Comme bon nombre de mammifères, la chienne peut souffrir d’infections, notamment au niveau de son l’appareil génital. Certaines sont relativement bénignes et faciles à soigner, tandis que d’autres sont assez graves. C’est le cas notamment du pyomètre.
Le pyomètre est une infection utérine sévère dans laquelle l’utérus infecté se remplit littéralement de pus, que l’on rencontre effectivement chez des chiennes plutôt âgées et non stérilisées.
La cause principale de cette affection est due à des changements hormonaux dans l’utérus de la chienne qui surviennent après les chaleurs lorsque l’utérus est plus susceptible aux infections bactériennes.
L’expression clinique est variable et va de symptômes frustes à l’urgence absolue. Si le pyomètre n’est pas traité rapidement, il peut aller jusqu’à entraîner le décès de l’animal. Dans cet article, vous apprendrez à reconnaître, traiter et prévenir le pyomètre chez la chienne.
Points clés: à retenir
C’est quoi un pyromètre chez la chienne ?
Un pyomètre, de pyo = pus et metra = utérus, est une accumulation de pus dans l’utérus, la partie de l’appareil génital femelle qui abrite les fœtus lors de la gestation.
Cette infection se produit chez la chienne non stérilisée, généralement quatre semaines à quatre mois après les chaleurs, à une période nommée metoestrus, c’est-à-dire à la période correspondant à la gestation ou à une pseudogestation (en absence de saillie fécondante).
Le saviez-vous?
Un pyomètre est une accumulation de pus dans la lumière de l’utérus.
La quantité de pus peut parfois atteindre plusieurs litres : alors que des cornes utérines normales mesurent 1 à 2 cm de large et 9 à 10 cm de long, elles peuvent se dilater jusqu’à mesurer entre 5 et 10 cm de diamètre selon la taille de la chienne.
Quels sont les causes et les facteurs favorisant l’apparition du pyomètre ?
Le mécanisme d’apparition du pyomètre est relativement mal connu. On sait toutefois que cette maladie a pour origine un dérèglement hormonal lié aux cycles des chaleurs. On sait également qu’il existe plusieurs facteurs favorisant l’apparition de cette maladie.
Les chaleurs de la chienne
Lors des chaleurs, les hormones (œstrogènes et progestérones) provoquent des modifications de l’utérus. Cela entraîne notamment une augmentation des sécrétions utérines de mucus qui viennent alors s’accumuler dans l’utérus de la chienne. Cette accumulation a pour conséquences :
- de dilater de manière exagérée l’utérus,
- de mettre en place un milieu favorable au développement des bactéries conduisant à des infections bactériennes et à l’apparition de pus.
Bon à savoir: Durant les chaleurs, le col de l’utérus est ouvert, ce qui favorise également la remontée des bactéries depuis le vagin.
L’âge et statut de stérilisation
Le risque de pyomètre augmente avec l’âge, et les chiennes plus âgées( plus de 7 ans), en particulier celles qui n’ont pas été stérilisées (ovariohystérectomie), sont plus susceptibles de développer un pyomètre. La stérilisation réduit considérablement le risque de cette condition.
Les facteurs génétiques
Certains facteurs génétiques peuvent prédisposer certaines races de chiennes à un risque accru de pyomètre. Par exemple, certaines races de chiennes de petite taille, comme le Bouledogue Français, semblent être plus prédisposées.
Les traitements hormonaux passés
En effet, une chienne qui a subi des traitements hormonaux (avortements, traitement préventif ou suppressif des chaleurs) est davantage prédisposée à déclarer cette maladie. Ces traitements peuvent être à l’origine du dérèglement hormonal favorisant la maladie.
Attention! Les progestatifs ou pilules pour chienne ont un effet identique : elles favorisent la production d’un liquide très favorable aux infections bactérienne et à l’apparition d’un pyomètre.
Les conditions préexistantes
Des problèmes de santé sous-jacents tels que des kystes ovariens ou des tumeurs ovariennes peuvent augmenter le risque de développer un pyomètre.
symptômes
Il existe deux types de pyomètres, tous deux peuvent se déclencher de trois à huit semaines après les chaleurs de la chienne, mais ils ont chacun leurs propres symptômes qui se manifestent de manière différente :
- Le pyomètre à col ouvert
Le pyomètre à col ouvert touche la majorité des chiennes atteintes de cette maladie.
