Le syndrome de Wobbler, ou spondylomyélopathie cervicale (CSM), est une maladie qui affecte la colonne vertébrale des chiens de grande taille, et qui provoque des troubles de la coordination et de la marche. Il s’agit d’une affection grave, qui peut entraîner une paralysie ou la mort du chien si elle n’est pas traitée à temps.
Dans cet article, nous allons vous présenter les causes, les symptômes, le diagnostic, le traitement et le pronostic du syndrome de Wobbler chez le chien. Nous allons également vous donner des conseils pour prévenir cette maladie et améliorer la qualité de vie de votre compagnon à quatre pattes.
Syndrome de Wobbler chez le chien: 8 points à retenir
Qu’est-ce qu’on entend par syndrome de Wobbler chez le chien ?
Le syndrome de Wobbler chez le chien correspond à une spondylomyélopathie cervicale. Il s’agit d’une affection causant une compression de la moelle épinière au niveau des vertèbres cervicales chez le chien.
Le canal vertébral cervical est obstrué par une sténose, c’est-à-dire un rétrécissement anormal. La compression de la moelle épinière entraîne une dégénérescence progressive des fibres nerveuses, qui affecte les fonctions motrices et sensitives du chien.
Le terme « Wobbler » signifie « chancelant » en anglais, et fait référence à la démarche instable et raide des chiens atteints.
Un bref rappel pour mieux se situer
Le syndrome de Wobbler est une maladie de la colonne vertébrale du chien, qui touche la région cervicale (cou).
- Les vertèbres cervicales sont reliées par des disques et des ligaments, et entourent la moelle épinière, qui est le prolongement du cerveau.
- La moelle épinière transmet les informations nerveuses entre le cerveau et le corps
- Les racines nerveuses sont des branches de la moelle épinière, qui sortent du canal vertébral et se divisent en nerfs périphériques.
Quelles sont les causes du syndrome de Wobbler ?
Les causes du syndrome de Wobbler chez le chien sont encore mal connues, mais il existe plusieurs hypothèses qui tentent de les expliquer.
Génétique
Certaines races de chiens, en particulier les grandes races comme :
- les Dogues Allemands
- les Dobermans, semblent être plus prédisposées au syndrome de Wobbler.
Cela suggère une composante génétique dans le développement de la maladie.
Nutrition
Une alimentation déséquilibrée ou une suralimentation pendant la croissance rapide des chiots de grandes races peut contribuer à des anomalies du développement des vertèbres cervicales.
Hormones
Des déséquilibres hormonaux peuvent affecter la croissance et le développement des os et des articulations, ce qui pourrait jouer un rôle dans l’apparition du syndrome de Wobbler.
Stress mécanique
Les chiens de grande taille subissent un stress mécanique plus important sur leur colonne vertébrale en raison de leur taille et de leur poids. Ce stress peut entraîner une usure prématurée des vertèbres cervicales et une instabilité articulaire.
Ces facteurs favoriseraient la malformation ou l’instabilité des vertèbres cervicales, qui compriment la moelle épinière et causent les troubles nerveux et musculaires.
Syndrome de wobbler chez le chien : deux formes
Il existe deux formes du syndrome de wobbler, selon la race et l’âge du chien :
La forme qui touche le Dogue allemand
Elle est due à une anomalie et/ou une instabilité des articulations entre les vertèbres, qui entraînent un déplacement ou une déformation des os vertébraux. Le canal vertébral se rétrécit et comprime la moelle épinière.
Cette forme apparaît chez les chiots entre 3 et 12 mois.
La forme qui touche le Doberman
Elle est due à une instabilité des disques intervertébraux, qui entraîne une augmentation de volume des ligaments et des membranes qui entourent les vertèbres. La moelle épinière est comprimée par ces structures.
Cette forme apparaît chez les chiens adultes, vers 5 à 9 ans, avec une prédominance chez les mâles.
Comment se manifeste le syndrome de Wobbler ?
Les symptômes du syndrome de Wobbler chez le chien sont des troubles de la coordination et de la marche, causés par une compression de la moelle épinière au niveau du cou.
Selon la gravité et la localisation de la compression, les symptômes peuvent varier, mais ils se caractérisent généralement par :
- Une démarche chancelante, instable, raide ou en petits pas, surtout au niveau des membres postérieurs.
- Une faiblesse, une ataxie (perte d’équilibre) ou une paralysie partielle ou totale des quatre pattes.
- Une douleur, une raideur ou une sensibilité au niveau du cou, qui peut entraîner un port de tête bas ou une difficulté à se lever ou à se coucher.
- Une perte de masse musculaire au niveau des épaules et des membres antérieurs.
- Une fatigue, une léthargie ou une dépression.
Comment diagnostiquer le syndrome de wobbler ?
Pour diagnostiquer le syndrome de Wobbler, il faut faire appel à un vétérinaire qui pourra réaliser plusieurs examens.
Des radiographies
Elles permettent de visualiser les anomalies des vertèbres cervicales et de détecter une éventuelle compression de la moelle épinière.
Une myélographie
Cela consiste à injecter un produit de contraste dans l’espace péri médullaire (autour de la moelle épinière) et à prendre des radiographies. Cet examen permet de mieux voir la moelle épinière et les nerfs qui en sortent, ainsi que le degré et la localisation de la compression.
Un scanner ou une IRM
Ce sont des techniques d’imagerie médicale plus précises et plus détaillées que les radiographies. Ils permettent de voir les structures osseuses, cartilagineuses, ligamentaires et nerveuses du cou, ainsi que l’étendue des lésions de la moelle épinière.
