Le syndrome métabolique équin est une pathologie relative au diabète de type 2 chez les humains. Il se traduit par de la résistance à l’insuline (hormone responsable de la diminution du taux de glucose dans le sang).
Le syndrome métabolique équin est caractérisé par l’incapacité de l’organisme du cheval à métaboliser les glucides alimentaires.
L’obésité est le principal facteur de risque du syndrome métabolique équin.
Et la fourbure chronique est la plus grave complication du syndrome métabolique équin.
La meilleure solution pour cette pathologie est la prévention car aucun traitement spécifique n’éprouve son efficacité absolue actuellement.
Cet article a pour but la bonne compréhension du syndrome métabolique équin.
Qu’est-ce qu’on entend par syndrome métabolique équin ?
Le syndrome métabolique équin est un trouble du métabolisme chez le cheval se caractérisant par de l’insulino-résistance (les tissus cibles ne sont plus sensibles à l’insuline).
C’est-à-dire, l’insuline n’arrive plus à accomplir son rôle qui est d’assurer la distribution des molécules de glucose du sang vers les différents tissus et organes de l’organisme.
Le syndrome métabolique équin prédispose surtout les chevaux âgés de 5 à 16 ans. Toutes les races sont concernées, mais les races rustiques comme Shetland, Haflinger, Fjord, Quarter Horse, les races ibériques, …, et les poneys sont plus à risque.
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Un petit rappel physiologique pour mieux saisir le syndrome métabolique équin
Parlons un peu du sort des glucides dans l’organisme du cheval.
- Arrivés dans le tube digestif du cheval, les glucides seront fragmentés en plusieurs molécules de glucose. Puis les glucoses seront absorbés dans le sang.
- Arrivés dans le sang, les glucoses doivent normalement être transportés vers les différents tissus et organes du cheval pour y être utilisés ou stockés afin de garder le taux de glucose sanguin normal.
- ll est à noter que le glucose sert de source énergétique principale pour l’organisme du cheval. Il est aussi indispensable dans le maintien de l’hydratation cellulaire. Et stockés sous forme de glycogène dans les muscles et dans le foie, les glucoses servent de réserve énergétique pour le cheval.
Et c’est l’insuline qui est responsable de la stimulation de cette distribution des glucoses du sang vers les tissus et organes ; surtout les glucoses qui doivent être stockés.
L’insuline est normalement sécrétée par le pancréas en fonction de la quantité de glucose dans le sang.
De l’état physiologique normal au syndrome métabolique équin ?
Pour simplifier, lors du syndrome métabolique équin, tous les tissus et organes seront insensibles à l’insuline. Donc, les glucoses dans le sang vont y rester.
Par conséquent, il y aura augmentation de la sécrétion d’insuline dans le but de faire baisser le taux de glucose dans le sang.
Cependant, l’insuline n’aura aucun impact sur la glycémie (taux de glucose dans le sang). Il y aura ainsi accumulation d’insuline dans le sang.
Quelles sont les causes possibles du syndrome métabolique équin ?
L’apparition du syndrome métabolique équin dépend surtout du régime alimentaire du cheval, de son état corporel et des exercices qu’il pratique.
L’obésité :
- Les chevaux obèses sont fortement prédisposés au syndrome métabolique équin vu qu’ils sont très probablement sujets à l’hyperglycémie.
- Cependant, les chevaux maigres peuvent aussi être touchés par le syndrome métabolique équin.
L’alimentation :
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Trop riche en glucides comme les mélasses, les céréales, les herbes jeunes et luxuriants
Ce régime alimentaire favorise aussi l’hyperglycémie.
Prédisposition génétique :
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- Les races rustiques qui possèdent des gènes « économes » favorisant la sécrétion d’insuline sont plus risquées d’être atteintes du syndrome métabolique équin par rapport aux autres.
- Les poneys aussi sont sujets à cette pathologie car ils ne pratiquent pas assez de sport.
L’insuffisance d’exercice
La manque d’exercice favorise le risque d’obésité, ainsi le risque de la mauvaise utilisation des éléments nutritifs, y compris le glucose.
Mécanisme qui mène de la résistance à l’insuline et de l’hyperinsulinémie au syndrome métabolique équin
A la vasoconstriction
- L’insuline n’est pas seulement hypoglycémiante (qui diminue la glycémie), elle assure aussi une vasoconstriction (restriction des vaisseaux sanguins).
- La vasoconstriction s’accompagne toujours de l’hypertension artérielle.
- La fourbure est la plus grave des conséquences de cette vasoconstriction suite à l’hyperinsulinémie.
Vers l’accumulation de graisse et la fonte musculaire
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La dégradation des dépôts de graisse et de protéines (constituants principaux des muscles) du corps du cheval dépend aussi de la quantité d’insuline sécrétée dans le sang.
- Le taux excessif d’insuline dans le sang est traduit par l’organisme comme un excès de glucose dans le sang.
- L’excès de glucose reflète la suffisance voire un excès de source énergétique pour l’organisme.
- Alors que la dégradation des dépôts graisseux et des réserves protéiques est faite pour compenser l’insuffisance de source énergétique pour le cheval.