Dans ce cas, le col de l’utérus sera ouvert, des écoulements de pus d’un blanc laiteux à un brun verdâtre parfois accompagné de sang, pourront être constatés : de ce fait, on peut facilement les confondre avec les pertes qui peuvent naturellement se produire pendant les chaleurs d’une chienne.
Il faudra donc être vigilant, bien vérifier la couleur des écoulements et faire le rapprochement par rapport à la date de commencement des chaleurs de la chienne. C’est dans ce cas que l’infection est appelée pyomètre.
- Le pyomètre à col fermé
Le pyomètre à col fermé concerne 35 % des chiennes atteintes de cette maladie.
L’infection est ici, beaucoup plus difficile à détecter, car aucun écoulement ne pourra être constaté. D’autres symptômes, présents également pour le pyomètre à col ouvert, pourront être notés, mais ils seront moins évidents que des écoulements, il faudra donc être d’autant plus attentif.
La chienne sera très fatiguée et quasiment amorphe, elle mangera très peu. En revanche elle s’hydratera et urinera beaucoup. On pourra constater une vulve rouge et gonflée, comme dans une période de chaleur, et parfois un gonflement de l’abdomen. Tous ces symptômes peuvent, dans certains cas, être accompagnés de vomissements et de diarrhées, ainsi que de fièvre.
Une augmentation de la consommation d’eau et de la miction est un symptôme à la fois du pyomètre ouvert et du pyomètre fermé, car le corps essaie d’évacuer les toxines libérées par l’infection bactérienne.
Attention! Si votre chienne présente un abattement, boit plus et se lèche la vulve un à deux mois après ses chaleurs, n’hésitez pas à la montrer à votre vétérinaire : de la précocité du diagnostic dépend le pronostic de l’affection.
Les complications possibles d’un pyomètre chez la chienne
Les bactéries et leurs toxines gagnent parfois le sang (endotoxémie, septicémie), envahissent l’organisme, provoquent un état de choc et attaquent d’autres organes comme le cœur ou le foie.
De plus, une insuffisance rénale peut se développer. Un dysfonctionnement des reins engendre de la polyurie-polydipsie chez 28% des chiennes ayant un pyomètre. Cela signifie qu’elles boivent et urinent de manière excessive.
L’anémie (une chute des globules rouges) est également une complication fréquente. Il arrive aussi qu’on observe des troubles de la coagulation (CIVD), mais c’est plus rare. Cela engendre des saignements et des caillots.
Pour terminer, en cas de pyomètre à col fermé, l’utérus peut finir par se rompre et le pus passe alors dans l’abdomen. C’est une complication extrêmement grave qui entraîne rapidement une péritonite (une inflammation de l’enveloppe qui tapisse la cavité abdominale) et un choc septique.
Diagnostic
Le diagnostic du pyomètre chez une chienne repose sur une combinaison d’éléments cliniques, d’examens physiques, de tests sanguins et, dans certains cas, d’examens d’imagerie médicale.
Voici les étapes typiques du diagnostic du pyomètre chez une chienne :
- Examen clinique : Le vétérinaire commencera par effectuer un examen clinique complet de la chienne, au cours duquel il recherchera des signes cliniques tels qu’une augmentation de la soif et de la miction, de la léthargie, une perte d’appétit, un écoulement vaginal, un gonflement abdominal, et d’autres symptômes possibles.
- Antécédents médicaux : Le vétérinaire vous posera des questions sur les antécédents médicaux de la chienne, notamment son cycle de chaleur et tout changement de comportement ou de santé récent.
- Tests sanguins : Des tests sanguins, tels que l’hématologie et la biochimie sanguine, peuvent être effectués pour évaluer les taux de globules blancs (qui peuvent être élevés en cas d’infection) et d’autres paramètres sanguins qui pourraient indiquer une inflammation ou une infection.
- Échographie abdominale : qui est souvent utilisée pour visualiser l’utérus et déterminer s’il est dilaté et contient du pus. Cela peut aider à confirmer le diagnostic de pyomètre.