Comment traiter le syndrome de wobbler ?
Il existe deux options principales de traitement : le traitement médical et le traitement chirurgical.
Traitement médical
Le traitement médical consiste :
- À administrer des anti-inflammatoires, des analgésiques, des relaxants musculaires et des vitamines au chien,
- Ainsi qu’à lui imposer un repos strict et le port d’une minerve.
Ce traitement vise à soulager la douleur et l’inflammation du cou, ainsi qu’à prévenir l’aggravation de la compression de la moelle épinière. Le traitement médical peut être efficace chez certains chiens, mais il ne résout pas la cause du problème et il peut avoir des effets secondaires.
Une étude publiée dans le Journal of Small Animal Practice en 2018 a évalué l’efficacité d’un traitement médical à base de corticoïdes et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez des chiens atteints de syndrome de Wobbler.
Les résultats ont montré que le traitement médical pouvait être une alternative à la chirurgie chez certains chiens présentant une compression médullaire modérée et une douleur cervicale légère à modérée.
Traitement chirurgical
Le traitement chirurgical vise à décomprimer la moelle épinière et à stabiliser les vertèbres cervicales par différentes techniques, comme :
- La ventroplastie (consiste à retirer les excès de graisse et de peau au niveau de l’abdomen, et à renforcer les muscles de la paroi abdominale),
- La laminectomie (consiste à enlever une partie de l’os vertébral appelée lame vertébrale, afin de libérer le canal rachidien)
- Ou la fusion vertébrale (consiste à relier entre elles deux vertèbres ou plus, afin de les empêcher de bouger indépendamment l’une de l’autre).
Ce traitement permet de réduire la pression sur la moelle épinière et d’améliorer les fonctions nerveuses et musculaires du chien. Le traitement chirurgical offre de meilleurs résultats que le traitement médical, mais il comporte aussi plus de risques et de complications.
Une étude publiée en 2021 a comparé les résultats cliniques et radiographiques de deux techniques chirurgicales pour le traitement du syndrome de Wobbler chez le Dogue allemand : la distraction-fusion ventrale et la distraction-fusion dorsale.
Les auteurs ont constaté que les deux techniques étaient comparables en termes d’efficacité et de complications, mais que la distraction-fusion dorsale était plus simple à réaliser et moins invasive.
Traitement en cours d’étude
Une étude publiée en 2020 a évalué l’effet d’un traitement à base de cellules souches mésenchymateuses allogéniques chez des chiens atteints de syndrome de Wobbler.
Les résultats ont montré que le traitement était sûr et bien toléré, et qu’il améliorait significativement les scores cliniques et neurologiques des chiens, ainsi que leur qualité de vie.
Syndrome de wobbler : le pronostic
Le pronostic du syndrome de Wobbler chez le chien est variable et dépend de plusieurs facteurs, comme le stade d’évolution de la maladie, le type et le résultat du traitement, ainsi que la réaction individuelle du chien.
- En général, le traitement chirurgical offre de meilleurs résultats que le traitement médical, mais il comporte aussi plus de risques et de complications.
- La guérison complète est rarement obtenue, mais une amélioration significative peut être observée chez la plupart des chiens traités.
- Le pronostic est plus réservé pour les chiens qui sont gravement touchés au point de ne pas pouvoir se tenir debout ou marcher, même avec une intervention chirurgicale
- Il est également plus sombre pour les chiens qui présentent une compression importante de la moelle épinière ou des lésions nerveuses irréversibles
- Le pronostic peut aussi être influencé par la race, l’âge et l‘état général du chien
Syndrome de Wobbler chez le chien : nos conseils vétérinaires pour sa prévention
Il n’existe pas de prévention spécifique pour le syndrome de Wobbler, car il est surtout lié à des facteurs génétiques.
Cependant, il existe quelques mesures qui peuvent aider à réduire le risque ou à retarder l’apparition de la maladie :
- Éviter la suralimentation et l’obésité chez le chien, car cela peut favoriser le développement des malformations vertébrales et augmenter la pression sur la colonne vertébrale.
- Fournir une alimentation équilibrée et adaptée à la race, à l’âge et au poids du chien, en évitant les excès de calcium, de phosphore et de protéines, qui peuvent perturber la croissance osseuse.
- Contrôler le niveau d’activité physique du chien, en évitant les exercices trop intenses ou trop brusques, qui peuvent causer des traumatismes ou des blessures au niveau du cou.
- Surélever les gamelles de nourriture et d’eau du chien, pour qu’il puisse manger et boire sans étirer son cou.
- Consulter régulièrement le vétérinaire pour un suivi médical du chien, en particulier s’il présente des signes de douleur ou de faiblesse au niveau du cou ou des pattes.
- Éviter la reproduction des chiens atteints du syndrome de Wobbler ou porteurs des gènes responsables, pour limiter la transmission de la maladie.
Une étude publiée en 2019 a examiné les facteurs de risque génétiques et environnementaux associés au syndrome de Wobbler chez le Dobermann. Les auteurs ont identifié plusieurs variants génétiques liés à la maladie, ainsi que des facteurs environnementaux tels que
- la taille,
- le poids,
- la nutrition
- et l’exercice.
Ils ont suggéré que le syndrome de Wobbler pourrait être évité ou retardé par une sélection génétique et un contrôle environnemental appropriés.