.
  • Atrophie musculaire dans la phase chronique : Une atrophie des muscles masticateurs peut se produire au fil du temps. Cela peut donner au crâne du chien une apparence concave.
  • Difficulté à mâcher : En raison de la douleur et de la faiblesse musculaire, le chien peut avoir du mal à mâcher correctement. Il peut montrer une aversion pour les aliments durs et préférer des aliments mous.
  • Bave excessive : Certains chiens peuvent saliver de manière excessive en raison de la difficulté à mâcher et à avaler.
  • Sensibilité au toucher : Les muscles masticateurs peuvent être sensibles au toucher, et le chien peut réagir négativement lorsqu’on touche cette région.
  • Perte d’appétit : En raison de la douleur et de l’inconfort, le chien peut perdre de l’appétit.
  • Un gonflement des muscles masticateurs est souvent présent et peut causer une exophtalmie (œil un peu plus sorti) secondaire.

Le diagnostic de la myosite des muscles masticateurs

Le diagnostic est basé sur l’examen neurologique et l’histoire de l’animal. Une élévation de la CK (créatinine kinase), une enzyme musculaire, peut être observée.

Pour obtenir un diagnostic définitif, un dosage des anticorps anti fibre 2M peut être réalisé.

  • Dans certains cas chronique ou ayant reçu des antiinflammatoires stéroïdiens, il est cependant possible que le taux d’anticorps soit normal.

En addition, des biopsies des muscles masticateurs sont réalisées pour confirmer le diagnostic.

Un CT-scan ou une IRM de la tête peuvent permettre d’identifier les muscles atteints. Une étude a montrée que L’IRM est cependant considérée comme la meilleure modalité d’imagerie pour identifier le MMM chez le chien, car elle permet une détection précoce des muscles atteints

Dr. Federica Tirrito Dans un article de septembre 2022, des cliniciens italiens (Martin Di Tosto, Carolina Callegari, Kaspar Matiasek, Giuseppe Lacava, Giovanna Salvatore, Sara Muñoz Declara, Barbara Betti, Federica Tirrito rapportent l’étude de cas d’un épagneul cavalier King Charles mâle de 5 mois présentant une incapacité à fermer la mâchoire, ainsi qu’une léthargie et des difficultés à tenir la nourriture dans sa bouche (préhension).

Il s’agit du premier cas décrivant une ptose mandibulaire chez un chien atteint de MMM chronique, traitée avec succès par un traitement médical, et du premier rapport décrivant les résultats du scanner et de l’IRM chez un jeune CKCS atteint de MMM.

Ces examens sont surtout utiles pour exclure les autres causes pouvant causer une douleur à l’ouverture de la mâchoire (fracture de mâchoire, luxation temporo-mandibulaire …) et pour sélectionner les muscles à biopsier.

Options de traitement et pronostic

Traitements de la myosite des muscles masticateurs chez le chien

Le traitement de la myosite des muscles masticateurs chez le chien vise généralement à réduire l’inflammation, à soulager la douleur et à améliorer la qualité de vie de l’animal.

Voici quelques options de traitement qui peuvent être envisagées :

  • Corticostéroïdes : Les corticostéroïdes, tels que la prednisone, sont souvent prescrits pour réduire l’inflammation et supprimer la réponse immunitaire anormale. Ces médicaments peuvent être administrés à des doses spécifiques pendant une période déterminée.
  • Analgesiques : Des analgésiques peuvent être prescrits pour soulager la douleur associée à la condition. Certains médicaments, tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), peuvent être utilisés en complément du traitement.
  • Thérapie Physique : La physiothérapie peut être recommandée pour aider à maintenir la mobilité des muscles masticateurs et pour prévenir une atrophie musculaire excessive. Des exercices spécifiques peuvent être recommandés.
  • Alimentation Adaptée : Si le chien a des difficultés à mâcher en raison de la douleur, une alimentation molle ou adaptée peut être recommandée. Des aliments faciles à manger peuvent aider à prévenir la perte de poids et à maintenir la nutrition adéquate.
  • Soins de Soutien : Des soins de soutien, tels que des lits confortables et des environnements calmes, peuvent contribuer au bien-être général du chien pendant le traitement.
  • Surveillance Régulière : Un suivi régulier par le vétérinaire est essentiel pour évaluer la réponse au traitement, ajuster les médicaments au besoin et surveiller la progression de la condition.
  • Traitement Immunosuppresseur : Dans certains cas, des médicaments immunosuppresseurs peuvent être prescrits pour moduler la réponse immunitaire. Cependant, ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires et nécessitent une surveillance étroite.

Pronostic

Le pronostic de la myosite de muscles masticateurs est généralement bon si la condition est adressée rapidement. La réponse au traitement est relativement rapide.

Dans certains cas avancés (phase chronique), l’atrophie des muscles masticateurs peut être permanente et causer une diminution de l’amplitude de mouvement au niveau des mâchoires causant des problèmes de préhension et de mastication.

Bonus: recherche actuelle

Mai 2017: Un chiot Cavalier diagnostiqué avec une myosite des muscles masticateurs est traité avec succès avec de la prednisolone pendant 6 mois. Dr Simon TappinDans un article de mai 2017, les Drs Simon Tappin (à droite), Kate Murphy à Langford House, au Royaume-Uni, rapportent le cas d’une femelle épagneul cavalier King Charles de 4 mois présentant « un gonflement facial épisodique, une incapacité progressive à ouvrir la mâchoire et une exopthalmie.

Août 2013: Des chercheurs italiens constatent que l’IRM permet de détecter une myosite précoce du muscle masticateur. Dans un article de septembre 2013, une équipe de chercheurs vétérinaires italiens (Alberto Cauduro [à droite], Favole Paolo, Roberto M. Asperio, Valeria Rossini, Maurizio Dondi, Lucia A. Simonetto, Carlo Cantile, Valentina Lorenzo) rapporte que l’IRM a détecté des « zones hyperintenses étendues, symétriques et inhomogènes dans le muscle masticateur », permettant un diagnostic et un traitement thérapeutique précoces. »

Références

https://vcacanada.com/know-your-pet/masticatory-myositis-in-dogs

https://www.atavik.fr/827-myosite-chien/

https://www.toutoupourlechien.com/myosite-muscles-masticateurs-chien.html

https://www.vettimes.co.uk/article/masticatory-muscle-myositis-in-dogs/

https://www.imaios.com/fr/vet-anatomy/chien/chien-myologie

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Auteur / autrice

  • Melissa Tassadit Raaf

    Docteure vétérinaire diplômée de l'institut vétérinaire de Blida -Algérie- et d'un Master en pathologies dominantes en médecine vétérinaire en 2021.Dans le but de concilier ma passion pour les animaux et mon intérêt pour la santé animale, je ne cesse d’investir temps et énergie dans la cause animale et le fait de travailler en équipe dans le but d’offrir au grand public un site comme celui-ci m’a convaincu de rejoindre le projet. J’ai ainsi pu consolider mes connaissances dans le domaine des pathologies canines afin de sensibiliser et de répondre à la demande des propriétaires sur les maladies pouvant toucher leurs animaux.

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