- Radiographies abdominales : Dans certains cas, des radiographies abdominales peuvent être effectuées pour évaluer la taille et la forme de l’utérus.
- Analyse de l’écoulement vaginal : Un échantillon de l’écoulement vaginal de la chienne peut être prélevé et examiné pour déterminer la présence de bactéries et de pus.
Options de traitement
Il existe deux traitements pour le pyomètre : le traitement chirurgical et le traitement médical.
Traitement chirurgical
Dans ce cas, l’utérus et les ovaires sont retirés : une procédure appelée ovariohystérectomie (stérilisation). Cette procédure est plus complexe que la stérilisation d’une chienne en bonne santé, car dans la plupart des cas, l’infection a déjà considérablement affaibli la chienne. Des antibiotiques et des fluides intraveineux sont également administrés à la chienne dans le cadre de cette méthode.
Bon à savoir: La stérilisation des chiennes qui ne font pas partie d’un élevage est une solution de bientraitance médicale et comportementale : elle évite l’apparition des affections telles que le pyomètre et également des tumeurs mammaires.
Traitement médical
En général, les propriétaires qui utilisent leur chien pour la reproduction peuvent opter pour cette méthode, car elle n’implique pas la stérilisation de l’animal.
Dans ce traitement, le chien reçoit des hormones, appelées prostaglandines, groupe d’hormones qui abaissent le taux sanguin de progestérone, détendent et ouvrent le col de l’utérus et provoquent des contractions de l’utérus, ce qui permet d’expulser les bactéries et le pus.
Le traitement médical du pyomètre comporte de nombreux risques et son efficacité n’est pas garantie.
Pour un pyomètre ouvert, le taux de réussite est de 75 à 90 %, mais pour un pyomètre fermé, le taux de réussite se situe entre 25 et 40 %.
En plus, le risque de réapparition du pyomètre avec ce traitement est élevé (environ 50 à 75 %). En outre, les chances de reproduction du chien après sa guérison sont réduites à 50-75 %.
Pronostic
Le pronostic dépend de la gravité du pyomètre et de la rapidité avec laquelle il est diagnostiqué et traité. Dans les cas graves, le pyomètre peut être mortel. Cependant, avec un traitement rapide et approprié, de nombreuses chiennes se rétablissent complètement.
Prévention
La prévention du pyomètre chez la chienne repose principalement sur la stérilisation précoce, car c’est le moyen le plus efficace de réduire considérablement le risque de développer cette condition.
Voici comment vous pouvez prévenir le pyomètre chez la chienne :
- Stérilisation précoce : La stérilisation, également appelée ovariohystérectomie, consiste à retirer les ovaires et l’utérus de la chienne. Si votre chienne n’est pas destinée à la reproduction, la stérilisation précoce, avant qu’elle n’ait ses premières chaleurs, est fortement recommandée.
- Stérilisation après la reproduction : Si vous prévoyez de faire reproduire votre chienne, il est important de discuter de la planification de la stérilisation avec votre vétérinaire. Après la fin de la reproduction, envisagez de stériliser votre chienne pour prévenir le pyomètre.
- Suivi médical régulier : Emmenez régulièrement votre chienne chez le vétérinaire pour des examens de santé, des vaccinations et des soins préventifs. Le suivi médical peut permettre de détecter précocement toute anomalie ou signe de maladie.
- Gestion de la santé reproductive : Si vous décidez de ne pas stériliser votre chienne et de la faire reproduire, assurez-vous de bien gérer sa santé reproductive. Discutez avec votre vétérinaire de la meilleure façon de gérer les chaleurs de votre chienne et de la surveillance nécessaire pour détecter tout signe d’infection ou de pyomètre.
- Connaissance des symptômes : Soyez conscient des symptômes du pyomètre, tels que l’augmentation de la soif, la léthargie, la perte d’appétit et tout signe d’infection. Si vous remarquez ces symptômes, consultez immédiatement un vétérinaire.
Références
https://chien.ooreka.fr/astuce/voir/554069/pyometre-chez-la-chienne
https://www.vetostore.com/nos-conseils/qu-est-ce-que-le-pyometre-chez-la-chienne.html
https://www.bluecross.org.uk/advice/dog/health-and-injuries/pyometra-in-dogs