- Les graisses vont ainsi s’accumuler de plus en plus; les réserves protéiques vont être favorisés, d’où la fonte musculaire.
A la boulimie
L’insuline favorise aussi la prise alimentaire, il y aura alors boulimie (augmentation de l’appétit).
Quels sont alors les signes cliniques du syndrome métabolique équin ?
Les symptômes du syndrome métabolique équin sont partagés avec le syndrome de Cushing car le syndrome de Cushing entraîne aussi une hyperinsulinémie. Sauf que dans le syndrome métabolique équin, on ne rencontre pas l’hirsutisme.
- Obésité :
Augmentation de la note d’état corporelle (supérieur à 6 sur 9)
- Augmentation de dépôts graisseux :
Surtout au niveau du cou et de la base de la queue, au niveau du fourreau chez les hongres et au niveau des glandes mammaires chez les juments.
- Augmentation du taux de leptine (substance produite par les tissus adipeux) dans le sang
- Hypertension artérielle
- Augmentation de la sécrétion des médiateurs de l’inflammation
- Augmentation de l’appétit
- Infertilité
- Trouble du cycle ovarien
- Fourbure chronique dans le cas grave
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Comment diagnostiquer le syndrome métabolique équin ?
Diagnostic clinique :
Les signes cliniques (cheval en surpoids, fourbure chronique), les examens physiques minutieux, les enquêtes diététiques mènent à la suspicion du syndrome métabolique équin.
Diagnostic de confirmation :
Tests pour confirmer la résistance à l’insuline
Administration orale de sirop de maïs à 0,15 à 0,45 ml/kg du poids vif du cheval
- Administré après 3 à 12h de jeun
- Prise de sang pour l’analyse 60 à 90 min après l’administration
- Insuline supérieure à 60 mU/L : anormale
Prise de sang sans administration de glucose après 6 à 8 h de jeun :
Insuline supérieure à 20 uU/mL : anormale
Jeun, puis donner au cheval 0,5 kg d’aliment à base de paille ajoutée de poudre de dextrose à raison de 1g/kg de paille.
- Prise de sang 2h après l’administration
- Insuline supérieure à 87 mU/L : anormale
Dosage de glucose dans le sang avant et après injection d’insuline:
Si la glycémie ne change pas après injection d’insuline, le cheval développe de l’insulino-résistance.
Pas d’augmentation excessive et/ou permanente de la glycémie, si non, forte suspicion de la maladie de Cushing.
Comment peut-on traiter le syndrome métabolique équine ?
Régime alimentaire adapté : pauvre en glucides
Exclusivement à base de foin à raison de 1,5% du poids du cheval au maximum, puis moins de 1,2% et moins de 1% .
Éviter de diminuer brusquement la quantité donnée pour prévenir une hyperlipidémie qui va engendrer une insulino-résistance secondaire.
Augmentation de l’exercice :
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- 5 sessions de 30 minutes d’exercices par semaines au minimum
- Sauf si fourbure déjà installée
Le cas échéant, on doit d’abord traiter la fourbure.
L’installation de la fourbure empêche les exercices, retardant ainsi la perte de poids, donc la guérison.
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Pour le cheval maigre,
On lui donne des aliments permettant de lui fournir les calories qu’il a besoin :
- Fourrages grossiers et des graisses
- Pulpe de betterave sans mélasses
- Supplément faible en glucide et riche en graisse
Metformine :
- Diminue le glucose et l’insuline post prandiaux
- A raison de 30 mg/kg par voie orale 2 à 3 fois par jour ; 30 minutes avant repas avec surveillance de la glycémie
- En cas d’hypoglycémie, on doit arrêter le traitement et reprendre quand la glycémie normale est établie
Thyroxine sous forme de lévothyroxine sodique à administration par voie orale
- Favorise la perte de poids
- Augmente la sensibilité à l’insuline
- Pour un cheval de plus de 350 kg : 48 mg/jour
- Petit cheval ou poney : 24 mg/jour
- Pendant 3 à 6 mois
- L’arrêt du traitement doit se faire lentement pendant 3 à 4 semaines
Il est à noter que le traitement médicamenteux doit toujours être accompagné des mesures diététiques pour obtenir de bons résultats.
Quelles sont les mesures de préventions possibles ?
Les plus importantes mesures de prévention à prendre sont :
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- Contrôle du poids du cheval
- Alimentation raisonnée
- Exercices bien organisés
- Contrôle régulier de la santé du cheval pour la détection précoce des symptômes
Bref, le syndrome métabolique équin est grave en cas de complication. Et le traitement devient de plus en plus difficile quand la fourbure est installée.
Malgré la possibilité de traitement, la prévention reste la meilleure solution du syndrome métabolique équin. La principale prévention à faire est la surveillance du poids du cheval.
On doit surveiller fréquemment la santé du cheval pour diagnostiquer le plus tôt possible le syndrome métabolique équin et pour mettre en place immédiatement la prise en charge.
Références
Maladie de cushing chez le cheval : tout savoir
MSD Manual Veterinary